Mille et une saveurs de clips de la semaine
Musique - 06.2.2021
Capture d’écran du clip de Priya Ragu, Chicken Lemon Rice
Alors que les restaurants sont fermés, nous vous proposons de déguster une sélection de clips de la semaine aux milles et unes saveurs. De Priya Ragu à Sinaïve, de Chet Faker à Nilüfer Yanya, de quoi rassasier vos oreilles avec bonheur
Priya Ragu – Chicken Lemon Rice
Dans un clip aux milles couleurs et à l’exubérance très Kollywoodienne, réalisé par Dumas Haddad, Priya Ragu nous révèle son secret pour passer des soirées aussi lit que possible. La jeune prodige Helvéto-Srilankaise, garante d’une pop ne gardant que le meilleur des deux cultures qui l’ont bercée, apprécie tout particulièrement déguster un bon poulet au citron. Si ça lui donne autant d’énergie, on adorerait avoir la recette ! Nous lui avions récemment posé quelques questions au sujet de son ascension aussi lumineuse que fulgurante.
Matthieu Des Longchamps – Là-Bas
Dans ces temps où l’on attend chaque semaine la chute de la guillotine gouvernementale qui contraindrait les français à ne pas pouvoir aller plus loin que le pas de leur porte, on rêve tous d’un “ailleurs”. Un “ailleurs” au loin, perdu en pleine nature, dans lequel nos soucis disparaissent, emportés par la pluie. Cet “ailleurs”, il se trouve là-bas, dans le dernier clip de Mathieu Des Longchamps. Le baroudeur/skateur/folkeux y dévoile une chaleureuse ode à la liberté, salvatrice en cette période grisâtre.
Nilüfer Yanya – Crash
Alors que Jimmy Fallon ne peut plus accueillir aucun invité musical pendant son Tonight Show, il leur laisse carte blanche pour pouvoir continuer ses interludes. C’est au tour de Nilüfer Yanya d’avoir sa capsule dans le célèbre talk-show. Quelques semaines après la sortie de son EP Feeling Lucky ?, la londonienne d’origine turque lève le voile sur une incroyable version du single Crash. Des images semblant sortir tout droit d’une version fantasmée des années 90, avec grain VHS et guitares pâteuses à la Nirvana. Et si la pandémie mettait fin aux performances uniformes des artistes sur un plateau télé ?
Katuchat – Home Is Not A Place
Vous cherchiez quelque chose à écouter lors d’une balade pluvieuse en voiture, en route vers l’inconnu ? Dirigez-vous vers Home Is Not a Place, dernière envolée mélancolique de Katuchat. Le beatmaker tourangeau s’est allié à la plume acérée du rappeur Chester Watson et aux incantations lunaires de Sølv pour façonner ce morceau à la limite de l’hypnagogie, avançant comme un funambule entre trap et chillwave. Un véritable anesthésiant.
Aries – Conversations
Vous aussi, vous ressentez un pincement au cœur quand vous voyez des gens s’amuser en soirée, avec assez de ballons tombant du plafond pour y plonger et des boules à facettes plus brillantes que l’avenir du secteur culturel en France ? La mise-en-images de Conversations, dernier single du Californien Aries, qui aime tordre les genres musicaux dans tous les sens pour en obtenir ce concentré de hip hop alternatif, est une piscine à débordement d’énergie. Ne cherchez plus la Fontaine de Jouvence, elle est juste en face de vos yeux.
S+C+A+R+R – I Had To Leave
Vous vous souvenez du #InMyFeelingsChallenge, ce jeu – un peu débile, il faut l’avouer – qui consistait à danser près de sa voiture (en mouvement, la voiture, sinon ça n’est pas drôle) et qui pullulait sur les internets à l’été 2018 ? S+C+A+R+R vient, avec son dernier clip I Had To Leave, d’écraser la concurrence en proposant sans doute le plus perturbant, et, soyons honnêtes, le plus réussi, exemple de cette pratique aujourd’hui disparue. Celui qui pose ses blessures de vie sur des nappes électroniques mieux que personne s’est à nouveau entouré du réalisateur Jack Antoine Charlot et du chorégraphe Nicolas Huchard pour cette épopée qui le voit marcher sans but sur une étendue encore plus blanche et dépourvue de vie qu’un désert de sel.
Taur – Holler
Talentueux poulain de notre écurie Pop Records, Taur s’est emparé des locaux de l’agence BETC qui rendraient jaloux le Centre Pompidou pour y enregistrer une live session de son dernier titre, Holler. Tels les yeux tourbillonnants de Kaa, nul moyen de résister à son groove spleenesquement lumineux. Trois ans après son premier EP, sa première aventure longue-durée ne devrait pas tarder à pointer le bout de son nez. On a hâte de pouvoir vous en dire plus !
Chet Faker – Get High
Loin de nous l’idée de faire la promotion de substances interdites par le gouvernement, mais si vous cherchiez un accompagnement musical à la consommation de ce que nos confrères de Konbini appellent des “sandwichs”, nous ne pouvons que vous conseiller l’écoute de Get High, dernière création de l’esprit fertile de Chet Faker. Mais pas sûr que cet addictif mélange de claviers Wurlitzer, de beats entraînants et d’images à l’inspiration Van Goghesque n’entre pas en contradiction avec la loi Évin. Un psyché-délice.
Metò – I Don’t Know
Nous vous parlions il y a quelques semaines de Groover Obsessions, initiative lancée par la plateforme Groover et visant à accompagner de jeunes pépites de façon à en faire les joyaux de demain. Parmi les bénéficiaires du programme, on retrouve le québécois Metò, dont la folk contemplative offre de délicieuses réminiscences de Bon Iver. Et ça n’est pas le sublime clip hivernal qui accompagne I Don’t Know, son dernier single, qui nous fera penser le contraire. Aussi brillant que des Metò précieux.
Barbara Pravi – Voilà
Suite à une sélection quelque peu chamboulée par vous-savez-quoi, on a enfin le nom de l’artiste qui représentera fièrement la France à l’Eurovision 2021, qui se tiendra en mai à Rotterdam. Ce sera donc Voilà, poignant texte teinté d’autobiographie de la jeune Barbara Pravi, biberonnée à Edith Piaf et Jacques Brel, qui se chargera d’essayer de remporter notre premier trophée dans la compétition-reine depuis… 1977. En espérant que celle qui se définit comme une “génératrice d’histoire de femmes” ne connaisse pas le même sort que les Twin Twin…
Sinaïve – Le Paradoxe Français
Suite au dernier clip de Sinaïve, tentons de trouver le Paradoxe Français. Est-ce fermer les lieux de culture(s) mais autoriser les rassemblements pour une séance dédicace avec Miss France ? Est-ce être mondialement connu comme l’un des plus beaux pays du globe mais aussi comme celui ayant la population la moins accueillante possible ? Ou est-ce tout simplement posséder l’une des scènes indépendantes les plus intéressantes de la planète sans qu’elle ne rayonne à l’étranger ? Quoiqu’il en soit, cette pépite kraut-shoegaze qu’est le dernier EP du quartet Strasbourgeois, sorti sur le label parisien Buddy Records, est bien trop précieuse pour être partagée à n’importe qui. “Strasbourg, Strasbourg, ville eurockéenne”.
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Jules Vandale