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[ITW] Frank Darcel, de Marquis de Sade à Republik

A la rencontre de Frank Darcel, pilier historique du son rennais, guitariste co-fondateur du mythique groupe Marquis de Sade, producteur d’Etienne Daho, écrivain, indépendantiste breton, chanteur, éditeur, et bien d’autres choses. Il sera en concert avec son groupe Republik le 24 mars au Silencio. 

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by Hélène Bourgois

Ton nom est intrinsèquement lié à la ville de Rennes, est-ce que le son Rennais existe encore ?

Je ne crois pas qu’il existe encore une spécificité dans le son. Dans les années 80, il y avait deux mouvements principaux, on avait vraiment créé le son Marquis de Sade, un rock sombre européen, et il y avait de l’autre côté la Pop de Daho et Niagara.

C’est par contre resté une ville très active, pleine de musiciens, avec de très bons groupes qui ont une super culture musicale mais qui d’après moi n’arrivent pas à se dégager assez de leurs influences.

Le son rennais est né parce qu’on s’est rendus compte à l’époque que si on continuait à essayer d’imiter les Talking Heads, il n’allait jamais rien se passer, on a essayé de développer notre propre identité musicale, aujourd’hui tout le monde écoute de tout, et le son s’est en quelque sorte uniformisé. En Angleterre il y avait des sons par villes, et parfois même par quartiers de Londres, ça n’est plus vraiment pertinent à l’heure actuelle je crois. La sono mondiale d’Actuel est arrivée, la musique a aboli les frontières.

Tu es passé de Rennes à Lisbonne, quel impact ce changement a-t-il eu sur ta musique ?

J’y suis parti pour des raisons musicales, on m’a demandé d’aller y réaliser un album. Dans les années 90 en France je n’avais plus de taff parce que le hip-hop avait succédé à la Pop-Rock, je suis donc allé voir du côté du Portugal.

La culture est différente de la Bretagne, il fait chaud, on va à la plage, mais on finit par se rendre compte que ce sont deux régions très similaires : au bord de l’océan Atlantique, avec une grande importance de la pêche, la religion catholique mélangée à un paganisme régional, bref, il y a plein de points communs entre les portugais et les bretons : des gens qui peuvent ne pas paraître très chaleureux au premier abord, mais qui sur la longueur sont des gens sur qui on peut vraiment compter.

En 2010, tu as créé le projet Republik. Comment est-il né ?

En rentrant du Portugal, j’ai produit un album d’Alan Stivell et j’ai eu un accident d’acouphènes à cause d’une sirène d’alarme. J’ai été obligé de m’éloigner un temps de tous les instruments électriques et électroniques, je me suis un peu détaché de la musique, j’ai publié deux romans. Mais je jouais encore de la guitare acoustique.
C’est seulement en 2009 que j’ai rebranché une guitare électrique, et quelque chose s’est remis en place dans mon corps, c’est vraiment mon instrument. Puis j’ai des riffs qui me sont venus, et on sait bien quand on compose des morceaux que la finalité c’est de les montrer sur scène même si ça faisait plus de 20 ans que je ne l’avais pas fait ! A cette époque, je travaillais avec un jeune chanteur, mais nos manières de concevoir le groupe et le travail n’étaient pas les mêmes.

J’ai décidé de me mettre à chanter en 2013, on a fait un 4 titre, on a fait quelques concerts, et puis on a eu l’opportunité de jouer aux Transmusicales…

Et en Novembre 2015 est sorti notre album.

Quelle est ta vision de la Pop Culture ?

Il y a toujours le problème de savoir ce que ça peut pouvoir dire chez les anglo-saxons et ce que ça veut dire ici. Globalement, c’est une culture faite par les jeunes mais qui s’adresse à tous les âges, et qui doit rester excitante !

Et que trouves-tu excitant dans la Pop Culture en 2016 ?

Depuis 2-3 ans il n’y a pas de mouvement qui m’ait interpellé complètement, surtout musicalement. Par contre j’aime bien la culture du partage qui s’est développée, pour moi c’est pop et moderne d’aller en covoiturage vivre chez quelqu’un, les Air b’n’b, les BlablaCar… Le partage de la musique a détruit toute une partie de l’industrie, les gens ne passent plus par les boutiques de disque, la musique s’est en quelque sorte vulgarisé et il est plus compliqué de comprendre les grands mouvements qui s’organisent puisque plus rien n’est vraiment spécialisé.

Un son par décennie ?

60’s = Cream – Disraeli Gears

70’s = David Bowie – Low

80’s = Suicide – Diamonds, Fur Coats and Champagne

90’s = Prefab Sprout – Jordan The comeback

00’s = Finlay Quaye – Maverick A Strike

10’s = The National – Sorrow