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Pour le Festival Circulation(s), le Centquatre-Paris s’attaque aux clichés

Dans la série “Cut it short” (en référence au postrzyżyny, tradition slave où les cheveux des jeunes hommes sont coupés pour montrer leur obéissance), Tomasz Liboska et Michal Solarski reviennent sur leur propre passé en Pologne.

Le centre culturel du 19e arrondissement accueille le festival circulation(s), une exposition des photographes émergents du collectif FETART à découvrir jusqu’au 9 août.

Souriez : après des mois de confinement, le petit oiseau va enfin sortir ! Le retour des expositions est timide mais bien réel. Pour cette reprise, le Centquatre-Paris a vu les choses en grand : 300 œuvres, 45 artistes, 39 projets et 16 nationalités représentées par le Festival Circulation(s). Une exposition inédite avec un focus sur la Biélorussie.

Agrandir la focale

Depuis 2008, le Centquatre-Paris réanime la vie culturelle du nord de la capitale. Photographie, arts plastiques, concerts et spectacles… La pluridisciplinarité est une véritable force de la structure. Avec cette exposition de l’association FETART, le Centquatre-Paris entend mettre en lumière les jeunes photographes. Créé en 2011, le Festival Circulation(s) permet aux talents de demain d’immortaliser le monde d’aujourd’hui.

Très souvent, l’image a permis de combattre les clichés. Offrir une interprétation du réel peut très vite revêtir une charge politique forte. Avec l’atelier Ceux que l’on ne voit pas, les artistes (Marinka Masséus, Schore Mehrdju, Maroussia Prignot et Valerio Alvarez, Anita Scianó, Maxime Franch, Joan Alvado et Anton Shebetko) entendent parler de sujets de société encore largement absents du débat public. Trisomie 21, situation des femmes au Tadjikistan, martyres, réfugiés, sans domicile fixe, dépeuplement en “Laponie espagnole”, communauté gay ukrainienne… Des situations parfois dramatiques dont les photographes dénoncent l’invisibilité.

The Last Man on Earth de Joan Alvado, un artiste basé à Barcelone qui signe un photo-reportage saisissant sur la “Laponie espagnole”

Voyage voyage !

L’image est aussi un moyen de voyager, de découvrir l’inconnu. C’est là l’un des objets de l’atelier Focus Biélorussie (Pavel Grabchikov,Ihar Hancharuk, Maxim Sarychau, Masha Svyatogor). L’occasion de détourner au passage une iconographie soviétique désuète mais aussi de se confronter à des paysages à couper le souffle.

Le voyage peut aussi se faire dans le temps comme en atteste l’atelier Le monde de demain (Henrike Stahl, Marie Lukasiewicz, Maija Tammi, Leevi Toija, Félix Von Der Osten, Eugene Martikainen et Debbie Schoone). Un retour vers le futur marqué par la menace de la catastrophique écologique. Par exemple, l’artiste allemande Henrike Stahl (actuellement exposée aux Magasins Généraux) laisse entrevoir la menace qui pèse sur les espaces naturels en déchirant et en froissant des souvenirs familiaux.

Maxim Sarychau s’interroge sur l’omniprésence de la surveillance dans l’espace public

Galerie des glaces

Les photographes n’ont pour autant pas besoin du futur pour coucher les imaginaires sur papier glacé. En puisant dans l’actualité, les artistes critiquent l’omniprésence de l’image sur les réseaux sociaux dans l’atelier l’image à l’excès (Norman Behrendt, Chiara Caterina, Anne Geene, Arjan de Nooy, Simon Menner).

La révolte est aussi formelle : les artistes refusent que les conventions plaquent les photographies contre un mur. Désireux de trouver des modes d’exposition alternatifs, les artistes explorent le sensoriel dans l’atelier explorations photographiques (Jan Hoek, Cyrille Robin, Margaux Senlis, Joeren de Wandel, Niina Vatanen, Ville Kumpulainen, Lana Mesic, Weronika Perłowska, Vincent Levrat).

Masha Svyatogor détourne des images de l’ex-dirigeant soviétique Leonid Brejnev.

Enfin, avec en quête de soi (Ioanna  Sakellaraki, Nicolas Serve, Chiara Avagliano, Marvin Bonheur, Vera Hadzhiyska, Tomasc Liobska Michal Solarski, Nathalie Déposé, Alba Zari, Marwann Bassiouni), les photographes se montrent plus sincères que jamais. Alba Zari part à la recherche de son père à l’aide de tests ADN et de modélisation 3D, Nicolas Serve se confronte au sujet de la dépendance au sortir de sa propre cure de désintoxication et Marwann Bassiouni questionne la place de l’Islam dans la société hollandaise… Plus que jamais, les artistes se mettent à nu. Devenir subjectif est un objectif radical.

Le festival s’invite à la Gare de l’Est

S’il n’y a pas de place dans votre agenda pour un détour dans le 19e, vous pouvez retrouver une sélection hors les murs avant votre train, gare de l’Est. L’occasion de retrouver le travail de Tamara Eckhardt et découvrir les communautés nomades irlandaises. C’est aussi l’opportunité de réfléchir sur l’habitat après de loin mois de confinement grâce à l’exposition de Sophia Jana Nolle qui confronte les abris de fortune des S.D.F. et les habitats bourgeois de San Francisco.

Ioanna Sakellaraki fait le deuil de son père en partant à la rencontre des pleureuses de la péninsule de Magne

Retrouvez le Festival Circulation(s) au Centquatre-Paris dans le 19e arrondissement jusqu’au 9 août. Amis artistes, sachez que le festival clôt son appel à candidature pour sa prochaine édition le 13 septembre prochain. Tout se passe ici.

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Mathis Grosos