Aidan Knight, un songwriter solitaire qui nous veut du bien
Musique - 07.9.2020
On vous en parlait dans les sorties de la semaine, notre gros coup de coeur de la rentrée c’est Aidan Knight, ce preux chevalier du songwriting canadien qui revient avec un quatrième album éponyme. Rencontre.
On a un peu l’impression d’être à la ramasse, quoi déjà 4 albums ? Mais pourquoi ne pas avoir entendu parlé plus tôt d’Aidan Knight ? Nous avons remédié illico à cette lacune en interviewant à distance (Covid oblige) cet auteur compositeur interprète de la côte ouest du Canada.
Plus intime que jamais, Aidan se confie sans fard dans cet ouvrage éponyme qu’il a commencé à écrire à Berlin, là où il a tenté de s’installer avec sa petite famille en 2016 et qu’il a terminé sur l’Ile de Vancouver, son bled natal (dans lequel est retourné vivre seulement 18 mois plus tard). Ce nouveau disque marque également une nouvelle page dans sa vie personnelle : il est devenu père et a arrêté de boire, un tournant qui lui réussit plutôt bien !
“La première impulsion de cet album c’est le sentiment d’être perdu dans un pays étranger”
Quel a été l’idée originelle pour ce nouveau disque ?
Aidan Knight : La première impulsion de cet album c’est le sentiment d’être perdu dans un pays étranger, après avoir joué en tournée, chaque jour de la semaine 4 mois durant et dans des pays différents. J’ai vraiment beaucoup de respect pour les groupes qui peuvent tourner 6 ou 7 mois par an et qui ont encore de l’énergie pour faire un disque ou avoir des hobbies.
Cet album est un de tes premiers ouvrages réalisé en solo, n’est-ce pas ?
Je travaille en solo depuis un moment déjà. Un ami est venu pour jouer de la batterie sur certaine chansons. Un autre a chanté sur d’autres. Ma femme Julia s’est retirée de la musique (enfin c’est ce qu’elle dit) mais il est possible qu’on refasse de la musique ensemble un de ces quatre. J’adore faire de la musique avec elle, mais seulement quand on est vraiment inspiré pour bosser sur des chansons.
Tu as déclaré que c’était un album moderne, influencé par tes mentors. Quels sont-ils ?
J’ai écouté un peu de David Bowie et de Queen, mais aussi Randy Newman et Nina Simone. Neil Young et Joni Mitchell. Le thème du film Jurassic Park. Une pub passée à la radio pour un magasin de meubles. La voix de ma mère. Tout ça est important pour moi.
Après le premier titre du disque, très Beatlesien et dédié à ta fille (Julia in the garden), le second La La , prend un ton très pop et léger, tu peux nous dire de quoi ça parle exactement ?
(rires) Ça parle du fait d’être si triste que tu as besoin de parler à un psy, et de combler tout ce vide de ta vie en faisant du shopping, et acheter des trucs dont tu n’as pas besoin…
Le titre Veni Vidi Vici parle de ton expérience à Berlin ?
Veni Vidi Vici, c’est la dernière chanson que j’ai composée pour ce disque. C’est un mantra pour rester honnête avec soi-même. Ne pas laisser les pressions extérieures faire de vous “quelque chose que vous n’êtes pas’ (“something you’re not” pour reprendre les paroles). Les gens qui contournent l’étiquette, le genre, les règles conventionnelles en musique etc… J’aime et j’essaye d’être ce genre de personne.
Le titre Veni, Vidi, Vici c’est un mantra pour rester honnête avec soi-même.
Tu es reparti vivre sur l’Ile de Vancouver, après avoir tenté de t’installer avec ta petite famille à Berlin en Europe. Pourquoi ?
Je vois Berlin comme un “accélérateur” comparé à l’Ile de Vancouver. Le rythme de vie est différent. Si on peut faire une généralisation, quand on vit sur une île, le temps passe plus lentement et on a moins de pression. Partir habiter à Belin était un rêve qui ne s’est pas terminé comme je pensais, mais je suis content qu’on ait essayé, c’est bien d’essayer de nouvelles choses.
“Quand on vit sur une île, le temps passe plus lentement et on a moins de pression.”
En parlant d’isolement, comment as-tu vécu cette quarantaine d’un point de vue créatif ?
Je n’ai rien écrit ni composé durant ses 10 derniers mois. Le processus d’écriture est vraiment capricieux chez moi, et ça me prend du temps de trouver une idée et d’écrire dessus. Peut-être que l’année prochaine, j’essaierai de faire quelque chose de nouveau.
Et les concerts ne te manquent pas ?
Je suis plus un artiste de studio. Je suis pas très à l’aise sur scène tout comme mes collègues. J’aimerais l’être et j’aime vraiment ces sensations qui vous viennent quand je joue mes chansons devant un public. Mais ce n’est vraiment pas ma zone de confort.
Comment tu vois le statut d’artiste musicien en 2020 ? Maintenant qu’on doit tout faire à la fois, musique, marketing, image…
Ce n’est pas une solution viable pour mon travail. Je ne peux pas être un chanteur, un musicien, un ingénieur un producteur, un mixeur, l’assistant DA et le biographe, tout comme l’équipe marketing et le service client. Mais c’est comme ça que la musique d’aujourd’hui a l’air de fonctionner. Je reçois heureusement pas mal d’aide de mon label, manager et agent de booking. Je serai foutu sans leur aide.
Et ton rapport aux fans ? Tu le vis bien ?
J’aime bien parler avec des gens en ligne, mais les réseaux sociaux demandent un rythme et un niveau d’attention qui sont durs à tenir pour moi. Je suis une personne assez repliée sur soi-même, alors partager tout avec des étrangers c’est vraiment pas mais nature première. Mais j’essayerai. C’est toujours bien d’essayer de nouvelles choses :)
Vous pouvez suivre les aventures d’Aidan Knight sur son compte Instagram.
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Abigaïl Aïnouz.