On a parlé érotisme, désir et félin avec l’illustratrice Charlotte Chauvin
Arts - 28.11.2019
La française Charlotte Chauvin (aka Chaa Coco) nous régale avec des images pleines d’esprit et de sensualité, croquées à l’encre de Chine ou au crayon à papier… et non sans rappeler ceux d’un certain Cocteau. Rencontre.
Après vous avoir présenté les portraits de Victoria Dorche (et ses jeux de tarots), des tatoueurs Carlo Amen et Zombie Tears, et de la street artiste Megumi Nemo, c’est le tour de l’illustratrice Chaa Coco (alias Charlotte Chauvin), installée depuis bientôt 10 ans à Bruxelles en Belgique.
Quel est ton parcours artistique ?
J’ai fais un bac STI arts appliqués, ensuite un BTS communication visuelle. Ensuite je suis partie en Belgique pour faire une licence et un master dans une école d’Art en « Pratiques artistiques et complexité scientifique ». Et maintenant je suis libraire.
Jean Cocteau revient beaucoup dans tes influences. C’est un mentor ?
Je regarde beaucoup, mais alors beaucoup de choses, dans les livres, sur Instagram, Pinterest, etc.
Je me nourris un peu de tout. J’aime énormément le travail de : Miki Kim, Roman Muradov, Maria Ines Gul, Mari Kanstad Johnsen, Aude Picault, Wilfrid Wood… et dans les classiques, je suis en admiration devant les gravure de Picasso, et les dessins de Cocteau, Andy Warhol, Klimt et Egon Schiele. Cocteau n’est pas vraiment un mentor, je pense que les gens ont fait ce lien spontanément, mais il ne prend pas plus d’importance que les autres artistes dont je me nourris.
Tu publies quasi quotidiennement sur instagram des images avec beaucoup d’humour ou d’ironie. D’où te viens l’inspiration ?
Le quotidien est plein de ressource, les amis aussi. Il suffit d’être attentif à ce qui se dit. On arrive toujours à trouver des sautes d’humour et d’humeur, qui sont chouettes à illustrer.
Instagram c’est devenu un outil indispensable en tant qu’illustrateur ?
Instagram a bien réussi son coup pour les addicts des images comme moi. Un vrai piège pour mon cerveau reptilien. C’est facile, ludique, les connexions se font rapidement…
Tu préfères l’encre de chine à beaucoup d’autres techniques ?
J’aime l’encre et le crayon 2B (ndlr un crayon gras). Surtout car se sont deux techniques simples, et les seules que je maîtrise vraiment.
Le noir et blanc se suffit dans beaucoup de tes œuvres, un choix ou une contrainte ?
Les deux! J’aime le contraste qu’apporte le noir et blanc, et j’arrive à rien en couleur. C’est un peu frustrant d’ailleurs.
Il y a un message féministe ou engagée ?
Je suis féministe, ça c’est sûr. Mais je ne suis pas très engagée, dans le sens militant. Je m’engage à ma manière, un peu discrète. Il est probable que mes dessins en disent plus long que moi…
Tu travailles aussi sur des dessins où l’érotisme est assez subtile et élégant, c’est comme ça que tu le vois ?
L’érotisme et les questions du désir sont primordiales pour moi. Tout comme la douceur et le respect. Mes dessins je les fais pour titiller l’imagination, il ne faut pas tout dévoiler, sinon le plaisir est gâché.
C’est une manière de décomplexer le sexe au féminin selon toi ?
C’est un moyen de montrer que les femmes ont des désirs, qu’elles ne sont pas passives. La femme peut s’approprier le territoire du sexe. Explorer cet espace n’est ni vulgaire, ni asservissant, ni humiliant. C’est ça que j’essaye de dire.
Ton chat est souvent représenté dans tes dessins, un autre sujet de prédilection ?
C’est parce que c’est le plus bel animal au monde.
En vrai je me sers de lui comme interlocuteur. Ou pour certaines conversations que j’ai, je les illustre avec des chats, ça rend le contenu plus universel.