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[POP TALK] Avec les fondateurs de F.A.M.E

© Teddy Morellec / La Clef

F.A.M.E fête sa cinquième édition et marque toujours sa singularité

À l’occasion de la cinquième édition du festival F.A.M.E, dédié aux films internationaux sur la musique, nous avons pu poser quelques questions à Olivier Forest et Benoît Hické, fondateurs et directeurs artistiques du festival depuis le début.

Un parcours idéalement calibré et pensé pour une expérience surprenante, qui vaut le détour.

C’est la 5ème édition cette année (2019) de F.A.M.E, est-ce qu’il y a un point sur lequel vous avez souhaité miser davantage que sur les éditions précédentes ?

Olivier Forest : C’est une édition pour laquelle on a décidé de porter une attention particulière sur ce qu’on appelle le hors projection, c’est-à-dire tout ce qui se passe hors des deux salles de projection. Donc on aura cette année ce qu’on appelle F.A.M.E Live, des séances « performées » en accès libre, avec le musicien Krikor, l’artiste Régina Demina, et le collectif les Froufrous de Lilith. On propose aussi des programmes pour enfants en accès libre, le F.A.M.E Kids. Et il y aura aussi des dj sets tous les soirs pour faire la fête après les projections.

Benoît Hické : Nous sommes très attentifs à la notion de parcours des spectateurs, car, en festival, il y a plusieurs chemins à emprunter en fonction des goûts, des envies de découverte ou tout simplement des attentes sur tel ou tel film, tel.le ou tel.le artiste. Nous espérons que le public s’amusera autant que nous à ce jeu de pistes, qui peut l’amener du heavy metal aux synthétiseurs vidéo modulaires, d’une enquête sur Joao Gilberto à une comédie musicale vraiment indé et jubilatoire, par un jeu de cloche pied.

“Notre festival est très dense, très intense, chaque projection est un moment fort et singulier, et c’est un réel plaisir de se confronter à la curiosité des gens.”- B.Hické

Cette année sont présentes ou sont représentées plusieurs femmes puissantes – M.I.A, les riot grrrl L7, Louise Hémon dans le jury -, qui viennent d’univers multiples, qu’est-ce qui a motivé ce choix de mettre en avant ces femmes spécifiquement ?

Olivier Forest : Le festival est déjà fortement éditorialisé puisqu’on ne passe que des films autour de la musique, alors on ne se fixe pas de thèmes supplémentaires a priori. Cette année, il y avait tous ces superbes portraits de musiciennes, des femmes fortes, puissantes, et qui ont clairement affiché et affirmé leur indépendance et leur refus d’être des « marionnettes pop ». Et la plupart de ces films sont réalisés par des femmes. C’était limpide pour nous qu’il s’agissait de la ligne de force de cette édition.

Benoît Hické : L’important pour nous, c’est la mixité, dans tous les sens, que ce soit en terme de registres cinématographiques, de lignes musicales (puisque c’est l’angle de notre festival), de genres, d’identités. Nous avons toujours considéré que la musique épouse son époque, et que donc un festival de films sur la musique a cette capacité de parler du monde contemporain, d’en préciser les reliefs, les mouvements. Ce baromètre en tête, la programmation de cette année épouse en effet cette visibilité accrue des musiciennes, des réalisatrices, alors qu’en 2017 par exemple, ce qui se dégageait, c’était une exploration du monde à la manière d’une ethnographie punk.

Est-ce qu’il y a une ligne directrice dans le choix de vos films ? Ou votre sélection se fait plutôt « au feeling » ?

Olivier Forest : La ligne directrice, c’est d’essayer de trouver de vrais beaux films. On recherche des films qui ont une ambition cinématographique. Après, un festival, ça se construit forcément avec des têtes d’affiches et des films plus confidentiels. Il faut trouver un équilibre qui permette de faire une proposition forte, et on l’espère, enthousiasmante.

Benoît Hické : On se demande souvent, lorsqu’on regarde un film, s’il est « F.A.M.E », c’est-à-dire s’il correspond à cette envie de découvrir le monde à travers des pratiques musicales et donc des films sur la musique. Les documentaires trop aseptisés, formatés, ne nous intéressent pas. Cet esprit F.A.M.E,  c’est une attention à toutes les cultures populaires, à toutes les couches sociales, sans filtre, guidée par une attention très vive pour les films forts, qui tentent des choses, même en restant parfois fragiles ou sur le fil.

Votre festival est assez familial dans le sens où vous êtes proches de votre public, vous allez le rencontrer et échangez avec lui lors des conférences et des soirées organisées durant le festival. Est-ce que c’est important pour vous de préserver cet esprit-là ?

Olivier Forest : On a une programmation relativement courte, donc on peut s’occuper de chaque film, aussi bien en amont que pendant le festival. On tient à chaque film qu’on programme, et on essaye de le montrer dans les meilleures conditions possibles. On présente chaque séance, on invite au maximum les réalisateurs pour présenter leurs films, et on encourage spectateurs et réalisateurs à participer aux rencontres, aux tables rondes et aux moments de fête.

Benoît Hické : Oui c’est l’intérêt d’un festival à taille humaine, on a le temps de soigner chaque rencontre, chaque échange avec les réalisateurs ou artistes, chaque présentation, d’échanger directement avec le public et d’avoir des retours immédiats, sans filtre, sur la programmation. Penser un festival, c’est de plus en plus bâtir un moment social, c’est recréer des expériences collectives.

@Teddy Morellec

 

Pour finir, F.A.M.E 2019, à quoi faut-il s’attendre ?

Olivier Forest : À une belle édition, à des rencontres, à des découvertes … et à des surprises !

Benoît Hické : On l’espère, des salles pleines et vivantes, des rencontres animées, des conversations endiablées autour des films, et surtout les bases d’un développement pour les éditions futures.