Les clips de la semaine, pour être un vrai Foreigner
- 15.5.2021
Avec La Femme, Tim Dup, Tapeworms ou bien encore The Goon Sax, les clips de la semaine feront de vous un vrai Foreigner
Tapeworms – Magic Pierrot
On ne serait pas étonné si on découvrait que les placards des Tapeworms sont remplis de paquets de madeleines de Proust. Fidèle à la débrouille, aux esthétiques hautes en couleurs et à ces sonorités qui semblent sortir de la vieille console de jeux que vous avez retrouvé dans votre placard dans un élan de nostalgie, le trio Lillois révèle le clip de Magic Pierrot, petite pépite oscillant entre shoegaze et hyperpop. Une exclusivité de la version japonaise de leur excellent Funtastic, qui débarque maintenant dans nos playlists hexagonales. Tellement doux et sucré qu’on en aurait des caries.
Lujipeka ft. Spri Noir – Putain d’Époque
Attendre son bus trop longtemps risque de faire de vous un boomer. Lujipeka – échappé du collectif rennais Columbine, qui a longtemps rythmé mon existence de jeune breton – et S.pri Noir en font l’amère expérience dans le clip de Putain d’Époque, réalisé par Manu Obadia-Wills. Instru entraînante et punchlines d’un cynisme à faire rire jaune, les deux rappeurs, grandes promesses du paysage francophone, dépeignent une époque qui part tellement dans le n’importe quoi que même les millenials ont droit de dire que c’était mieux avant. C’était mieux avant.
La Femme – Foreigner
Les membres de La Femme, que nous rencontrions il y a quelques semaines, ont tellement voyagé au fil de leur carrière qu’ils peuvent désormais arpenter Paris en véritables touristes, like a Foreigner. Sans doute l’un des morceaux les plus timbré de leur déjà très timbré Paradigmes, le groupe français se plaît à s’imaginer en boys-band complètement déluré, enfumant les appartements et se baladant en costumes aléatoires dans divers quartiers de la capitale. Les paroles défilant façon karaoké psychédélique font aussi leur petit effet.
The Goon Sax – In The Stone
Enfin. Trois ans après l’excellent We’re Not Talking, qui suivait l’encore plus excellent Up To Anything, The Goon Sax s’apprêtent à revenir avec Mirror II. Un troisième album à l’objectif assumé pour le jeune trio australien : ne plus être défini comme “le groupe de Louis, fils de Robert Forster des Go-Betweens”. Mission en passe d’être réussie avec In The Stone, premier extrait qui vient greffer à leur folk-pop plus-que-solaire des sonorités glam-rock. Un changement de cap que confirme ce clip à l’esthétique expérimentale et glitchée à souhait. Le 9 juillet 2021 est désormais le jour que j’attends le plus dans mon petit calendrier. Oui, plus que la réouverture des bars et des friperies.
Kimberose – Sober
Avec Out, sorti au mois de février, Kimberose livrait un magnifique album à l’allure d’hymne de la reconquête de soi. Trois mois plus tard, elle nous offre le clip de Sober, morceau plus flamboyant que jamais et réalisé par Clément Dezelus. On y voit un groupe de parole d’un genre nouveau et rythmé par la voix pleine d’espoir(s) de la soul woman, poussant ses suiveurs dans les champs de lavande afin de se laver de leurs addictions. Sober vous fera voir la vie en (Kimbe)rose.
Nelson Beer – Vesper
Nelson Beer et la technologie, c’est une histoire d’amour encore plus forte que celle entre Hervé et le football. Elle se ressent dans la musique du compositeur suisse, débordant de synthétiseurs glitchés et de plages ambiantes, mais aussi dans ses visuels, fruits d’un travail de recherche minutieux. Après avoir digitalisé l’océan dans In The Thunder, il fait appel à une intelligence artificielle chargée de lui confectionner des espaces clos de synthèse avec pour seule base des images trouvées par-ci, par-là sur Internet. Une saisissante expérience à 360°.
Nick Waterhouse – B. Santa Ana, 1986
Un mois après la sortie de son Promenade Blue, Nick Waterhouse poursuit son métissage entre le rock’n’roll et les Années Folles en présentant le clip de B. Santa Ana, 1986, entièrement réalisé à la façon d’un vieux cartoon par le très talentueux Daniel Bermudez. On y suit les péripéties d’un chien vivant sa vie de rockstar, dans une mise en images aussi vibrante que psychédélique pendant que rugissent en fond sonore les inflexions d’un clavier Wurlitzer. Comment dit-on déjà ? Délicieusement rétro ?
Pomme – À perte de vue
Engagée dans des causes aussi diverses et essentielles que l’égalité, l’inclusivité ou l’écologie, Pomme nous livre le poignant – et frigorifique – clip d’À perte de vue, ballade minimaliste mais lourde de sens, s’élevant contre le dramatique sort réservé aux cétacés. Dans ce long plan-séquence produit par Télescopes Films, on l’observe, couverte d’engelures, allongée à plat-ventre sur le cadavre d’un béluga. Une espèce, qui malgré la stabilisation de sa population à environ 100 000 individus, reste toujours sur le fil du rasoir face à la reprise de la chasse. Un beau clip au bel objectif : tous ses bénéfices seront reversés au Groupe de Recherche et d’Education sur les Mammifères Marins.
Tim Dup – Juste pour te plaire
Si Tim Dup a un crush sur vous, le clip de Juste pour te plaire, réalisé par Hugo Pillard, devrait vous faire réfléchir à deux fois avant de l’inviter à votre mariage, surtout en qualité de témoin. Il pourrait réduire grandement vos réserves de champagne, faire tomber votre pièce montée et tenir un discours un peu gênant, mais surtout vous faire comprendre que c’est lui qui devrait vous faire passer la bague au doigt. En fait, invitez Tim Dup à votre mariage, car, en plus d’avoir l’occasion d’être au premier rang d’un concert de sa synth-pop malicieuse, il vous empêchera peut-être de prendre la mauvaise décision. Et il mettra l’ambiance.
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Jules Vandale