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Hyacinthe présente “Momentum”, mélancolie in vitro

Crédits photo : Clovis P

Hyacinthe présente ce 10 juin 2021 : Momentum, un projet qu’il ne voit « pas vraiment comme un album mais qui est bien plus qu’un EP ». Chronique de cette capsule de mélancolie Baudelairienne. 

Délaissant un peu le gabber, Hyacinthe est bien entouré, de talentueux beatmakers  l’ont accompagné : Piège, Herman Shank, Matou et le duo Jersey, ainsi que quatre artistes : Chanje, Brö, Spider Zed et Johnny Jane. La preuve, qu’au fur et à mesure des projets, Hyacinthe a su maîtriser son univers au point de pouvoir le partager sereinement aujourd’hui. Plume toujours aussi puissante, Hyacinthe a sûrement la plus juste de notre génération. La sensibilité Baudelairienne demeure, la mélancolie s’immisce dans Paris comme dans les cœurs, l’amour se fait aussi beau que grave. Présentation en trois actes de ce nouveau chapitre de l’enfant du siècle, sans légèreté, avec vérité : Momentum, car c’est toujours le moment d’écouter Hyacinthe.

Collapsologie parisienne : l’urbanité au service du temps qui passe.

« La bière se réchauffe comme la planète » Nuit pleins phares

On le sait, depuis ses tous premiers projets, Hyacinthe entretient un rapport ambigu à Paris, capitale de la douleur et du plaisir, univers de rencontres et d’ivresse. Le Paris de Hyacinthe, c’est celui des clochards qui regardent les étoiles et des flashes de soirées qui subliment les corps. L’euphorie des premiers temps a pourtant laissé place à une forme de lassitude, tout au long de ce nouveau projet, l’on entend « Paname tu m’as vu dans tous les tieks », «Bitume gris et lumière jaune, Paris, Paris, tu me fatigues, je te connais bien maintenant, je remarque chaque ride. Tout se finit comme une époque ».

La jeunesse a passé, l’insouciance n’a pourtant pas laissé place à une remise en question mais plutôt à l’acceptation et à la poétisation du temps face auquel on doit s’avouer vaincu « Téma la taille des cernes comme si on avait cent ans/ et tu te détruis comme si tu avais cent corps » alors on finit par « écouter Barbara sur les Boulevards ».

Lyrisme mystique : l’amour grave.

«Verre de sky je trempe l’hostie, elle dit que je suis beau mais que je suis morbide » A demain peut-être.

Pour Hyacinthe, l’amour est lié à l’absolu et à l’intensité : du moment présent, de la rupture ou du sacrifice. Jamais léger dans son rapport aux sentiments, Hyacinthe considère que son cœur n’en est plus un mais que c’est un « cimetière » ; doit-on pour autant arrêter d’y croire ?

Les deux derniers sons du projet peuvent nous prouver l’inverse car ils évoquent ainsi la recherche de beauté et d’espérance après la perte, après la fin. Dans Lalala, avec Johnny Jane, il veut vivre, même mélancoliquement et malgré le drame amoureux « Je veux plein de vies/plein de spleen / plein de nuits/ plein de rires / jusqu’à l’heure du décès. »

Évoquant même dans le dernier son A demain peut-être  la possibilité d’un lendemain, d’un retour de l’être aimé malgré un constat d’une grande maturité, « ton visage disparaît c’est rien, c’est la vie (…)  on va se détester puis dans quelques années on aura oublié les détails ». On sait que Hyacinthe est beau quand il a mal et pour cause, ses textes nous font mal tant ils sont beaux.

Lucidité décalée

Nouveauté du projet, deux sons plutôt solaires et décalés, Fluide avec la jeune et prometteuse Brö et Sacem avec Spider Zed. Fluide évoque les relations légères entretenues de nos jours avec la part de trivialité qui caractérise certaines histoires : « je suis bon qu’à faire de la merde et à recommencer. (…) Imagine la mort c’est comme le sexe, un peu décevant en vrai. »

Sacem  est un son très ironique sur la relation amour-haine entretenue par les artistes avec la Sacem, qui devient un personnage féminin et obsédant « ma Sacem, paye-moi, dépenser ma Sacem » qui paye évidemment mieux les artistes de variété « je veux la Sacem à Patrick Hernandez, faire des showcases dans la région nantaise. »            

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Marie-Gaëtane Anton