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Regard d’adolescent sur l’effervescence de la mode

La chronique de notre fashion reporter fashion Typhaine Augusto de Cuillère à Absinthe, extrait de POPOPOP l’émission enregistrée sur RadioMarais !

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Cette semaine, je reçois ma petite soeur chez moi,  elle a eu 15 ans dimanche dernier, pour son stage d’observation qu’elle fait dans une agence web. Comme la fashion week démarre la semaine prochaine à Paris, je me suis amusée à lui poser quelques questions sur le sujet, voir ce qu’elle en pensait, est-ce qu’elle était au courant des tendances etc…, elle, jeune adolescente qui veut devenir médecin légiste, vivant à la campagne dans le Sud de la France. Quand je lui ai demandé si elle savait ce que c’était la fashion week, elle m’a répondu, et je cite, “c’est des défilés pour présenter les nouvelles fringues et ça change de lieux tous les ans ?”

C’est presque ça ! Est-ce qu’elle connait des noms de créateurs ? Elle m’a sorti presque instinctivement Yves Saint Laurent (dû aux extraits du film qu’elle a vu) et Dior, rien d’autres lui venait à l’esprit. Elle ne lit, ne feuillette aucun magazine mode, ne lit pas de blogs et son utilisation d’internet se limite principalement à Facebook et à surfer sur quelques e-shops de marques anglaises. Mais alors du coup est-ce que tes potes portent des Stan Smith  ? “Non, je ne savais même pas pas que c’était une tendance avant de voir que tout le monde en avait aux pieds à Paris”

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Car s’il y a bien une chose que j’ai remarqué au fil du temps, c’est que quand on travaille dans le milieu de la mode, on a tendance à oublier que ce qui nous parait évident ne l’est que pour un microcosme de personnes et que ce qui nous parait “indispensable et ultra tendance” ne l’est pas forcément pour le reste du monde.
Bien sûr, je garde en tête que la mode adolescente est une mode à part entière, qu’elle se focalise sur deux trois détails qui se répandent très rapidement dans l’espace contraint d’un collège et que ça change légèrement suivant les régions. Après tout, je me souviens de choses qui me paraissaient extrêmement à la mode quand j’étais ado qui ne l’ont jamais vraiment été ailleurs que dans mon lycée. Dans le sien, par exemple c’est les pulls avec le col de la chemise qui dépasse, les jeans retroussés et “les chaussures de marques”. C’est à dire, les Air Max et les New Balance. Quand je lui demandais si elle savait reconnaitre un vêtement de qualité, sa réponse laissait entendre que pour elle, le prix définissait la qualité donc plus c’était cher, plus c’était bon. Malheureusement, ce n’est pas très souvent vrai.

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Crédits photos: © Angeline Moizard

Elle définit son style comme confortable, elle aime faire des mélanges avec ce qu’elle a, montrer une certaine forme de créativité. Quand d’autres disent qu’elle a un style de garçon manqué (un jour je ferai une pétition pour bannir cette expression de la langue française !), elle me racontait que les rares fois où elle a mis un haut décolleté à l’école, on lui disait “oh t’es venue habillée en fille aujourd’hui !” mais que justement en ce moment, elle a envie de porter plus de robes, tester un style qu’elle dit plus féminin. Quand je lui ai demandé pourquoi et surtout pour qui, elle m’a répondu que c’était par curiosité, voir ce que ça allait changer. Beaucoup de choses mon enfant, beaucoup de choses.
Alors forcément, j’ai embrayée la conversion sur le féminisme, qui comme le défilé Marc by Marc Jacobs à New York le prouve encore est un sujet tendance dans le milieu de la mode, est-ce qu’elle savait ce que c’était etc… (très vaguement) mais bon ça c’est une autre histoire ! En tout cas, on a été faire du shopping ensemble et elle ramènera dans sa valise ce soir, devinez quoi…une paire de baskets blanches imitation Stan Smith, bien sûr.

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Crédit photo : YAYAVINYLPUSHER