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Vetements SS20 : Cynisme ou génie ?

Le dernier défilé de la marque de Demna Gvasalia interroge

La mode est une industrie très libre. Elle laisse parfois place à des collections absurdes et incongrues qui ne font pas toujours l’unanimité chez les érudits. Si vous étiez sur les Champs-Élysées le jeudi 20 juin dernier aux alentours de 20h30, vous avez sûrement pu apercevoir des silhouettes punk, oversize, colorées et des modèles vêtus d’uniformes en tous genres, tout droit sortis du McDonalds. N’ayez crainte, c’est là l’exemple parfait d’une partie de l’extravagance du monde de la mode. 

Pour sa collection Spring/Summer 2020, Vetements a misé sur la provocation : préservatifs envoyés en guise d’invitations,  « Kapitalism », « Global Mind Fuck » et autres thèmes incisifs inscrits, en gras, sur les serviettes de table. Ces éléments interrogent sur le rôle de la marque dans les affres de la mode.

La collection a un côté rebelle totalement dans l’air du temps. Des pièces chinées en friperies, des surplus d’uniformes récupérés, détournés et adaptés aux tendances. Demna Gvasalia, le styliste de la marque, nous y a déjà habitué. Mais le défilé va plus loin dans l’impertinence et propose des outfits encore plus osés, colorés, disproportionnés, tout droit venus d’une autre planète. Des policiers, des gardiens de nuit et des serveurs de fast food mêlés à des modèles féminins zébrés de la tête aux pieds. Quoi de plus cohérent ? 

Toutes les pièces ont été rapiécées avec le logo “Vetements” tout en détournant les logos d’Heineken ou de Planet Hollywood. Des autocollants et messages brodés sur les vêtements « Bonjour, je suis le capitalisme », « Global Mind Fuck », le logo « PlayStation » transformé en « Paystation » ou encore le logo d’Internet Explorer tourné en « Ecstasy ». Demna Gvasalia n’a pas froid aux yeux. 

Cette collection est clairement anticapitaliste avec un message violent. Peut-être même un peu trop compte tenu de la tournure qu’a pris le défilé. Les modèles marchent en envoyant des messages, en mangeant des frites avec une allure violente et agressive. 

Après ce défilé, on se demande quoi penser. On est mitigé entre cynisme et ironie. Soit Demna Gvasalia est un brillant créateur plein d’autodérision puisqu’il critique le système auquel il appartient (il est aussi le directeur créatif de Balenciaga, qui appartient au groupe pas franchement anti-capitaliste Kering) et dont il est un puissant acteur par ses collections fun, colorées, disproportionnées ; soit il méprise entièrement l’industrie de la mode et l’utilise à des fins personnelles et politiques. 

A côté de ça, le Swedish Fashion Council, le conseil de la mode suédois, a annoncé avoir annulé la Stockholm Fashion Week censée se tenir fin août, pour sauver la planète et dénoncer une industrie qui surproduit.

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