General POP a désormais rejoint le réseau Prose On Pixels

[POP CREW] Bel Air : le collectif éclectique qui donne un nouveau souffle à la trance

La Darude, c’est une série de soirées qui réunit eurodance, trance music et esprit kitsch tout droit sorti des 90s. Derrière la Darude se cache le collectif Bel Air, qui sévit dans le game parisien depuis 2013.

On s’est entretenu avec deux membres du crew : Karl et Romaric, pour qu’ils nous parlent de leur expérience dans la production événementielle au sein de la nuit parisienne :

Dans quel contexte le collectif a été créé ?
Karl : Pour parler de la Darude : on ressentait un retour aux années 90/2000 dans la musique et dans la mode, dans la culture pop actuelle. Et Paris est une scène plutôt axée techno ces temps-ci, avec des grosses tendances house et rap aussi. L’idée était de donner une nouvelle offre aux parisiens qui peuvent en avoir assez de la techno et veulent suivre cette nouvelle vague de soirées un peu rétro. La Darude met en avant la musique et la culture eurodance et trance dans leur pluralité (allant de l’europop, la makina, la hard trance, l’italodance à la happycore) et à Paris il n’y a pas encore de scène de ce genre vraiment développée donc on s’est dit qu’il y avait une opportunité de créer quelque chose comme ça.

Romaric : En ce qui concerne Bel Air, qui est le collectif initial : on était une bande de fans de musique qui aimait sortir en club et on voulait mixer, c’est parti de ça. Après c’est devenu un peu plus sérieux, on s’entend super bien avec les labels qu’on admirait à l’époque et qu’on aime toujours comme Roche Musique. Ce qui nous a permis d’avoir des dates et de consolider notre projet.

Quelle est la force de votre collectif ?
Karl : On ne promeut pas de têtes d’affiche, contrairement aux soirées techno très centrées sur les artistes. Notre force à nous c’est de créer un concept qui rassemble les gens, qui se caractérise par un esprit solidaire, sans prise de tête, comme à l’époque ! On joue beaucoup sur l’imagerie des 90s, sur la nostalgie de cette période, le Loft Story. Dans notre communication on essaye d’être marrant, on emprunte à un côté un peu kéké et on mix ça avec l’esprit 90s. On aime bien s’inspirer de l’ambiance kermesse aussi. On crée un décor avec des ballons gonflables, des fanions sur les murs, des masques de Loana et Steevy ! On a choisi ces deux personnalités car ils incarnent cet esprit de fête, de spontanéité, de plaisir. Avec la Darude on mise sur sur le concept d’une soirée accessible et nostalgique. Même quand nos sets sont pointus on a toujours des marqueurs générationnels des 90s et 00s, du côté eurodance comme trance musique. Les gens ne se perdent pas quoi !
Par rapport à Bel Air, qui est le collectif mère, il est très bien structuré : on a des DJs, des metteurs en scène, des designers. Bel Air a donné naissance à la Darude mais pas seulement ! Par exemple, un des membres de l’équipe : Cielle, a crée un concept d’apéros estivaux au bord de la Seine qui s’appelle Cielle Ouvert, avec une musique un peu tropicale. Il a eu une date au Canal Barboteur par exemple il n’y a pas longtemps.

Romaric : Ce qui fait la force de Bel Air, c’est l’éclectisme. On avait la volonté de mettre en avant plusieurs types de musique dans la même soirée. Ca pouvait commencer par la house, finir par la techno mais en passant par le hip-hop. On diggait toujours des sous genres à l’intérieur de ces grands genres musicaux. Et aussi, l’image de Bel Air a toujours été très forte, c’est Karl qui gère ça. La constante a toujours été l’influence 90s, tout en restant actuel car on faisait nos visuels de promo en prenant en photo nos potes avec des appareils argentiques. Ca rendait la chose plus chaleureuse. Merci d’ailleurs à notre graphiste Alexia qui a très bien orchestré ce petit mélange.
Et cet éclectisme, on le voit bien dans les différentes soirées qu’on produit : Cielle Ouvert de Pierre (dans le délire disco musique du monde) et la Darude comme en a déjà parlé Karl, mais aussi l’un de mes projets perso qui va voir le jour. Je n’en dis pas plus pour l’instant.
On a apporté de la diversité : en 2015 on ramenait une grosse communauté hip-hop. On passait de la club music, inspirée de l’afrobeat, la techno, la musique du monde.

Est-ce que vous vous exportez en dehors de Paris un peu ou pas du tout ?
Karl : C’est un peu compliqué, je pense qu’il faut d’abord être roi chez soi avant de s’exporter. La Darude marche à Paris parce qu’il n’y a pas trop de scène pour l’instant, alors qu’à l’extérieur de Paris ce genre de son appartient plus à la teuf, c’est pas le même background.

Quel est votre regard sur la multiplication des collectifs qui se forment aujourd’hui ? Est-ce que la concurrence est rude ?
Karl : Musicalement parlant on est très différent, on a des publics qui fluctuent mais se distinguent. Finalement Paris est assez petit on se connaît un peu tous, par exemple les mecs de Boukan je les connais tous, la Wh4f aussi, et les gens de la Kindergarden par exemple. Mais surtout nous on est dans une niche, dans un créneau assez précis. Après parfois on a la même date et ça pose problème.

Pourquoi tant de collectifs se forment selon vous ? Phénomène de mode ? Aspect générationnel ?
Karl : Je pense que c’est générationnel car avoir un collectif ça te permet d’assumer à 100% ton image et ta musique, les gens se reconnaissent à travers ce que tu fais.
Romaric : Créer un collectif ça permet de se retrouver. Je pense que c’est une tendance qui existe depuis longtemps à Paris, quand on a commencé il y avait déjà beaucoup de collectifs. Après c’est une autre histoire pour que ça devienne un truc sérieux, il y en a peu qui subsistent.
Karl : Pour moi le fait d’avoir un collectif c’est la façon la plus facile de faire et promouvoir la musique qui te plaît. On est plus fort quand on crée un collectif.

Comment fonctionne le collectif en terme de modèle économique et de hiérarchie ?
Karl : On est 4 DJs, avec Romaric qui coordonne et puis il y a Alexia la designeuse et Djim le responsable vidéo qui gravitent autour de nos projets et nous accompagnent. Au niveau des tâches, principalement sur la Darude, je m’occupe de tout ce qui est partenariats et communication sur instagram, (Romaric gère le Facebook) et des line ups aussi. Niveau économique on réinvestit l’argent gagné dans les soirées ou projets suivants.
Romaric : Chaque personne à l’origine d’un projet, d’une série de soirées, est son propre directeur artistique, Karl pour Darude, Pierre pour Cielle Ouvert. Et moi je suis derrière pour que ce soit plus carré, pour la com et pour la promotion.

D’un point de vue des politiques mises en place, est-ce qu’en France, et plus particulièrement à Paris, ce n’est pas trop compliqué d’investir des lieux ?
Karl : Paris est très réglementé, les clubs laissent moins de chance à des petits collectifs à cause de la logique économique. Ce qui fait que les collectifs investissent des lieux en dehors de Paris, à la périphérie, c’est beaucoup plus libre et plus simple. C’est vrai que c’est compliqué de gagner la confiance des clubs et des lieux plus établis. De notre côté on a anticipé en sortant énormément, en se faisant des contacts, à bosser vraiment l’aspect communicationnel, ce qui nous a permis d’obtenir la confiance des bonnes personnes, avec lesquelles on voulait travailler. Pour moi l’alliance concept et bon relationnel nous a permis d’investir des lieux parisiens.

Quelles sont vos actus ?
Les soirées Darude sont bookées jusqu’en octobre pour tout te dire ! La prochaine c’est le 27 juin et c’est Darude x Jeudi OK au Wanderlust, le Petit Bain aussi en juillet et le projet Cielle Ouvert de Pierre, le 14 juin à la Démesure sur Seine. Et puis il y a mon EP sous le nom de DIE KLAR : Fatality qui est sorti le 31 mai.

Quel conseil donner à des gens qui ont envie de s’y mettre ?
Karl : Sortir, rencontrer des gens, oser parler, c’est du bouche à oreille au début. Proposer des projets, être mûr dans sa tête, créer ton concept musical et visuel, jouer beaucoup sur la communication !
Romaric : Complètement d’accord, et vraiment miser sur l’image comme ça les gens vont se diriger vers toi, Bel Air c’est beaucoup d’image, pas besoin de gros headliners de gros line ups pour attirer les gens. L’image c’est important : on est à Paris !

 

Pour écouter l’EP de DIE KLAR c’est par ici.

Pour avoir toutes les infos sur la prochaine Darude c’est par .

Et sur Cielle Ouvert par .

 

 

Talk Louise G.