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Les salles de concerts toujours dans le flou : “Nous avons le sentiment d’être écoutés mais pas forcément entendus”

La cave aux poètes (Roubaix), vue de l’extérieur – Crédits : Romain Henning – source France Culture

Rencontre avec Nicolas Lefèvre, directeur de la Cave aux Poètes et fraichement élu au Bureau National du Syndicat des Musiques Actuelles, pour évoquer la gestion de la crise du Covid. 

Le festival émergent CROSSROADS des Hauts-De-France se déroulera du 8 au 11 septembre. Une édition 100% en ligne côté concerts, mais pas pour ce qui est du confinement des esprits ! Et si on vous a déjà dévoilé ici le line-up des lives, c’est au tour du programme des rencontres professionnelles d’être présenté. Ces conférences seront elles accessibles en IRL (dans différents lieux culturels de Roubaix).

Avant de pouvoir participer à ces tables rondes, nous sommes partis à la rencontre d’un acteur culturel important des Hauts-de-France. Il s’agit de Nicolas Lefèvre, directeur de la Cave aux Poètes, salle de concert mythique à Roubaix depuis 1994, mais aussi membre du Bureau National du SMA (Syndicat des Musiques Actuelles). Nous sommes revenus ensemble sur la gestion de la crise du Covid.

“Attendre que le ciel se dégage un peu”

Comment la Cave aux Poètes soutient la jeune scène musicale ?

Nicolas Lefèvre : Son objectif principal se décline en 3 axes : la création jeune public en musiques actuelles, les cultures urbaines et l’accompagnement vers la professionnalisation.

Nous possédons une jauge de 200 personnes sur une métropole européenne de Lille de 1, 2 millions d’habitants donc notre programmation est tournée vers la scène émergente nationale et internationale. En première partie de ses artistes émergents, nous programmons systématiquement des artistes issus de la région des Hauts de France. Le métier de la Cave aux Poètes est de programmer les artistes de demain comme on a pu programmer à leurs tout débuts M, Louise Attaque, Mademoiselle K, Fakear, Lomepal ou encore Josman.

Nous n’accompagnons pas seulement la jeune scène musicale par la diffusion mais énormément sur l’accompagnement vers la professionnalisation grâce à des programmes différents qui vont d’une simple répétition scénique avant une tournée de concert, à un programme d’artistes associés pendant 3 ans comme nous le faisons avec Chamberlain actuellement.

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Stage Hip Hop Camp(US) – Jour 3 Après le beatmaking et l'écriture, un petit tour par les @ateliersremyco pour un ateliers graff en compagnie de @miaoutoo

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Comment avez-vous géré la crise du Covid en tant que responsable d’une salle de concert ?

Et bien, toute notre activité s’est arrêtée brutalement. Il a fallu encaisser la fermeture et l’arrêt de tous les projets en cours. La première semaine, on ne sait pas trop poser de questions, il y avait tellement de concerts et de projets à annuler ou reporter, rembourser les billets des spectateurs, annuler l’ensemble des fournisseurs qui gravitent autour d’une salle de concert que nous avons fait une semaine pleine et entière sans vraiment savoir ce qu’il allait se passer.

Ensuite, n’ayant plus grand chose à gérer, nous avons mis l’équipe permanente et des artistes et techniciens en chômage partiel et là, nous sommes rentrés dans une période inédite et étrange car on ne s’était pas encore complètement remis des attentats du Bataclan. Donc il a fallu beaucoup rassurer, prendre des mesures nécessaires et attendre que le ciel se dégage un peu avant d’entrevoir une reprise de l’activité.

Êtes-vous à l’initiative de projets pour sortir de cette crise ? 

Côté Cave, nous avons soutenu pas mal d’artistes et de producteurs de spectacles en laissant tomber des acomptes déjà payés à des agents, des cachets à des artistes, soutenir des magazines qui perdaient leurs achats d’espace à cause de l’annulation de la saison des festivals;

Ensuite, je suis élu au Bureau National du SMA (Syndicat des Musiques Actuelles qui regroupent 450 structures : salles, festivals, prods et radios indésirables) et donc nous avons été très pris par des bureaux de crise chaque semaine en visio afin de rassurer l’ensemble de nos adhérents mais aussi négocier avec le ministère de la culture sur l’application des mesures prises et à prendre.

🔴 [Communiqué – Tous pour la Musique]LA MUSIQUE SOUFFRE : LES SPECTACLES TOUJOURS À L’ARRÊT, SANS AUCUNE PERSPECTIVE…

Publiée par SMA – Syndicat des Musiques Actuelles sur Lundi 20 juillet 2020

Est-ce que des initiatives ont été mises en place pour soutenir, en local, le secteur culturel dans les Hauts de France ? 

Au niveau local, nous avons été assez vite rassuré sur le niveau de financement de la ville de Roubaix mais aussi par l’état et la Région. Le Centre National de la Musique a déployé un fonds de soutien en plus des mesures de droit commun pour toutes les entreprises.

Qu’est-ce que vous attendez de l’Etat comme mesure concrète ? 

La première mesure concrète qui nous manque est la visibilité quant à une date de ré-ouverture. Certains pays comme l’Allemagne, la Belgique ou les pays nordiques ont pris assez vite date pour la ré-ouverture et chez nous j’ai ressenti comme une incapacité à nous donner de la visibilité, à nous projeter dans un futur proche. Nous demandons à ce que la ré-ouverture se fasse en septembre prochain et ce, dans les conditions habituelles d’une jauge de concert. C’est-à-dire 3 personnes au m2 car le mètre de distanciation n’aurait aucun sens dans des concerts debout.

La deuxième mesure porterait sur un soutien financier plus important quand on sait que la Culture pèse 1,2 millions d’emplois en France. Quand je vois les milliards d’aide déployés dans l’automobile ou l’aéronautique, je ne comprends pas que l’État ne prenne pas davantage conscience du poids de notre économie directe et indirecte et des conséquences sur l’emploi qui pour le coup est 100% basé en France. Aujourd’hui, la musique via le CNM va être dotée de 50 millions d’euros et cela est très insuffisant pour le secteur.

Trouvez-vous que l’appel des indépendants de Lyon vous a été utile ?

Non pas spécialement, ce qui est utile c’est la fédération autour d’un discours commun entre tous les acteurs puisque nous pensons tous la même chose sur le catastrophisme financier à venir de notre secteur. Je veux dire que plus il y a d’appels, de communiqués de presse émanant de la plupart des acteurs regroupés et solidaires, plus nous avons le sentiment d’être écoutés mais pas forcément entendus.

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Nous y voilà : nous sommes 1000 structures culturelles et médias à avoir signé l’#appeldesindépendants ! Rejoignez-nous sur appeldesindependants.fr

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Demandez le programme des rencontres du Crossroads Festival

Si vous souhaitez entendre ET écouter les professionnels de la musique, on vous donne RDV aux Rencontres du festival Crossroads du mercredi 9 au vendredi 11 septembre. Au programme : des échanges autour de thèmes actuels touchant de près ou de loin le secteur musical et régional.

Toujours dans l’optique de pousser les jeunes artistes vers la professionnalisation, on retrouve dans les thèmes de ces débats “comprendre les parcours des musiciens aujourd’hui” mais aussi des RDVs avec une portée plus régionale tel que “L’export, une ambition pour les régions?”,La chaine de l’émergence : comment renforcer un écosystème régional?” ainsi que des sujets de santé : “La santé des musiciens : le réveil de la filière des musiques actuelles”. La question de la place des femmes dans les musiques actuelles se pose aussi “Plus de femmes dans les musiques actuelles : initiatives et actions concrètes”. Découvrez le programme complet et les intervenants présents ici.

Talk Talk #2 © Mathilde Oswald

Publiée par Crossroads Festival sur Dimanche 15 septembre 2019

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Margot Brunet-Debaines