L’étrange année de Tkay Maidza, jeune promesse rap australienne
Musique - 20.8.2020
La songwriteuse née au Zimbabwe sort un nouvel EP : Last Year Was Weird Vol.II, l’occasion de revenir sur le parcours d’une artiste engagée et en pleine quête de soi.
De la dance au hip-hop, du hip-hop à la pop, il semble que l’odyssée de la jeune Tkay Maidza soit sans fin. La mutation de sa musique va de pair avec la construction d’une personnalité hors norme que le succès prématuré a bouleversé.
Un univers en chantier
Des années bien étranges se sont écoulées depuis 2014. A l’époque, le public découvre une jeune australienne survoltée. Avec Uh-Huh, Do it right, titre mené aux côtés de Martin Solveig, puis Simulation, la notoriété de Tkay Maidza explose. L’artiste croule sous les projets alors qu’elle n’a pas eu le temps de construire son univers. Il faudra quelques années de pause pour qu’elle se trouve, qu’elle se retrouve.
“Je crois que dans ces premières années, je n’étais pas sûre de ce que Tkay voulait dire. Alors malgré le succès que j’avais avec ces chansons, je ne savais pas quoi en faire parce que je ne savais pas d’où je venais.”
TKAY MAIDZA
L’artiste fait ainsi une pause. Sur le plan professionnel et personnel, Tkay Maidza cumule les problèmes. Si bien qu’il lui est impossible de grandir, se comprendre et faire les bons choix. La trilogie Last Year was Weird est une véritable quête de soi. Elle tente alors d’identifier précisément ses idées, ses références pour mieux appréhender son futur.
Cocktail explosif
La chanteuse australienne construit donc un univers vaste où les genres se mélangent. Hip-hop, trip pop, rap, dance pop, elle fait de constants allers-retours tout en gardant une patte bien particulière. Pour elle, la cohérence de l’album tient aux producteurs qui l’ont entourée même si sa voix a évidemment permis d’unifier le tout. Mais c’est aussi parce que l’artiste décide de porter ce second EP dans une direction précise : des sons futuristes et organiques avec cette même énergie dont Tkay Maidza a déjà prouvé la maîtrise.
Elle développe aussi une esthétique forte avec par exemple Don’t call again, tournée chez elle en Australie à cause de la crise du Covid-19 (on vous en parlait ici). Après des heures de shooting sur fond vert dans sa chambre et plus encore de montage, le clip prend forme. Elle est co-réalisatrice aux côtés de Jordan Kirk et travaille avec le studio de graphisme Babekühl. Pour ce projet, ils font appel à de nombreux animateurs. Côté musique, la chanteuse accueille Kari Faux qui rappe sur le titre. Une petite pépite confinée dont on ne se lasse pas.
Touche à tout
Mais Tkay Maidza ne s’arrête pas là : l’artiste a lancé sa propre marque streetwear du même nom que sa trilogie. A terme, elle veut que le projet existe sur différents supports. Festivals, événements et marque de vêtements… Quand on demande à cette chanteuse touche à tout de citer ses marques préférées, elle manque de lignes. Ashley Williams London, Daily paper, Kids super, Maroske Peech, Collina Strada, Alexander Wang, mm6, Gucci, Chinatown market, Pleasures…
Si la jeune australienne sait tirer son épingle du jeu, c’est qu’elle n’en est pas à son coup d’essai. Depuis petite, elle baigne dans un univers musical : son oncle Andy Brown est un chanteur très connu au Zimbabwe. Une figure politique qui a largement inspiré l’artiste. Elle qui a longtemps peiné à affirmer ses propres opinions.
“Avant, je ne savais pas quel était mon message. J’avais peur de prendre la parole ou je ne voulais pas que les gens sachent ce que je pense parce qu’ils m’attaqueraient.”
TKAY MAIDZA
Le premier juin, Tkay Maidza s’est exprimée sur le mouvement Black Lives Matter sur son compte Instagram. Plus mature, elle est désormais prête à s’exposer à plus d’inconfort. Il faut dire qu’elle a bon espoir. L’artiste a l’intime conviction que l’on peut faire changer les mentalités même s’il s’agit du marathon d’une vie.
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Mathis Grosos