Voici nos six concerts favoris des auditions parisiennes des Inouïs du Printemps de Bourges
Musique - 09.3.2021
Entre coups de coeur et diamants à polir, voici notre compte-rendu de nos deux jours de présence aux auditions parisiennes des Inouïs du Printemps de Bourges, qui se tenaient du 1 au 5 mars 2021 à la FGO Barbara. Un chouette moment pouvant être résumé avec la phrase suivante : on veut des concerts debout.
HUM BEAUTE MA CHERIE
La tâche délicate d’ouvrir le bal et d’être la première de nombreuses performances revient, cet après-midi du 4 mars, au projet Hum Beauté Ma Chérie. Timbre du même velours que la voix de Pauline Croze en poche, l’artiste présente des titres pop et soul, dont les singles « Montagne Triste » et « Ostinato ». Une fois au clavier, sinon debout micro en main, la participante ne s’accompagne que de la productrice Kely Boy, qui du fond de la scène, assure les enregistrements sur lesquels la chanteuse pose sa voix. Dans le cadre d’auditions et donc fatalement de compétition, le coup de cœur n’est pas vibrant. La voie reste la bonne, et davantage d’affirmation, aussi bien dans les compositions que dans la prestation, pourraient changer la donne.
OTTIS CŒUR
Rares sont les frustrations plus grandes encore que celle de n’avoir pu se lever et danser dès les premières notes émises par Ottis Cœur. L’une à la basse, l’autre à la guitare, le duo entonne essentiellement en chœur des hymnes rock qui parcourent la salle d’un frisson immédiat. Le talent et l’innovation indubitables des compositions sont sublimés par la camaraderie évidente des deux artistes. L’allure de simplicité qu’arborent les complices qui s’éclatent sur la scène semble faire l’unanimité. Si les mouvements de foule sont limités en 2021, on a checké : toutes les têtes étaient hochées en rythme. Une raison de plus d’avoir hâte, très hâte au retour des concerts debout, parce qu’Ottis Cœur mérite de rugir plus fort que ça.
KLON
Occupant l’entièreté de la scène, la grande fratrie (sept frères et sœurs !) débarque, maquillée et fringuée, annonçant la couleur du projet : l’excentricité est au rendez-vous. Du moins, dans l’apparence de chaque membre du collectif. Ce que Klon propose musicalement n’est pas dénué de saveur, mais on regrette de n’avoir jamais vraiment décollé à bord de leur vaisseau. L’intention et l’aplomb sont présents, donnant à la prestation un intérêt qui n’est pas négligeable. Néanmoins, l’impression de rester sur sa faim demeure. Une prise de risque et un décalage dans leurs compositions à la hauteur de l’apparence du groupe pourraient octroyer à Klon la singularité à laquelle ses membres aspirent.
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M LE MAUDIT
Il est un peu plus de 18h15 lorsqu’il débarque sur la scène de FGO Barbara, sous le son anxiogène d’une introduction de reportage type Enquête Exclusive sur la Colline du Crack. Prods couleur vantablack et punchlines parfum sprite-codéine, M Le Maudit – pseudonyme qu’il tient du célèbre film de Fritz Lang – dispose de plus de flows dans ses cordes vocales que de balles dans le chargeur de l’AK-47 mimée par son backeur Derka, avec qui il écumait les open-mics du vingt-moins-un au sein du collectif LTF. Celui qui conte les malheurs du XIXème avec un oeil quasi-documentaire nous balance un set de Crack Poésie de haute intensité, mais qui laisse cependant un goût amer dans la bouche : qu’est ce qu’on aurait aimé pouvoir se lever de nos chaises pour turn-up sur scène…
VIKKEN
Lumières rouges et basses noires, le set de Vikken – activiste trans et DJ donnant dans la techno plus sombre qu’une nuit à Pigalle – aurait rendu Stendhal fier. Mélangeant des sonorités acouphéniques, parfois presque étouffantes, avec un spoken word légèrement éthéré et terriblement hypnotique, Vikken nous transporte dans la mélancolie d’une backroom vide. Une mélancolie que l’on retrouve par exemple dans sa reprise “très personnelle” de Pass This On, de The Knife, mais aussi dans cet objet musical non identifié où, document officiel à la main, il récite machinalement le discours surréaliste tenu par un officier d’État Civil qui ne cesse de lui demander “monsieur ou madame, qui êtes-vous ? Vous n’êtes pas la personne que vous prétendez être“. Dans la liste des raisons de demander une réanimation rapide du monde de la nuit, on peut désormais ajouter Vikken.
MOÏSE TURIZER
Le ton est donné avant même le début de la performance : alors que l’on nous distribue de petites lampes de poche “pour faire des jeux de lumière” et que les techniciens s’occupent de finaliser l’installation de la scène, l’un d’eux lâche un petit “ça va être la guerre tout le set ?” qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Effectivement, Moïse Turizer, c’est la guerre. Leur uniforme de combat ? Une combinaison réflective, pas le meilleur des camouflages, sauf si vous êtes sous les bombes sonores envoyées par le duo adoubé par Daho. Leurs armes ? Des percussions à vous faire exploser le crâne, une voix perçante comme une balle de 12,7mm, des synthétiseurs plus froids qu’une pluie de novembre et des guitares qui grincent plus que la porte d’un tank. Ian Curtis peut dormir sur ses deux oreilles, la cold-wave se porte très bien. Moïse Turizer ? More like Noise Turizer !
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Raphaëlle Berlanda-Beauvallet et Jules Vandale