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Les 7 artistes les plus prometteurs révélés au festival Eurosonic

Le groupe berlinois Ricky Dietz – Crédit : Jorn Baars ©

La ville de Groningen en Hollande ne vous dit surement rien du tout, ni même son festival Eurosonic, et pourtant, pourtant comme chantait Charles… C’est bien là-bas que se réunissent chaque année le gratin de l’industrie musicale pour prospecter les talents européens de demain. On y était, on vous raconte.

Avec plus de 350 artistes invités et 40 nationalités différentes, 4000 professionnels (tourneurs, managers et pas moins de 400 programmateurs…) c’est toute l’industrie européenne de la musique qui se réunit mi-janvier dans cette bourgade située tout au nord du Pays Plat (et au nom ingrat), pour y découvrir en concerts et en conférences les nouvelles tendances et les meilleurs espoirs du disque 2020.

>> A lire aussi : Découvrez l’avant-garde de la scène européenne avec notre playlist spéciale Eurosonic

Oubliez les scènes en plein air démesurées… Le festival Eurosonic prend place au coeur d’une petite ville longée de canaux bucoliques, dans des bars, pubs cosy à souhait, des clubs, dans des églises même parfois, ou des théâtres pour les plus chanceux… Tout ce qu’il y a de plus convivial. Et celui qui trouvera l’algorithme magique pour assister aux innombrables concerts dans la même soirée, en sautant à cloche pieds sur le pavé pour éviter la marée de vélos (cliché hollandais), les vendeurs de croquettes (cliché 2) tout en captant le dialecte néerlandais (cliché 3), celui-là méritera sûrement son petit prix Nobel.

Remise du prix découverte Eurosonic (MMETA) auquel Charlotte Adigery est nommée – Crédit : Ben Houdijk

Après trois jours de festivités, on vous dévoile notre palmarès live… 

Arlo Parks (UK)
Repérée avec son tubesque Cola, la jeune anglaise d’origine nigérienne, tchadienne et française, a soufflé son public au Grand Theatre avec ses mélodies jazzy et son flow old school. Promue BBC Music Sound 2020 avec d’autres kids tous plus talentueux les uns que les autres, Arlo adresse des messages à peine voilés à sa génération Z (Super Sad Generation), coiffée de son Bandana et de son bonne humeur. On vous en dit plus dans une interview très bientôt. Et rassurez-vous, Arlo sera de passage à Paris (Boule Noire) le 28 février prochain.

Arlo Parks – Crédit : Ben Houdijk

Working Men’s Club (UK)
Non non non, ce n’est pas un groupe de stripteaser ou un club british coincé, vous n’y êtes pas du tout. Il s’agirait plutôt de gredins anglais originaires de la banlieue de Leeds… Le leader de cette formation post-punk (Sydney Minsky-Sargeant) donne toute suite le ton en bombant le torse de son tshirt “SOCIALISM”. Quant à sa guitariste (Giulia Bonometti), un transfuge de Béatrice Dalle, elle affiche une moue aussi réjouissante que sa toque russe… tout ça sous l’oeil du Christ crucifié dans la plus vieille église de la ville de Groningen, Martinikerk. Un showcase mé-mo-rable ! En concert au festival Generiq (le 7 février à Besançon) et Inrocks (le 6 mars à Paris).

Workin Men’s Club – crédit : Ben Houdijk

Ricky Dietz (Allemagne / Canada)
Vous vous rappelez du personnage badass de Major Lazer ? Les biscotos, le béret orange, les lunettes, le feu au cul et le petit marcel… Et bien imaginez trois trublions de la même carrure en train de faire tourner leurs serviettes au dessus de la tête sur du dancehall, et vous avez à peu près l’idée d’un concert de Ricky Dietz… En live, son chef d’orchestre berlinois Pierre Baigorry met le paquet : danseurs, figures acrobatiques, lunettes du futur, et aussi pas mal d’afrobeats, de R&B et une bonne dose de racines jamaïcaine… qu’il doit à son chanteur Sway Clarke (berlinois d’adoption, né à Toronto). Priceless.

Ricky Dietz – crédit photo : Jorn Baars

Kelvyn Colt (Allemagne)
La scène teutonne a encore frappé ! Et ce petit gars là risque de faire tourner plus d’une tête avec son flow et ses punchlines bien assumées. Installé à Londres, son accent ne lui fait pas défaut… Quant à sa belle gueule, il la doit à son père nigérien et sa mère allemande. Pour son entrée sur scène, Kelvyn balance tout de go son tubesque Savage, et met la foule du club PlatformTheater d’accord. Crapahutant d’un coin à l’autre de la scène, Kelvyn (qui jouait la veille au Silencio à Paris), a tout d’un entrepreneur globe trotteur à seulement 23 piges.

FLOHIO (UK)
Lauréate du prix MME Talent Awards (prix soutenant l’émergence d’artistes européens à l’international organisé par le festival Eurosonic), la très jeune londonienne (originaire du Nigéria) a littéralement mis le feu aux poudres sur la scène du Grand Theatre. Accompagnée de sa fabuleuse DJ inspirée autant par le grime que la drum&bass, Funmi Ohiosumah et son flow carnassier n’ont fait qu’une bouchée des a prioris sur le rap féminin. Invitant une fan déchaîné sur scène, elle grimpe sur la table de la DJ pour entonner son fameux 10 more Rounds. Attention talent !

FLOHIO – Crédit : Ben Houdijk

Muthoni Drummer Queen (Kenya / Suisse)
C’est vêtue une carapace d’or, accompagnée de deux danseuses survoltées et d’un duo de producteurs suisses masqués (GR! et Hook), que se dévoile la queen kényane Muthoni. Révélée par le film Rafiki (présenté à Cannes en 2018) dont elle signe la fameuse bande originale, cette chanteuse à la voix puissante a grandi à Nairobi et étudié l’art des percussions, avant de se faire remarquer et de percer sur la scène suisse. Intégrant un discours engagé féministe et politique (rappelant notamment la situation dramatique de son pays), le live de Muthoni NDonga nous fait vibrer du début à la fin. Sa pop guerrière à écouter sur son album She (2018) ne manque pas de piquant et fait un bien fou !

Muthoni Drummer Queen – crédit : Bart Heemskerk

Charlotte Adigery (Belgique)
Adoubée par la maison belge DeeWee fondée par les prodigieux producteurs Soulwax (aka les frangins Dewaele), Charlotte Adigery et sa crinière de feu ont fait rugir son premier ep en live, Zandoli (paru en 2019) dont est extrait le si fameux et entêtant, Paténipat – chanté en créole, langue de ses aînés de Martinique. Plongée dans le noir par alternance de flash stroboscopiques et de projections N&B, la scène orchestrée par son producteur Boris Pupul nous met quasiment en transe… avec des beats ultra efficaces et élégants. Un sans faute. En concert au festival inrocks le 5 mars à Paris.

Charlotte Adigery – Crédit : Barth Eemskerk

On a aussi aimé…

En bref, oui les amis, car 350 groupes en live en 3 jours même en se dédoublant, en courant sous la pluie, en dormant 4 heures par nuit, et en jouant des mains et des pieds avec les videurs pour rentrer dans des salles bondées… ça ne marche pas des masses. Heureusement la délégation française (tourneurs, programmateurs de grands festivals…) est toujours là pour nous filer des bons tuyaux… On a entendu que du bien des rosbeefs de Black Country, New Road (salle bondée, bon signe hein)… ou encore du pianiste prodige roumain Mischa Blanos et la frénésie Squid… On a aussi entraperçu le spoken word déroutant de l’irlandaise Sinead O’Brien clamé dans une église, My Ugly Clementine en showcase chez un disquaire et les britons rock Sorry (un peu brouillon mais charmant).

Sorry – crédit : Bart Heemskerk

Enfin rassurez-vous la scène cocorico était dignement représentée par le groove méditerranéen de Johan Papaconstantino, les zinzins de Catastrophe, la frénésie barrée de Murman Tsuladze, le rock vénère Last Train, la sensuelle Crystal Murray (qui inaugurait son premier live en dehors de l’Hexagone) et les petits orientalistes (finalistes prix Société Ricard Live Music) Ko Shin Moon.

Murman Tsuladze – crédit : Jorn Baars

Crystal Murray – Crédit : Siese Veenstra

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