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L’interview colorée de JAUNE : “c’est important de garder de l’émerveillement dans cette époque assez cynique”

Crédit : Romain Corvez

Jaune (aka Jean Thévenin) est batteur pour François & The Atlas Mountains, mais aussi à la tête de son propre studio et projet de pop naïve et colorée. A l’occasion de sa création aux Rencontres TransMusicales de Rennes, nous avons rencontré cet éternel enthousiaste.

Après un premier album salué par la critique (Procession en 2016) et un EP prometteur paru cette année (La Promesse), Jaune revenait sur le devant de la scène pour une création musicale inédite aux festival rennais des TransMusicales début décembre.

Inversant les rôles, il invitait François Marry, aux rênes des François & The Atlas Moutains, pour l’accompagner sur scène, ainsi que Ricky Hollywood, et Amaury Ranger (manager et leader de Babe, mais aussi musicien pour François), et la saxophoniste émérite Laura Etchegoyhen : “j’ai redécouvert mes morceaux, avec leurs contributions et leurs instruments organiques, et non plus seulement synthétiques”.

Initiée par le programmateur du festival Jean-Louis Brossard, cette création a émerveillé les festivaliers, et nous a donné envie de rencontrer son principal acteur, Jean pour une interview colorée.

Salut Jaune, on va faire une interview très primaire aujourd’hui, tu vas nous donner la signification des couleurs, dans ta musique mais aussi dans ta vie personnelle :

JAUNE : les débuts

Jean Thévenin : “Jaune, mon nom, ce n’est pas dû à la couleur. Etudiant j’étais animateur en centre de loisirs, je faisais du théâtre avec des enfants. Un gosse algérien ne parlait pas français et on est devenu proche. Il n’arrivait pas à prononcer mon prénom Jean, et il disait toujours “Jaune”. Tous les gosses m’ont donc appelé comme ça. J’ai gardé un super souvenir de cette action culturelle avec ces enfants. Et c’est resté. Jaune, ça me renvoie à cette énergie.”

BLEU comme l’infini

“Le bleu, c’est le ciel, la mer, c’est aussi le sentiment amoureux qui est infini. Sur le titre Le Plancton j’en parle, j’associe l’océan et ce sentiment. Dans la chansons Les Courants également.”

J’ai aussi un souvenir avec François (Marry), on a passé une nuit à la belle étoile sur une plage, et il m’a montré qu’en remuant l’eau, il y avait vraiment de la lumière à cause du plancton phosphorescent. Il nageait autour de moi et tu voyais son corps en lumière qui se déplaçait… C’était incroyable !

ROUGE : la passion

“Je l’associerai à la passion…notamment dans ce titre : Blessure de l’égo.”

VERT : son studio Tropicalia

“Dans mon studio à Pigalle, le Tropicalia, confiné en sous sol, il y a une tapisserie tropicale avec plein de feuilles, des oiseaux et des fruits… Je le partage avec David Sztanke de Tahiti Boy et j’y passe beaucoup de temps. C’est un lieu important dans ma création et celle de mes collaborateurs.”

VIOLET : un coucher de soleil

“Ça m’inspire un beau coucher de soleil, une belle fin de journée…. En parlant de belle journée, je suis en train de bosser sur un nouvel album, pour mai 2020. J’ai fait aussi pas mal de collaborations cette année, j’ai écrit pour le ciné, pour le théâtre, et produit des albums pour un comédien Gabriel Tur, inspiré par Connan Mockasin et Flavien Berger, une chanteuse australienne folk Annie Burnell, dans la lignée de Aldous Harding. Et Celia Millat, qui est plus synth pop.”

NOIR c’est la nuit

“La nuit. Une belle nuit. (“Jean, restera toujours positif” nous souffle sa manageuse). Le noir, ça permet aux yeux de s’ouvrir, de voir plus de choses, et la lumière on la voit uniquement si il y a l’ombre portée. Comme un négatif nécessaire pour voir quelques chose de positif. Le plancton par exemple, tu peux le voir que dans le noir !”

BLANC pour la première fois

“Le réveil, le moment où tu ouvres les yeux. La naissance, la première fois qu’on voit le monde. Ou le premier animal, le premier être vivant apparu sur cette planète (rires). On me dit souvent que je suis très enthousiaste et naïf. Quand je jouais avec Alex Beaupain d’ailleurs (pour la B.O. du film Les Malheurs de Sophie), il en riait tout le temps, lui aimant bien entretenir son côté dépressif, et c’est un sujet d’inspiration pour lui, et il se moquait de mon émerveillement permanent de la vie. Et ça c’est rien par rapport à ma mère ! Elle c’est puissance 10 ! Je crois que c’est important de garder ça, surtout dans notre époque assez cynique.”

ORANGE : les orangers de Rome

“Beau lever de soleil cette fois ! L’aurore ! ou un bel oranger aussi, très fourni comme à Rome où je me rappelle en avoir vu sur les hauteurs de la ville. C’était une belle promenade à faire ! Magnifique ! On a fait une résidence à la Villa Médicis (ndlr à Rome) avec François & The Atlas Mountains d’ailleurs. On a joué au festival Villa Aperta, et c’était incroyable ce jardin et d’habiter là bas durant le séjour.”

ROSE : l’aurore

“Je pense encore au lever du jour et à Homère dans Ulysse : “l’aurore aux doigts de Rose”. Cet aurore, c’est énergétique. Pourtant je ne suis pas du genre à faire des salutations au soleil… Comme François Marry (rires). Mais ce truc de se faire dorer au soleil, de capter toute cette énergie, quel bonheur !”

MARRON : l’automne

“J’aurais dit les feuilles d’automne, je crois que c’est ma saison préférée, je ne pense pas que ça soit mélancolique, je crois que c’est Francis Ponge dans un poème qui dit “tout l’automne à la fin n’est plus qu’une tisane froide” et je trouve ça beau, cette saison.”

GRIS : l’hiver

“On parlait de verdure toute à l’heure, et forcément ça me manque à Paris… Ma mère habite dans un corps de ferme dans les Yvelines et j’y ai passé mes années collège et lycée, et j’y ai appris la batterie dans une grange. Il fallait se motiver et taper fort l’hiver car c’était pas chauffé. C’est mon premier instrument la batterie, après j’ai voulu découvrir d’autres choses, mais j’ai toujours ce sentiment de confort quand j’y reviens. Et souvent en concert, je me remets aux percus’ un moment.”

En écoute : le premier album Procession et l’ep La Promesse, sur toutes les plateformes de streaming

Abigail Ainouz