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[POP TALK] Le club parisien Concrete ne compte pas baisser le rideau

On a essayé de débroussailler le terrain quant au “Concrete Gate”, en donnant la parole à Aurélien Dubois, PDG de l’agence Surpr!ze et son équipe, qui comptent bien faire perdurer leurs soirées sur la barge ! 

Comme nous le savons tristement déjà tous, Concrete, la boîte mythique de Paris où les meilleurs DJs du monde entier, tous styles confondus se succèdent, est menacée d’expulsion par le propriétaire de la barge, la société Bateaux de Paris et d’Île de France (BPIF). Alors que tout devait marcher comme sur des roulettes jusqu’en 2035, le propriétaire en a décidé autrement à coups de sommation de quitter les lieux…

Difficile d’avoir des infos, donc on a tâtonné pour mener notre enquête, en en profitant pour poser des questions sur la situation de la fête et de la nuit à Paris ces temps-ci, voici notre interview :

1/ Les nombreux soutiens que vous avez reçus et la mobilisation générale en votre faveur ont-ils changé quelque chose dans vos échanges avec le propriétaire, si tant est qu’il y ait un dialogue entre vous ?
Ils ont eu d’abord pour effet de nous rassurer et de nous donner du baume au cœur. C’est un vrai plaisir quotidien de lire les messages de soutien, qu’ils viennent de clubs, d’artistes, de média, du public et des autorités publiques. Nous espérons simplement que BPIF réalise cela et à quel point il est essentiel de sauver un établissement comme le notre, aussi soutenu.

2/ Est-ce que vous pensez que ce qu’il se passe actuellement pour Concrete est un événement isolé ou que ça a plus d’ampleur ? Je pense notamment aux fermetures de nombreuses soirées en warehouse comme Pisica, Organik, Possession…
Ce n’est pas le même contexte, cette affaire s’inscrit dans un sujet de désaccord concernant un bail et elle est donc du droit privé. Cependant les difficultés rencontrées par les warehouses quant à leur interdiction pour de multiples raisons, nous montrent que même en respectant toute la réglementation nous ne sommes pas à l’abri de subir des attaques. L’organisation de soirées de qualité à Paris reste un combat parfois lourd à porter.

3/ Avec tous ces coups durs, pensez-vous que la scène électronique parisienne soit réellement menacée ? 
Nous constatons surtout que la nuit parisienne s’est réveillée, les clubs et organisateurs se multiplient et c’est tant mieux pour le public ! Il faut simplement rester vigilant à ne pas faire machine arrière et mettre des bâtons dans les roues à ceux qui veulent faire vivre cette effervescence.

4/ Vous n’avez aucune idée de la raison pour laquelle on vous traite de la sorte ?
Au regard des relations que nous avons construit avec BPIF depuis 2012, nous sommes surpris de la méthode opérée par BPIF pour nous expulser et ne comprenons nullement leur attitude.  Nous sommes totalement abasourdis.

5/ Vous pensez qu’il y a une réaction panique après le commencement des samedimanches ? Une sorte de méfiance qu’on entretient en France contre la nuit de manière générale ?
Samedimanche est une première sur le territoire français. Cette avancée pour les nuits a été saluée à de nombreuses reprises et particulièrement par la Maire de Paris, Anne Hidalgo, Frédéric Hocquard (Adjoint à la Maire de Paris chargé de la vie nocturne et de la diversité de l’économie culturelle), Jack Lang (Président de l’ Institut du monde arabe) et nombreuses autres personnalités. La nuit, les nuits restent un sujet qui provoque sans cesse et depuis de longues années des débats. Il s’agit encore une fois d’une procédure privée, donc aucunement liée à des formats que nous avons pu mettre en place.

6/ Vous avez une solution de repli, un lieu de chute, si jamais vous perdez la bataille ?
Notre priorité actuelle est de rester concentrés pour que l’activité de Concrete continue son exploitation de façon tout à fait normale par respect pour notre public et pour les artistes qui viennent jouer à Concrete. On est 100% focus là-dessus pour le moment.

7/ Quel est, selon vous, l’avenir de la nouvelle génération de professionnels de la nuit face à une telle réprimande de la fête en warehouse et en club ?
Cette génération va se professionnaliser de plus en plus, elle le fait déjà. Elle doit juste être consciente des risques qu’elle encourt et garder l’ambition de réussir de belles fêtes. Nous les soutenons d’ailleurs souvent en proposant à ces jeunes collectifs de venir s’exprimer à Concrete !

8/ Comment faire pour redorer le blason de la musique électronique en France et à Paris, si tant est que ce soit le problème ? 
La musique électronique est justement en plein essor, le public étranger accourt à Paris, il faut continuer sur cette lignée. Et nous pouvons à nouveau rivaliser avec les emblématiques capitales house et techno du monde entier.

9/ A votre avis, pourquoi a-t-on de tels problèmes à Paris tandis que des villes comme Berlin ou Amsterdam ont développé de façon positive le monde de la nuit, pour en faire une force touristique et culturelle ?
Ces villes ont un historique de plus de 30 ans de développement non-stop avec un réel soutien aux initiatives électroniques. Amsterdam et son Amsterdam Dance Event par exemple prouvent bien qu’ils ont un niveau d’avance côté professionnalisation.

Pour ce qui est de Berlin, c’est également intimement lié à son histoire, mais l’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs. Beaucoup de clubs font face à des promoteurs immobiliers qui menacent leur existence, et ça risque de s’intensifier.

Nous pouvons donc être fiers que Paris soit sur une si belle pente ascendante, nous devons juste renouveler nos efforts pour y rester !

10/ Avez-vous quelque chose à ajouter, un message à faire passer ?
Tous ceux qui désirent que Concrete continue d’exister peuvent nous apporter leur soutien en signant la pétition et venir danser tous les week-ends  : https://www.change.org/p/l-opinion-publique-concreteparissupport

 

 

Talk Louise G.