Biaziouka, entre l’Italie et le Maroc son coeur balance (et le nôtre flanche complètement)
Musique - 30.11.2020
Grillz, bagues, henné sur les mains, en veste en cuir ou en djellaba. On vous présente une jeune femme à la voix d’or, aux textes percutants et au coeur errant entre l’Orient et l’Occident.
Biaziouka est sortie de sa chrysalide, ce n’est pas pour rien que son premier EP s’appelle Faracha (papillon en arabe). Sara Bia (de son vraie nom) incarne à elle toute seule l’émancipation féminine, la fragilité des sentiments, la musicalité de l’Italie et la beauté du Maroc.
“Je ne comprends pas ce qu’il se passe autour de moi c’est trop flou” (paroles de Plug)
Ado, Biaziouka quitte son petit village d’Emilie-Romagne en Italie pour s’installer en France. L’installation fut difficile mais tant pis pour les jaloux qui la voient sortir de l’anonymat aujourd’hui. Elle réussit à apprendre le français en cinq mois, obtient son bac et rentre en BTS de mode. Une cover de Khalid postée sur les réseaux et la voilà invitée en studio, ce fut une révélation. On la compare alors à de grandes chanteuses méditerranéennes comme Dalida ou Mina.
“C’est pour ça que le symbole du papillon symbolise une vraie évolution, mon émancipation, j’ai vécu des hauts et des bas, j’ai réussi à franchir des étapes”
Multiculturalisme solaire et poétique
Aux croisements du Maroc, de l’Italie et de la France, la nouvelle recrue du label Bluesky jongle entre ses trois cultures, dans le clip de Habiba elle porte une veste en cuir en hommage à Toto Riina (aka un des membres les plus influents de la mafia sicilienne), juste après on la voit en djelabba, dans Speranza elle chante l’espoir en italien et dans tous ses sons on l’entend roucouler avec l’accent marocain.
Fière de ses origines, la styliste bénit ce multi-culturalisme et a même choisi son nom de scène en hommage à ses parents. Si elle est si à l’aise avec cette richesse c’est parce qu’elle se définit ainsi : “Enfant du monde avec plusieurs textures et surtout sans limite”.
“Ce monde de Sheitan et Strass”
(paroles de Plug)
Cette revendication naturelle et incarnée passe aussi par des influences musicales d’hier comme Abdel Halim mais aussi actuelles comme celles de la trap orientale dont elle est proche, comme Snor, Issam, Mahmoud, Ghali, Laylow ou Tawsen avec qui elle se voit bien collaborer, comme elle nous le confie : “Je vais sortir des dingueries, ça peut être une vraie fusion.”
“Habiba, te prends pas la tête, Habiba, laisse-les parler”
(extrait du titre Habiba)
Féminisme et Sororité
Biaziouka c’est aussi une femme qui s’assume, valorisant sa féminité, son style, et ses sentiments, c’est important, son message est clair:
“Toutes les femmes doivent parler, il faut parler, dire si ça ne va pas, faut réagir, même si on ne connaît pas la personne, il faut se soutenir, ça va être quoi après ? On a le droit de porter ce qu’on veut, j’ai peur mais j’ose, dans le métro, des mecs te prennent en photo, pourquoi personne ne réagit ?! Réagissez, n’ayez pas peur.”
Habiba est ainsi un son en hommage à sa sœur, avec qui elle a tourné le clip. Elle choisit ainsi de détourner les codes, le terme affectif habiba faisant habituellement référence à une relation amoureuse hétéronormée. Le message est fort, faire reprendre confiance à sa sœur @hibabia (comédienne et humoriste) qui a été harcelée sur les réseaux sociaux.
“Je parle de ma sœur, son histoire, de ceux qui lui ont fait du mal, ceux qui l’ont harcelée, je voulais qu’elle comprenne le principal, elle a compris le message, je voulais qu’elle voit qu’il y a des choses qui n’en valent pas la peine.”
Voir cette publication sur Instagram
Poésie du sentiment
Sa poésie est sincère, son écriture actuelle et elle cherche à ce que son public s’émancipe de la peur d’aimer : “on a peur d’avoir ce sentiment, de le regretter, l’amour est un sentiment qu’on fait sembler de cacher et on va pas y arriver si on se cache et si on fait semblant.”
“Courir après toi juste pour me faire mal,
Je changerai jamais, tu savais
J’entends ta voix quand je suis dans le noir”
(paroles de Collusion)
Dans Collusion, Biaziouka évoque aussi le fait qu’on ne change jamais, qu’on doit s’assumer, qu’il ne faut pas parler en @, elle voit le regret comme une chose qui peut même être bénéfique : “Tous nos regrets, finalement, forgent la personne qu’on est aujourd’hui, le regret ça peut-être positif”.
Voir cette publication sur Instagram
Des rêves à portée de main
Dans un avenir proche, viendra la scène et on la lui souhaite et on sera là, la jeune femme de 25 ans attend la connexion avec son public, voyant chaque personne qui l’écoute comme une richesse, elle compte saisir sa chance, et son rêve : la fameuse session berlinoise COLORS, est peut-être juste à portée de main :
“Colors c’est mon rêve, mon but ultime, on prend les gens pour leur univers, alors avec mon make up, mon Henné … Inch’allah”
L’EP Faracha de Biaziouka est disponible en ligne ici.
Abonnez-vous à notre POP NEWS hebdomadaire ici.
Marie-Gaëtane Anton