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Les Emancipéés, le festival qui met aussi l’accent sur le féminin

Camélia Jordana, invitée en 2017 pour lire des extraits de ses livres de chevet, avec Raphaële Lannadère

Quatrième édition pour ce festival pluridisciplinaire et culotté ! RDV du 28 septembre au 5 octobre dans le Golfe du Morbihan. Au programme : créations, lectures mises en musique, mais aussi des projections, conférences et concerts.

“S’émanciper des propres barrières, des arts eux-mêmes, voici la mission que s’est donné ce festival rompant avec les pratiques habituelles. Dans un paysage français où on trouve peu de porosité entre les arts, les Emancipéés mettent un point d’honneur à faire des ponts entre littérature, BD, musique, théâtre…. “pour accompagner des artistes dans des désirs de faire des pas de côté” comme nous le raconte Ghislaine Gouby, directrice des scènes du Golfe et du festival. 

Quant à l’orthographe douteuse des Emancipéés, rassurez-vous les deux é sont bien volontaires ! On peut y voir un clin d’oeil visant à ne pas oublier de mettre aussi l’accent sur le féminin, Ghislain Gouby précisant : “ce que le grammaire ne nous permet pas de faire, pour marquer une égalité, sourire à la nuance, sourire à la façon dont la langue française est plus favorable au masculin et féminin.”

“Tous les artistes invités, partagent cette question d’humanisme et d’égalité entre les femmes et hommes.”

Ghislaine Gouby, directrice et programmatrice des Emancipéés

“Travailler sur la notion de communion, abolir la notion de frontière” : voici la thématique donnée à cette édition sauvée des eaux (initialement prévu au printemps, le festival a été intégralement reporté cet automne). En pleine crise du Covid, et avec la fermeture des frontières, ce choix peut sembler ironique, il n’a pourtant jamais été plus d’actualité comme précise la directrice du festival  :“Je suis fascinée le planisphère de Schuller, cette cartographie du monde, montrant que la terre est une somme de petites et de grandes îles au milieu d’un immense océan.” Et comme premier acte du festival, Ghislaine Gouby invite l’autrice Nina Bouraoui à signer le texte “LES INSULAIRES” reprenant la notion de communion de l’humanité, et figurant dans la brochure de cette édition 2020 (disponible ici).

A l’affiche de cette quatrième édition se pressent ainsi une fabuleuse programmation  : 7 créations, 7 concerts, 2 lectures mises en scènes, des conférences, la projection de films inédits confiés par Arte, mais aussi une exposition d’un auteur de BD. Ces festivités se dérouleront dans le Golfe du Morbihan, essentiellement au Palais des Arts de Vannes, mais aussi au théâtre de la Lucarne à Arradon et au Grain de sel à Séné.

Des créations inédites

Les créations artistiques sont au coeur du travail des Emancipéés, accueillant chaque année des artistes d’horizon différents (par exemple : un musicien et un auteur) pour une résidence d’au moins une semaine, autour d’un sujet qui leur tient à coeur. Fort de leur succès, ces spectacles initialement prévus pour une date unique, sont très souvent amenés à être repris sur d’autres scènes ou à partir en tournée :ça confirme notre légitimité” comme se félicité Ghislaine Gouby. Un spectacle fait date dans l’histoire du festival : c’est celui de la collaboration triomphante entre Virginie Despentes, Beatrice Dalles, le groupe Zëro (autour des textes de Pasolini) : “ça a été le premier spectacles des Emancipéés, et ce qui devait être un inédit a largement trouvé sa vie” précise la programmatrice.

Dans la programmation de cette année, on ne peut que vous recommander les créations suivantes :

Bouches Cousues (28 septembre 20H30, au Palais des Arts), c’est le nom du spectacle présenté par Olivia Ruiz, la “femme chocolat” qui a bien fait du chemin depuis et qui cherche ici à se reconnecter à ses racines hispaniques. Dans ce spectacle, projections, histoires et chansons se mêleront pour recoudre avec son “héritage”, celui de l’exil et d’une Espagne “mutilée et flamboyante” après la guerre civile, qu’elle raconte dans son livre qui sortira prochainement.

L’actrice Amira Casar, accompagnée du musicien Emmanuel Da Silva feront revivre les lettres enflammées et hypnotiques entre les écrivains Henry Miller et Anaïs Nin, une création baptisée sensuellement Vous embrasser (29 septembre à 20H30, au Palais des Arts).

Quant à Julie Depardieu, elle fera une lecture émouvante du livre couronné du prix Spécial du jury Fémina 2020, Girl d’Edna O’Brien, contant l’histoire des lycéennes nigériennes enlevées par Boko Haram. La mise en musique sera assurée par Matthieu Baillot (3 octobre, 18H au Palais des Arts).

“Le discours de Fabcaro” un des temps forts de cette édition 2020

Mais aussi des concerts, projections, expositions…

Côté concerts, Anne Sylvestre, la grande dame de la chanson française reviendra sur ses classiques, Jeanne Cherhal interprétera son dernier album L’an 40, célébrant la condition féminine, l’ultrasensible Vincent Delerm, mais aussi La Grande Sophie, Cali et L (Raphaëlle Lannadère).

Arte, partenaire du festival présentera deux documentaires en exclusivité : un premier sur Marguerite Duras et la désillusion coloniale, et Dorian Gray, un portrait d’Oscar Wilde, annonçant notre narcissisme contemporain.

Si vous aimez les BD de Fabcaro (Zaï Zaï Zaï, ou son dernier chef d’oeuvre Formica), vous allez adorer l’adaptation au théâtre du discours de Fabcaro (2 octobre, théâtre La Lucarne, Arradon) par Benjamin Guillard. Un des moments forts de cette édition selon Ghislaine Gouby : “c’est d’une drôlerie, une pitrerie extraordinairement intelligente comme d’habitude chez Fabcaro”.

Une exposition sera dédiée l’oeuvre du dessinateur et musicien congolais Barly Baruti – récompensé pour son oeuvre Madame Livingstone – Congo, La Grande Guerre – et présenté par le directeur du festival de la BD d’Angoulême Pierre Lungheretti.

Sans oublier une causerie littéraire animée par le grand monsieur de Radio France Didier Varrod avec les artistes Superpoze, François & The Atlas Mountains et Alex Beaupain, une rencontre avec l’autrice grecque Ersi Sotiropoulos (Ce qui reste de la nuit), et une lecture émouvante entre sa mère et sa fille (l’autrice Christine Angot et la plasticienne Leonore Chastagner),

Cerise sur le gâteau, le directrice Ghislaine Gouby, qui n’a pas chômé pendant le confinement pour parvenir à reprogrammer l’intégralité des spectacles du printemps à cet automne (“presque tout le monde est là, et je me suis même permise de rajouter une journée de festival”), nous offre en soirée de clôture : la lecture de Noire par son autrice, la journaliste Tania de Montaigne. Elle raconte l’histoire de l’héroïne Claudette Colvin, en pleine ségrégation noire aux USA dans les 50’s. Mise en scène Stéphane Foenkinos.

Festival Les Emancipéés
Du 28 septembre au 5 octobre
à Vannes et Arradon
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Abigail Ainouz