General POP a désormais rejoint le réseau Prose On Pixels

En une planche illustrée, AJ DUNGO résume avec brio le burn out visuel du confinement

extrait de la planche de 8 vignettes dessinée par AJ DUNGO pour décrire sa quarantaine

Encensé lors du dernier festival de la BD d’Angoulême avec son roman graphique IN WAVESmêlant sa passion pour le surf et une émouvante love story, le Californien prend sa plume et son pinceau pour nous confier son quotidien en quarantaine.

Après avoir reçu les carnets de bords de nombreux musiciens, producteurs, aquarellistes et cuisiniers, General POP vous propose cette semaine de découvrir la vision de AJ DUNGO, un illustrateur, surfeur et auteur de BD vivant en Californie.

Adoubé par la critique et par le public avec son ouvrage IN WAVES (casterman) – où il mêle poétiquement sa passion pour la planche et une déchirante histoire d’amour avec une jeune femme atteinte d’un cancer – AJ DUNGO nous raconte ici en images et dans une lettre, sa vision du confinement, vécu de l’autre côté de l’océan Atlantique et surtout… derrière nos écrans.

Carnet de bord de AJ DUNGO 

“Ici en Californie,

Je considère que je fais partie de ceux qui sont plutôt bien lotis pendant cette pandémie. La chose la plus contraignante qui m’ait été demandée c’est de rester à la maison. C’est une requête plutôt simple car c’est comme ça que je fonctionne habituellement.

En tant que dessinateur freelance,

je travaille de la maison. Les diverses commandes et publications qui me sont réclamées n’ont pas trop changé mon rythme. Chaque jour suit sa routine : se réveiller, manger, bosser, manger, travailler, dormir. Parfois ma petite amie et moi, on va faire un tour à pieds ou en skate dans le quartier et pour faire des courses. Quand on rencontre d’autres gens, je ressens le besoin de prendre mes distances. J’ai maintenant développer une faculté certaine pour remarquer les citoyens qui ne portent pas de masques lors de mes excusions quotidiennes. Cette nouvelle qualité, d’être prudent, me surprend un peu. Ce degrés de peur chez les gens m’est étranger et ce n’est franchement pas très agréable.

Mes deux parents sont infirmiers…

… et on parle ensemble du flot incessant de la presse, de la situation désolante dans laquelle nous sommes, notamment du piteux état de notre système médical. Notre nation réticente à protéger ses propres travailleurs, les infrastructures totalement inadéquates du vieil hôpital dans lequel travaille ma mère, l’entassement et le rationnement des équipements de protection du personnel, l’idiotie des “leaders” de ce pays, la dépression imminente. La liste est longue.

Jour après jour,

Comme tout le monde, j’allume les écrans pour me distraire un peu. Ca peut être une erreur si vous êtes déjà complètement pris en étau dans cette crise. Morts, injustices, lutte des classes, manifestants anti-confinement, tout ce qui a suivi la diffusion de Tiger King (ndlr: le boom médiatique de la série diffusée sur Neflix)…

Ce n’est pas facile à digérer tout ça.

Les choses deviennent vraiment dures et j’ai le moral en berne quand je pense à notre planète. Je pense à tout ceux qui sont plus à plaindre que moi, ceux qui tentent de sauver des vies, et ceux qui sont en train de mourir lentement à cause de ce virus.

Et puis je me dis, quelle chance j’ai de rester à la maison.”

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par General Pop (@general.pop) le


Journey log-book of AJ DUNGO (version originale)

“Here in California, I consider myself one of the lucky ones during this pandemic. The most pressing thing that is being asked of me is to stay home. It’s a pretty simple request because that’s how I normally operate.

As a freelance illustrator, I work from home. Assignments from various publications trickle in at their usual pace. Every day has become a routine; wake, eat, work, eat, work, sleep. Sometimes my girlfriend and I will go for a walk or skate around the block or buy groceries. When we encounter other people I feel an impulse to keep my distance. I now have an acute sense of spotting unmasked citizens on our daily excursions. My new captious nature surprises me. This heightened fear of people is foreign and uncomfortable.

Both of my parents are nurses and we discuss the incessant barrage of daily news and the sad state of affairs that comprise our medical system. Our nation’s reluctance to protect it’s own workers, the inadequate facility of my mom’s old hospital, the hoarding and rationing of personal protective equipment, the idiocy of the “leaders” of this country, the impending depression. The list goes on and on.

Throughout my days, like everyone else, I’ll turn to screens to distract me. That can be a mistake if you’re already overwhelmed by the weight of this crisis. Death, injustice, class warfare, anti-lockdown protesters, tiger king follow up specials. It’s all too much to handle.

But when things get heavy and I’m feeling down about our planet, I think of those that are worse off than I am, those that are out saving lives, and those that are slowly dying from this virus.

Then think about how lucky I am that I get to stay home.”

Retrouvez d’autres carnets de bord.

Abonnez-vous à notre POP NEWS hebdomadaire ici.