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When I was a child : Le Labyrinthe de la défonce

Décors en pâte à papier-mâché, effets spéciaux risibles et élémentaires, histoire abracadabrante et jeux d’acteurs indigestes : Labyrinthe est un chef d’oeuvre du film fantastique de série B pour enfants (tourmentés).

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Sarah est une jeune fille imprudente et esseulée qui passe le plus clair de son temps à bouquiner. Voguant et rêvant au fil de ses lectures, cette jeune ermite préfère noyer son chagrin dans les contes plutôt que dans les joints. À la manière d’Alice et son univers peuplé de chenilles en transe et de champignons géants, Labyrinthe est un saut dans la stratosphère du grotesque. Le scénar’, fantasmagorique et excentrique comme un bon vieux clip de Tom Petty, avait de quoi fasciner à l’époque des pogs dans la cour de récré.

Un pitch aux petits oignons

L’histoire commence alors que notre chère Sarah se retrouve forcée par ses parents -trop cons, trop chiants- de garder son demi-frère Toby. Un frangin pénible, au talent d’acteur néanmoins palpable. Un rôle lacrymal à sa portée puisqu’il passera le plus clair du film à … chouiner. Un jeu larmoyant en partie dû à sa capture par le grand méchant Jareth, campé par un déluré, mais bizarrement charismatique David Bowie accompagné de sa team de gobelins désopilants. Sarah s’embarque alors dans une aventure “merveilleuse” à la recherche de son demi-frère (sans blague), Jareth ne lui laissant que 13 heures avant de transformer Toby (or not to be) en petit énergumène à poils insupportable.

Ca y est, vous remettez ? Ou vous pensez à une blague ? Le trailer est en bas de page.

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Les enfants, ici la drogue qui vous parle

Dans son errance à travers le labyrinthe, Sarah ira de rencontres loufoques en aventures “fantastiques” qui la mèneront vers son frère bien aimé tout en la faisant (un peu) mûrir, quand même. Une sorte d’Alice au Pays des Merveilles version réaliste. Le reste fait clairement penser à une messe de monstruosité: des personnages incongrus, genre marionnettes de chiffon, qui foutent franchement les jetons.

La drogue, c’est mal m’voyez.

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Côté décors, c’est un peu le Tolkien du pauvre. Marécages pestilentiels, murs en cartons, ciel sous LSD, de quoi faire chavirer le coeur de n’importe quel aventurier de la tranche 8-13 ans, qui ne pouvait pas encore s’initier aux joies des blockbusters du moment. Car à l’époque, les spectateurs prenaient de vraies claques visuels, entre l’Alien de James Cameron et le Beetlejuice de Tim Burton. Une période complètement underground et barrée, où les Gremlins copulaient avec les chimères monstrueuses. Un truc de xénomorphe en quelque sorte.

Le jeu de Sa Majesté Bowie reste élégant, presque sensuel, injectant un aspect mystique façon “viole moi je te fuis, fuis moi je te viole” non négligeable à sa performance. De quoi le rendre (presque) drôle. Quand à Jennifer Connelly, c’est pour elle un premier rôle comme un autre…  On lui pardonnera donc ses “oh” et ses “ah” enfantins de pseudo-étonnement, un peu léger en face de Mister Ziggy. Une divagation hallucinée dont elle ne se sortira jamais vraiment avant ses 30 bougies et un rôle offert par mister Requiem for an Aronofsky. Jennifer, elle n’a jamais vraiment quitté le milieu de la drogue, pauvre enfant.

On reste quand même pas loin d’un concours à celui qui obtiendra le plus de gommettes à la maternelle.

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On veut le coupable derrière tout ça !

Et c’est bien là où on tombe des nues. Outre la présence d’une icône glam-rock en pleine expansion vers le grand public avec l’avènement de MTV, et une jeunette qui deviendra une princesse au théâtre des blockbusters (Hulk, Blood Diamond, Noé), le back-office est 4 étoiles. À la réalisation, on retrouve Jim Henson, créateur du Muppet Show, qui a certainement pété une durite à force de côtoyer ses marionnettes débiles. Le bougre devait avoir besoin d’aventures, plus réelles. L’esprit décalé des marionnettes est au rendez-vous, mais l’univers féérique se rapproche plus d’un télétubbies en descente de cachets que d’un Burton périmé.

Autre surprise, à la production ce coup-ci: la présence du mythique George Lucas. Alors que ce dernier rencontre un franc succès avec son cowboy, chercheur de trésors au lasso, et qu’une Guerre des Etoiles vient de prendre fin, l’homme se perd dans les rouages du fantastique. Mais bon, pas touche à Papi George, maitre Jedi avant l’heure, qui cherchait certainement à retrouver son âme d’enfant après avoir transformé l’industrie du cinéma en parallèle de son pote Spielberg. Il n’empêche qu’il perdurera à jamais cette question, digne des lamentations d’Alain : comment, bordel, ce monstre du cinéma a atterri dans cette toquade halluciné ?

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Alors il faut en penser quoi ?

Labyrinthe est à la fois un récit de péripéties épiques et rocambolesques, et une immersion dans les songes et les émotions d’une jeune demoiselle en recherche de sa maturité.

Non on déconne, ce film est une bouse incroyable mais aussi un délire génial à délecter sans modération si vous êtes un habitué de la Porte de St Ouen avant le week-end.
Dernier big up aux gnomes qui piaillent pendant tout le film, de quoi vous donnez une migraine pendant plusieurs jours, car oui, leurs “chants” reste autant en tête que le dernier tube so 1995 de Ricky Martin. Amen.

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Par @Drounix