Transmusicales 2020 : Replongez dans les souvenirs IRL de festivaliers avant de retrouver une édition URL inédite
Musique - 02.12.2020
Comme bien des évènements culturels de cette année (enfin presque), le festival rennais a dû annuler sa 42ème rencontre pour céder à une édition en ligne. L’occasion pour nous de glaner les meilleures anecdotes de professionnels de la musique.
De ce mercredi 2 décembre au samedi 5 décembre, vous pouvez assister (gratuitement) en live streaming à une douzaine de concerts captés (sans public) au Trabendo à Paris et à l’UBU à Rennes. Retrouvez toutes les infos et la programmation des Rencontres Transmusicales heure par heure en ligne. Et RDV ce soir dès 20H sur france tv.
Une édition URL (et une annulation historique)
Après avoir survécu aux grèves générales et costaudes (en 1995 et 2019), le festival le plus emblématique de Rennes a donc lui aussi jeté l’éponge et s’est résolu à déployer une 42e édition URL et non plus IRL, pour la première fois de sa création.
Les concerts filmés seront diffusés en léger différé, grâce au soutien de ses fidèles partenaires (FIP, France TV, TVR, Youtube). En tout, ce seront 12 artistes à retrouver derrière son petit écran, les mêmes accompagnés à l’année par le festival – réalisant des résidences à la salle rennaise de l’UBU et participant à l’habituelle tournée des Trans du grand Ouest.
On ne saurait que trop vous recommander : l’electro polynésien de QuinzeQuinze, la techno marseillaise de Makoto San, le producteur d’afro-rap James BKS (qui n’est autre que le fiston du saxophoniste Manu Dibongo), l’étrange sorcier de la Rep. démocratique du Congo Lova Lova ou encore les deux nouvelles fiertés rennaises Gwendoline et Alvan.
“Cette année, on dû a faire au moins huit versions du festival au total.”
Et ce n’est pas faute d’avoir tout essayé comme le raconte son programmateur historique J.L. Brossard dans une interview pour france info, “Cette année, on dû a faire au moins huit versions du festival au total. A chaque fois, on espérait que la nouvelle version allait passer. Et en fin de compte, non. C’est comme ça, j’en ai pris mon parti, je commence déjà à travailler sur la programmation de l’an prochain.”
Si le co-fondateur du festival JL Brossard (relire notre interview de l’an passé) a prévu (comme à son habitude) de prendre la parole – face caméra – pour présenter les groupes programmés aux web-festivaliers, et garder ainsi ce lien si fort avec le public des Trans et les artistes… Il ne peut se résoudre pour autant à concevoir le livestream comme un concert en soi, comme il le confie dans la même interview :
“Le concert c’est radicalement différent. C’est quelque chose qui se vit. Regarder tout seul chez toi via ton écran un groupe qui dépote ou qui te donne envie de danser, ce n’est pas pareil que d’y être. C’est pourquoi je pense que le streaming de concerts ne remplacera jamais le live.”
“C’est mon souvenir le plus soft….”
Avant de suivre les concerts URL des TRANS 2020, on vous invite à vous replonger dans les souvenirs IRL de festivaliers & professionnels de la musique, histoire de s’enivrer des éditions passées et mieux préparer son foie aux futures rencontres…
“Mon (souvenir) le plus fort ca reste le concert des Bérus (1986). Les fans qui forcent les portes, le pogo immense, l’énergie dingue, les CRS qui balancent la lacrymo à la sortie, la course dans les rues avec les keupons… intense!
Et sinon le rendez-vous raté dont le souvenir me laisse inconsolable. J’étais étudiant à Rennes quand Nirvana (1991) est passé au moment où étaient calés des examens super importants pour moi. Je me suis persuadé que j’aurais l’occasion de les voir plus tard… Et en fait non. rien que de t’en reparler, ça me chavire!”
Arnaud Le Guilcher (écrivain, ex chef de Projet chez Universal, directeur Wagram Films)
“Toute ma famille est rennaise et je crois avoir pratiquement toujours connu les Trans. Mon oncle avait la meilleure radio pirate de Rennes Radio Congas. J’y croisai aux platines Etienne Daho. Niagara. Les Nus. Marquis de Sade… Cet esprit rock, cet esprit nuit est ancré dans la ville. Il est toujours resté et a toujours été transmis.
Je n’oublierai jamais cette édition 1994 et ce concert de Prodigy. C’était une véritable folie une rave géante de fêtards, de lovers, de rockers, de freaks, nuit démente absolument décadente . Vivement l’année prochaine et les galettes saucisses du petit matin.”
Chet Samoy (parolier, manager et DA)
“SBTRKT en 2011 ! Les gendarmes m’ont arrêté pour me faire souffler dans le ballon. J’avais 0,4 dans le sang et ils ont dû me laisser repartir… déçus !“
Marie Britsch (attachée de presse)
“Au moins deux énormes souvenirs. Nirvana en 1991 au Liberté (salle de concert rennaise) le temps de passer, en fin de concert, de la fosse au premier étage et le groupe avait tout détruit sur scène façon The Who batterie explosée, guitare fracassée … Joli final N’insistez pas pour le rappel.
Autre souvenir en 2003 avec le retour des Béruriers Noirs toujours au Liberté mais cette fois pour d’autres raisons. La salle prise d’assaut par une armée de punks à chiens, je pars pendant le live et me retrouve sur le boulevard au beau milieu d’un affrontement entre force de l’ordre et les punk à chiens qui n’ont pas eu accès à la salle. Grand moment de solitude en évitant les projectiles de chaque camp sous la lacrymo…”
Eric Marjault (Promotion Presse chez Wagram)
“STROMAE à l’Aire Libre (en 2010). Voir éclore un talent, dans une carrière d’attachée de presse, il n’y a rien de plus beau. Beaucoup de gens dans le métier, se questionnaient dans le choix de JL Brossard le programmateur, trouvant ça un peu déconnant de programmer 5 jours de suite Stromae. Pour son premier concert des Trans, il y avait un seul programmateur qui avait fait confiance à son booker Karim Merabet : c’était Joran Le Core pour le festival Panoramas (Morlaix). Et TOUT s’est emballé après le premier concert.
Je me rappelle aussi qu’Arno était venu accompagner Stromae en duo sur Putain putain. JL Brossard avait été touché par ce choix de reprise, car c’est un titre de TC MATIC à la base (le premier groupe d’Arno) et qu’il avait été lui-même programmé aux Trans (en 1986).”
Patricia Teglia (attachée de presse)
“Si j’ai un souvenir des Trans, c’est quand on a crée le label Cinq7 avec Alan Gac et Emmanuel Perrot en 2007. On avait repeint Rennes avec des affiches du label des 3 artistes programmées Calvin Harris, The Do et Les Vedettes. Quelle année… Je me rappelle aussi des maquettes qu’on envoyait à JL Brossard comme des colis suspects !!! Hâte de reprendre la guerre !”
Heni Jamet (Directeur des labels, Believe Group)
“En 1988, le concert des Sugarcubes (où Björk était chanteuse) : sa prestation sublime et envoûtante à la salle de la Cité, suivie plus tard dans la nuit d’une belle bagarre générale avec les Négresses Vertes ! En 1988 toujours : l’incroyable concert de Moondog avec l’improbable grève des musiciens de la région. J’ai même été DJ des Trans pour cette édition 88, les 10 ans !
En 1994, le concert incompris de Massive Attack que beaucoup appelaient Massive Arnaque ! Avec la même année Portishead : c’est l’explosion du trip-hop.”
Dominique Gau (Directeur général adjoint de Barclay, Universal)
LAST BUT NOT LEAST
“Ca devait être en 2005… Didier Wampas faisait beaucoup trop de bruit au bar des pro, avec sa mini estrade et son mini ampli (pour un showcase off des Trans). On l’a un peu malmené… On s’est jeté sur lui et on l’a pogoté pour qu’il arrête de chanter. C’était affreux. C’est mon souvenir le plus soft.”
Alice Caron (manageuse et productrice)
Et si vous avez pas mal de temps à tuer en confinement, on vous recommande chaudement le site Mémoire de Trans recensant tous les souvenirs et anecdotes des 41 éditions passées des Transmusicales. Longue vie aux Trans et à l’année prochaine !
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Abigaïl Ainouz