[ITW] Amandine Urruty, la peur du vide et la force du détail.
Arts - 09.3.2018
“J’ai peut-être un peu la peur du vide, mais il faut que je comble, j’en rajoute toujours, c’est rare que je m’arrête tôt.”
Au 6ème étage de son immeuble du 11ème arrondissement, Amandine ouvre la porte, grand sourire et regard bleu. Elle dessine depuis toujours et professionnellement depuis une dizaine d’années, des animaux et des hommes quelques fois. Ses oeuvres sont sombres et fantasques, doucement vulgaires par endroits mais toujours ludiques et foisonnantes.
Ton expo à la galerie Arts Factory arrive très vite, ça va, tu es prête?
Oui super, les pièces sont faites, pas de soucis là dessus mais j’ai hâte que ça soit passé ! Ca commence à faire un moment que je suis dessus. Il y a des dessins réalisés il y a deux ans mais pour tout le reste je ne fais que ça depuis mai, j’ai refusé tous les autres projets pour me concentrer uniquement sur cette expo.
L’idée de profusion est très présente dans ton oeuvre, c’est quelque chose de rassurant pour toi?
Oui je pense. Quand je commence à bosser les dessins et qu’après je passe sur ma grande feuille, il faut toujours que j’en rajoute. J’adore les peintures des autres quand elles sont vides mais moi j’y arrive pas. Peut-être un peu la peur du vide, justement, mais en tous cas il faut que je comble, j’en rajoute toujours, c’est rare que je m’arrête tôt. Une fois que c’est bien rempli je suis plus sereine.
Et le souci du détail, c’est quelque chose que tu as aussi dans la vie ?
Pas vraiment… Là par exemple si l’appartement est tout bien c’est parce que mon chéri s’en occupe. Dans la vie je suis peut-être pointilleuse sur les mots mais pas tellement maniaque avec le reste, plutôt foutraque. Ma patience je la mets dans mes dessins, pour le reste je m’en fous un peu ahah !
La référence assez évidente à Bosch, c’est quelque chose que tu assumes pleinement?
Ah oui oui complètement, ça serait un peu malhonnête de dire le contraire ! Bosch et Bruegel complètement. Je ne me souviens pas du tout de quand j’ai découvert Bosch, j’ai l’impression de connaître depuis toujours , il m’a toujours accompagnée.
Tu dessines beaucoup d’animaux, même les humains sont animalisés. Que trouves-tu aux animaux que tu ne trouves pas chez les hommes?
J’ai grandi avec les poneys, c’est la passion de ma mère, qui préfère sûrement les animaux aux hommes d’ailleurs. C’est quelque chose que j’ai dû intégrer, à force. Il y a beaucoup de chevaux et de chiens. J’adore les chiens aussi, sans doute à cause de l’arrivée tardive de mon premier dans la famille, j’avais 14 ans, il était plus qu’attendu !
Tu as toi-même des animaux?
J’ai Bruno, mon pigeon empaillé. On aimerait avoir un teckel, il s’appelera José et il sera marron.
Tu utilises principalement le crayon, comment s’est fait le choix de cette technique?
Au tout début je faisais du noir et blanc au bic et au stylo feutre, puis je suis passée à la couleur avec des crayons de couleurs, des trucs assez flashy. Et puis quand je suis revenue au noir et blanc j’ai eu envie de retrouver le plaisir que j’ai pu avoir pendant mes études avec le dessin académique. Le crayon a aussi l’avantage de pouvoir être gommé, et même si là je ne gomme plus du tout ça a été sécurisant au début. Et puis je travaille sur mon lit alors une technique sèche c’est quand même mieux !
Qu’est-ce que tu préfères dans le dessin?
J’aime créer de la lumière et du volume, les drapés ou le tissu par exemple, ou les poils, j’adore.
La composition de tes oeuvres comme certaines représentations font appel au rêve ou au cauchemar, tu les notes tes rêves?
Je sais pas si c’est parce que je projette tout dans les dessins mais depuis un certain temps, quand je rêve, je fais des rêves nuls ! Je m’achète un sandwich ou je trouve une paire de chaussettes égarée, point. Comme ils sont tout nuls ben je les note pas et donc je ne m’en inspire pas directement ahah.
Vernissage de son exposition “The Party” le 14 mars à la Galerie Arts Factory
Agathe est sur Instagram @ag_rou