Les clips de la semaine, en quête du son parfait
Musique - 10.4.2021
Tout comme Myd, Chevalrex, Obi ou encore Paalma, partons en quête du son parfait dans la sélection des clips de cette semaine !
Myd – Let You Speak
En quête constante des sonorités les plus extravagantes et de l’acoustique la plus pure pour composer ses hits instantanés, Myd embarque son équipe dans des contrées inhospitalières. Dans l’ode au field-recording qu’est le clip de Let You Speak, réalisé par Dan Carr, le producteur et emblème de ce que Lewis OfMan appellerait le dancy-boy mood alterne batterie sur une torpille – qu’on espère désarmée –, enregistrement de guitare dans des grottes ou captation du clapotis des vagues près du phare de l’Île Vierge (oui, j’apprécie les phares et je sais en reconnaître quelques-uns). On espère juste qu’il rémunère ses équipiers de façon décente.
LaFrange – Nightmare
Après nous avoir offert le troublant Everything’s Fine et sa plongée sans filtre dans les violences conjugales, LaFrange continue de nous conter ses cauchemars. Dans Nightmare, les guitares perfusées d’un chorus mélancolique et la voix songeuse de la parisienne s’associent au grain vintage de la caméra de Quentin Pépion pour une balade aux abords de la Place de la République – on espère d’ailleurs qu’une planche ne s’est pas perdue en chemin, ça fait mal aux chevilles ces petits objets-là. Et ce, toujours dans une économie de moyens qui rend ses créations faites de mélodies délicates encore plus transperçantes.
Paalma – Circles
Des grosses guitares shoegazy à la Drop Nineteens, des pâtes (à l’étrange couleur rose, tout de même), une Gameboy. Pas de doute possible, Circles, dernier clip de Paalma et réalisé par Raphaël Motte-Sotero quand il n’est pas occupé derrière le micro et sa Jazzmaster, est une belle plongée, en un peu plus psychédélique, dans mes années de fac de droit. Mais, contrairement à cette période sombre de mon existence, cette ode à l’ennui avec Claire la Galère, cheffe de file de la #boredlife en guest-star, ne donne pas le sentiment de tourner en rond. Parfait pour affronter cette période où les “on va voir quelle expo ?” se transforment en “on regarde quel film nul sur Netflix ?”
Taur – Stay
En attendant la sortie de son premier album Half Somewhere, prévue le 7 mai, Taur passe la seconde en levant le voile sur le clip de Stay. S’isolant dans un parking avec son backing-band – peut-être dans une démarche similaire à Myd, afin de profiter de leur acoustique si particulière –, le Breton installé à Paris nous conte le difficile deuil amoureux dans une poignante ballade synthétique, sous l’œil aiguisé de la caméra de Quentin Tavernier. Des images pleines de contrastes, entre béton mornes et néons rouges, tout comme la musique du pilote de notre écurie Pop Records.
Clara Luciani – Le Reste
Dans cette transposition sudiste des Demoiselles de Rochefort tournée dans un charmant port de Provence (mais je connais moins les ports de Provence que les phares de Bretagne, donc je ne saurais pas vous dire lequel) et infusée au funk, Clara Luciani célèbre l’amour qui s’achève mais qui nous emplit de souvenirs indélébiles.
Charlotte Fever – La Fille Du Ciel
Peut-être lassé d’explorer les jungles les plus inhospitalières de la planète – où ils croisèrent sans doute Myd –, Charlotte Fever s’emploie désormais à lever les yeux vers le cosmos et à infuser leur électro-pop de sonorités erotico-stellaires. Tout de strass vêtu, le duo reçoit la visite d’une étrange femme-étoile, danseuse d’une autre galaxie, dans le clip de La Fille Du Ciel, réalisé par Emma Boudon et Esther Balibar, peut-être attirée par la brillance de ces guitares funky à souhait et de ces claviers lunaires. On espère simplement que leur muse couverte d’or n’a pas trop avalé de paillettes pendant le tournage.
Sorry – Twixt us Twain
Plutôt que de s’emmerder à choisir quel morceau clipper pour leur EP surprise-de-confinement, les jeunes anglais de Sorry se sont dit qu’il serait plus simple de tous les illustrer. Une forme de retour au source pour le groupe qui s’est fait connaître par l’intermédiaire de ses mixtapes mélangeant esthétique visuelle DIY et musique sonnant comme The Kills après une grosse gueule de bois. Dans Twixt us Twain, on suit le groupe en balade dans le Londres qu’on ne montre pas sur les cartes postales, on se grille quelques cigarettes entre copains et on promène le chien le plus mignon de Hackney afin de pouvoir échapper un peu au couvre-feu en vigueur. Une bonne façon de découvrir l’un des groupes les plus singuliers de la Perfide Albion.
Obi – Turn Around
Les clips de la semaine sont aussi l’occasion de parler de belles histoires. Celle de Obi, forcé de fuir la pauvreté du Nigeria, passant les dix dernières années à arpenter l’Europe de pays en pays et de squat en squat, et qui trouve en la musique une planche de salut autant qu’une manière de s’ancrer dans une vie plus stable. Une forme de métissage qui se retrouve notamment dans ses paroles mélangeant français, anglais et igbo, langue d’une ethnie de son pays d’origine. Turn Around, son dernier single filmé à la Halle Tony Garnier de Lyon par Zenzel, est un véritable hymne à la résilience, un hymne débordant de good vibes qui prouve une fois de plus que la culture est salvatrice.
Charlotte Adigéry – Bear With Me
Comme une très large partie de la population de l’Europe occidentale, la belge Charlotte Adigéry se trouva fort confinée quand la bise des mesures sanitaires fut venue. De ces moments qui rappellent une version bien moins intéressante de Groundhog Day, elle s’en sert afin de composer Bear With Me, son dernier single au clip réalisé par Alice Kunisue. Sur une production électronique quelque peu lancinante, elle laisse planer une voix de soul woman qui questionne notre rapport à l’ennui et à la difficile connexion avec les autres en ces temps où les rassemblements sont censés être proscrits. Elle pose aussi la première fondation de la compilation anniversaire des cinq ans du label Deewee Records.
Chevalrex – Une rose est une rose (Ft. Thousand)
Bien qu’ils portent des chapeaux de cow-boy dans le clip façon selfie d’Une Rose est une rose, Chevalrex et Thousand ne semblent toujours pas décidés à se mettre à la country. Les deux orfèvres pop continuent de faire ce qu’ils font de mieux, à savoir des guitares au léger chorus angélique, quelques nappes de synthétiseurs qui tapissent le tout et des voix à la fois suaves et rocailleuses qui abritent une plume au charme certain. À l’écoute, On a surtout envie de danser au milieu d’une roseraie avant de regarder pensivement un coucher de soleil californien en attendant la Providence, prochain album de Chevalrex.
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Jules Vandale