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[ITW] – William Bunel

#POPinMarseille

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A la rencontre de la photographie phocéenne

Lauréat des Rencontres Photographiques de Strasbourg en 2013, projection du jury des Boutographies en 2015, finaliste prix Maison Blanche 2016, William Bunel est un nouvel acteur de la photographie phocéenne. Il nous a invité chez lui, dans le quartier de la Belle de Mai pour nous présenter ses séries, son labo argentique et sa collection d’appareils vintages.

En quoi Marseille t’inspire  ?

Marseille est avant tout ma ville, celle je suis né et j’ai grandi, son multiculturalisme laisse une place plus importante au vivre ensemble, c’est une ville de rencontres.  J’ai plus tendance à travailler dans les quartiers Nords, quartiers jugés difficiles, là le contact humain est plus direct. Ici ce que j’aime c’est que tout est à faire.

La photographie à Marseille est en pleine mutation grâce notamment à des lieux comme le labo Rétine Argentique, le Studio Aza, ou encore le Percolateur ouvert par Marco Barbon, un lieu incontournable qui canalise et dynamise la photographie à Marseille. Il y a aujourd’hui de plus en plus de proximité avec les photographes. Le projet DES RIVES est un nouveau cycle de rencontres avec des photographes de renommée internationale venant des deux rives de la Méditerranée.  Le programme actuel est particulièrement convaincant : Martin Kollar, Lorenzo Vitturi, Massimo Vitali (le must de la photo de plage réalisé avec une chambre photographique).

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Tu as effectué un tour du monde, en quoi cela a enrichi ton œil de photographe“Je suis parti en sac à dos avec ma compagne et j’avais enfin le temps d’améliorer ma technique et d’essayer de comprendre ce que je voulais faire dans la photographie. J’ai travaillé principalement avec un grand angle 14/24 et un 50mm pour les portraits. Cette technique me permettait d’avoir un véritable contact avec mes modèles, je ne cherchais pas à voler les instants avec un téléobjectif. Le but c’était d’avoir un échange, c’était une photographie plus intimiste pour moi.”

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Quelle est la genèse de ton projet  ? 

J’ai beaucoup évolué ces dix dernières années, j’aimais beaucoup la photographie de lieux abandonnés, ce que l’on appelle un peu vulgairement l’Urbex, le fait d’aller shooter dans des usines, des friches industrielles désaffectées. J’ai poussé la chose un peu plus loin car je ne voulais pas forcément faire que des grands ensembles ou des squats avec des beaux graffitis et des canettes de bière au sol…

J’ai donc réalisé une série qui s’appelle Les Absents, principalement en intérieur, je souhaitais mettre en image une absence soudaine, comme si mes sujets étaient partis un peu précipitamment de chez eux en laissant quelques objets à l’intérieur (des matelas, un bureau, une étagère avec quelques ustensiles dessus, une vielle télé). Les prises de vue de cette série ont été élaborées dans les pays de l’Est (Estonie, Lettonie et Allemagne) ainsi qu’en France et en Belgique. J’ai exposé en 2013 au rendez-vous de l’image à Strasbourg avec pour commissaire d’exposition Jane Evelyne Atwood.

Les Boutographies de Montpellier ont mis en avant ma série “Les rideaux tombent” mettant en scène des personnes âgées du quartier de la Belle de Mai. Des hommes et des femmes affaiblis mais dignes, qui s’exposent tous avec pudeur. Chaque photo propose un univers différent, clos par deux ou trois murs mais ouvert vers un ailleurs hypothétique.

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Que représente la photographie argentique pour toi ?

Je travaille aujourd’hui en argentique, principalement avec un Rolleiflex et un Hasselblad (120mm). Cela me permet de me détacher de mes modèles, il est plus aisé de les photographier ainsi, il y a moins de réaction de type “fais moi voir la photo”,  mais plutôt “ok on verra la photo la prochaine fois quand tu reviendras” c’est une approche différente.

Le moyen format m’apporte une grande qualité d’image et un grain particulier en fonction des pellicules que je choisis. Grâce à la chimie, on assiste lentement à la naissance de ses clichés dans une ambiance de chambre close…

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L’argentique peut-il reprendre le pas sur le numérique ?  C’est en train de revenir mais d’une manière différente, vers une photographie plus hybride il est possible de passer plus facilement de la filière argentique à celle du numérique, via un scanner. Au niveau de la technique de développement, je pense que l’argentique seul restera assez élitiste. Je ne pense pas que tout le monde va s’y remettre du jour au lendemain, cela demande beaucoup trop de temps.

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