Avec Dancy Party, Lewis OfMan possède la solution à la grisaille actuelle
Musique - 12.3.2021
Avec son dernier EP Dancy Party, Lewis OfMan apporte le remède miracle à la grisaille qui se prolonge depuis un an. Une rencontre certified Dancy Boy mood avec le plus cool des confiseurs sonores français.
Il est environ quatorze heures quand LewisOfMan nous accueille – ou plutôt, accueille notre coup de téléphone, interview à distance oblige – dans son studio personnel.
“J’y vais quasiment tous les jours, c’est un peu comme mon bureau, mais c’est quand même beaucoup mieux qu’un bureau. En plus, il est en sous-sol, donc je peux crier autant que je veux, je sais que je ne dérangerais personne !”
Il est comme ça, le Lewis, toujours de bonne humeur. Il doit l’être encore plus en ce vendredi 12 mars, date de sortie de son nouvel EP Dancy Party, initialement prévu pour sortir “en début d’année 2020, puis repoussé une première fois à la rentrée 2020, puis à la fin de l’année, avant qu’on ne se décide enfin à le libérer de mon disque dur, car il ne demandait que ça”.
Un parcours du combattant-artiste en temps de Covid, débuté en février 2020 avec la sortie d’Attitude, morceau empruntant à la culture club du New-York des années 1980 et dont l’inspiration est venue à Lewis lorsqu’il s’est penché sur le documentaire “Style Wars, qui raconte l’histoire du graffiti dans la ville. J’ai trouvé toute cette esthétique tellement fraîche, ces éléments froids qui deviennent chaleureux une fois mis en musique”.
Un autre aspect de sa conception musicale qui peut rappeler la Grosse Pomme et sa culture urbaine, c’est son amour pour le sample et le patchwork d’influences. Un amour sans fin, qu’il laisse éclore au grand jour dans Dancy Party, fait, comme il l’explique, “de mélodies trouvées dans les bandes-originales de ces anciens films italiens que j’aime tant, de gros kicks façon techno et de tout le bagage que j’ai pu accumuler en hip-hop, de part mes écoutes personnelles ou mes collaborations passées”.
Friandises auditives
Chez Lewis OfMan, la musique n’est pas que musique. C’est aussi, et surtout, une sucrerie auditive. Une sucrerie auditive tout d’abord née d’une volonté “de ne pas se prendre la tête, de faire des choses agréables qui peuvent permettre de se reposer au soleil”, même quand celui-ci est voilé par les nuages et les incertitudes.
Dans son studio-atelier, Lewis nous concocte des bonbons fourrés à la nostalgie, nous rappelant promenades sur une riviera fantasmée (Las Banistas), siestes sur une plage de sable chaud (le bien-nommé Siesta, né suite à… une demande de la marque Carven pour réaliser la musique d’un répondeur téléphonique, laissée sans suite), ou bien encore ce que nos ancêtres appelaient “soirées” et que nous connaissons désormais sous le nom de “bamboche” ou de “énorme manque” : la fête.
La fête a toujours fait partie du processus créatif de Lewis. Pour lui, l’exercice va au-delà du simple moment à s’amuser entre ami.es. C’est un espace privilégié de rêveries, rêveries qui tendent à manquer quand l’aiguille sur l’horloge indique l’heure du couvre-feu.
“Tu ne peux jamais prévoir le déroulé d’une soirée, et c’est ça qui la rend si magique. Tu peux rencontrer la personne avec qui tu vas partager un bout de ta vie, tu peux faire une connerie tellement grosse que tu en rigoleras encore dans dix ans, tu peux te faire casser la gueule, tu y découvres de nouvelles personnes, de nouveaux appartements, de nouvelles musiques, de nouveaux alcools…”
Dancy Party revêt alors un aspect thérapeutique, autant pour Lewis que pour ceux qui vont l’écouter en se remémorant des moments de félicité et de lâcher-prise. Et quand on arrive au niveau de coolness – l’un des mots préférés de Lewis, au regard du nombre de fois qu’il est prononcé dans l’interview – que le collaborateur de longue date de Rejjie Snow, on finit par débloquer son alter-ego : Dancy Boy.
Dancy Boy mood
“Le certified Dancy Boy mood – en référence à un “reel” posté sur son feed Instagram, ndlr –, c’est le mec un peu dandy sur les bords, qui est cool sans faire d’effort. C’est un cool bienveillant, qui se prend au sérieux sans trop se prendre au sérieux, dépourvu de snobisme. Par exemple, l’autre jour j’allais faire un test PCR à la pharmacie, je l’ai joué certified Dancy Boy mood et les infirmières ont bien rigolé, y’avait de la bonne humeur ! Ça changeait des gens derrière moi avec leurs têtes d’enterrement.”
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Bien que le certified Dancy Boy mood apparaisse comme une des solutions au climat actuel – encore une que le gouvernement passe sous silence #onnenousditpastout –, Lewis reconnaît ne pas toujours l’avoir été au cours de sa carrière, commencée sous l’appellation OfMan en 2017 avec la sortie de l’EP Yo Bene.
“À cette époque, je ne peux pas dire que j’avais totalement confiance en mes morceaux. Il m’arrivait même de trouver que ce que je faisais pour Rejjie (Snow, ndlr) ou Vendredi Sur Mer était mieux que ce que je faisais pour moi. Et un moment, toutes ces frustrations accumulées se sont concentrées dans ma musique, j’ai fait du mieux possible et ça a fonctionné. De plus, j’ai découvert qu’avec le confinement, les journées étaient beaucoup moins dures à supporter si j’arrivais à faire un bon son dont je suis content.”
Depuis cette époque, Lewis ne chante plus trop, de peur d’être catalogué comme “un clone de Michel Berger ou de Katerine”, préférant laisser les sonorités ensoleillées sortant de ses claviers lui servir de porte-parole. Il invite parfois ses copains et copines à poser leur voix sur ses créations, comme Alicia Te Quiero, frontwoman du combo indie pop espagnol Cariño, rencontrée “dans l’énorme fumoir d’un festival à Barcelone“, que l’on retrouve sur la rafraîchissante Siesta.
En attendant son premier album — “fait de chansons un peu plus profondes, un peu plus mélancoliques, mais aussi de beaucoup de cris” – qui sortira “un jour, après que toute cette merde soit terminée”, Dancy Party est la dernière friandise sortie par le confiseur sonore le plus cool de France.
Une friandise élaborée dans un but bien précis : “ce qui me rend le plus heureux quand je fais de la musique, c’est de voir les gens qui d’habitude ne dansent pas devenir frénétiques”. Si vous voulez vous aussi être certified Dancy Boy mood, vous savez ce qu’il vous reste à faire.
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Jules Vandale