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Avec l’album collaboratif 40, TAUR signe un cadavre exquis musical (et c’est brillant)

3 mois de travail. 56 artistes et ingénieurs du son. 18 morceaux. Pendant la quarantaine, TAUR a fait le pari du collectif. L’artiste rennais imagine avec son projet 40, un album caritatif, sans hiérarchie et dont il est le seul chef d’orchestre.

Tout part d’un simple post sur Facebook. Un appel à créer collectivement alors que les projets de chacun tombent à l’eau. TAUR (aka Mathieu Artu) qui est déjà largement plébiscité par son milieu reçoit beaucoup de propositions. Nous l’avions d’ailleurs rencontré pour un épisode de POP Talk. L’artiste a jusqu’ici signé des productions électro-pop exigeantes et posé sur ses titres une voix singulière, parfois comparée à celle de Chet Faker. Le jeune artiste décide de ne pas opérer de sélection. 40 artistes s’allient pour signer ce disque confiné. S’il coordonne l’ensemble, il refuse d’être un meneur. Et – heureux hasard ? osmose inattendue ? – il en résulte un album aussi cohérent que pluriel.

En voici le teaser :

Set à la maison

Quelques tableaux Excel, des allers-retours de pistes son et un premier tri : nos artistes sont lancés. Home studio ou enregistrement à l’iPhone, batterie ou coups de cuillère sur un bol, l’hétérogénéité n’est pas un problème. Longtemps, TAUR fait le choix d’anonymiser les pistes. Si tous ceux qui reportaient les featurings pour des questions d’agenda collaborent enfin, c’est dans l’aveuglement le plus total. Les artistes partent d’un tempo, envoient les pistes à TAUR qui les redistribue.

“J’ai dirigé mais j’ai été très peu directif (…) Mais les artistes entre eux avaient quand même beaucoup d’atomes crochus”

MATHIEU ARTU (TAUR)

Mathieu Artu arrange la redistribution dans une double logique de cohérence artistique et de diversification. Il pousse les musiciens à se réinventer tout en concrétisant des évidences sans égard pour la notoriété. Une fois que les pistes forment des ensembles exploitables, TAUR fait tomber les masques. Chaque musicien découvre ses pairs. S’entreprend une étape de finalisation : les musiciens peaufinent les titres de leur choix alors que les chanteurs posent les voix, les paroles sur les productions qui leur correspondent. Les ingénieurs du son harmonisent ensuite le tout, Marie Pieprzownik (TransLab) se charge de la masterisation de l’album. En découle un cadavre exquis musical dont la cohérence est frappante.

Une fresque collective sans hierarchie

Si 40 est l’opportunité pour les artistes émergents d’être tirés vers le haut, c’est avant tout un projet horizontal. Ainsi, on trouve dans l’album Naive New Beaters, Malik Djoudi, Canine, Inüit, Alex Gopher, TAUR, Clou, Ana Zimmer, Praa, BLOWSOM, Jonathan Kapela, Degree, LAAKE, Bamin, JOKO, Jabberwocky, Tallisker, Temple Kid, Leofiftyfive, DiegoChappedelaine, Timsters, Arno Monni, Sebastien Benoits, William Robertson, Roméo Thiebaut, Douglas Phantasm, LUCASV, Ambre Tholance, Pierrick Devin, Lonely In The Rain, Thomas Rasoanaivo, Wetrust, Bertrand Poncet, Eric Poncet, Simon Lescure, Felix Lejeune, Gianni Messia, Matthieu Seignez, Molpé, Clément Roussel, Mourir En Août et YARHN.

“Ça me permet de donner un peu de valeur à un de mes combats : la question de la hiérarchie dans la musique. Je la trouve trop présente et elle empêche les petits artistes de parler ou collaborer avec les plus grands. 40 a justement permis de mettre tout à plat. Vu que le projet a été basé sur l’anonymat pendant la création, on était tous au même niveau.”

MATHIEU ARTU (TAUR)

En 3 mois, le projet passe de 120 à 18 pistes mais aucun artiste ne passe à la corbeille. Le plaidoyer de TAUR pour l’horizontalité dans le monde de la musique a trouvé sa note d’intention. L’identité d’un artiste ne se saisit pas avec un nombre d’abonnés et il n’est pas question ici de remplir des salles.

Un projet caritatif

L’artiste est très clair sur ce point : il n’y aura pas de concert pour 40. Le projet se fera ensemble ou ne se fera pas. Il en va de même pour les clips : TAUR ne veut pas retenir un morceau au détriment de l’ensemble. Retirer le pluriel du projet serait une faute. A situation inédite, projet inédit. Si TAUR a réparti la parole, c’est pour la bonne cause : la totalité des droits est reversées à la fondation Hôpitaux de Paris – Hôpitaux de France.

“J’ai trouvé assez beau de se dire que c’était vraiment juste pour ce moment-là et que ça allait marquer cette période particulière pour tout le monde”

MATHIEU ARTU (TAUR)

Néanmoins, les jolies rencontres de cet album ne se sont pas faites en vain. La preuve : Temple Kid et Lonely in the rain ont collaboré sur le titre Miracle par la suite.

Les belles surprises sont encore à venir. TAUR a lui-même laissé entendre qu’il était désormais plus ouvert aux collaborations. Son premier album devrait sortir à la rentrée. En attendant, retrouvez 40, sur Apple Music, Spotify et Deezer.

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Mathis Grosos.