Emotions fortes en huis clos : 10 classiques du cinéma à (re)voir
- 29.3.2020
Quarantaine oblige, c’est l’occasion de se découvrir cinéphile. Qu’il nous pousse à l’introspection, au marivaudage ou encore à la folie, le cloisonnement déchaine toutes les passions.
Naturellement toute cette sélection est disponible à la location en ligne (sur iTunes Store ou cette merveilleuse bibliothèque La Cinetek) sans avoir à les commander physiquement ou à vous déplacer à votre vidéo club.
Le Grand Couteau (The Big Knife, 1955) réalisé par Robert Aldrich, 1H54min
Jack Palance incarne un comédien en plein dilemme. Reconquérir son épouse (Ida Lupino) et ralentir sa carrière, ou continuer jusqu’à l’épuisement et à la solitude ? Dans son luxueux salon, défilent des magnats du cinéma hollywoodien, son agent, son épouse voulant le quitter, une figurante énamourée et surtout des tas de boissons alcoolisées…Une critique acerbe du système cinématographique américain.
Seule dans la nuit (Wait Until Dark, 1968) réalisé par Terence Young, 1h47min
Lisa (Audrey Hepburn) rentre de voyage, avec dans ses mains une inoffensive poupée, qu’elle a acquis involontairement. La jeune femme aveugle ignore que ce jouet est rempli d’héroïne. Des trafiquants de drogue la suivent jusqu’à chez elle. Un scénario original, Audrey Hepburn au sommet de son art, des scènes haletantes et angoissantes, à voir absolument.
Breakfast Club (1985) réalisé par John Hughes, 1H37min
Ou comment rendre une journée de colle agréable. Sous la surveillance de l’autoritaire Dick Vernon, cela n’était pas gagné. Cinq adolescents stéréotypés, que tout oppose, sont réunis dans l’enceinte de leur lycée. Le rebelle, l’intellectuel, la décalée, la séductrice et le sportif, s’associent face à un ennemi commun. L’union fait la force.
Qui a peur de Virginia Woolf? (Who’s Afraid of Virginia Woolf?, 1966) réalisé par Mike Nichols, 2H11min
La quarantaine bien entamée, Martha (Elizabeth Taylor), fille du doyen de l’Université, est mariée à George (Richard Burton), professeur d’Histoire. Alors qu’ils sont en pleine dispute, les époux doivent recevoir un jeune couple qui vient juste d’arriver en ville. Les brandys et whiskies s’enchainent et la situation dégénère très vite. S’instaure un règlement de compte général. Le spectateur n’arrive pas a décelé le vrai du faux. Le mensonge fusionne avec la vérité. Les dialogues sont percutants, violents. La performance d’Elizabeth Taylor est remarquable, Oscar largement mérité. Un film culte.
12 hommes en colère (12 Angry Men, 1957) réalisé par Henry Sidney Lumet, 1H36min
Douze hommes délibèrent sur le sort d’un jeune homme accusé de meurtre. Ils se retrouvent dans une pièce étroite, onze personnes veulent le condamner, mais l’un d’eux émet quelques réserves. Des querelles, des divergences, la tension monte rapidement dans ce huis clos. L’ambiance y est suffocante. Cette oeuvre fait l’éloge de la réflexion et de la discussion, une leçon.
Cuisine et dépendances (2003) réalisé par Philippe Muyl, 1H36min
Ah, la cuisine ! L’espace officiel des contre-soirées, où l’on peut se permettre des commentaires médisants, mais également s’épancher plus intimement. Chaque invité s’y rend comme au confessionnal. Au fur et à mesure de ces retrouvailles entre vieux amis, on comprend l’évolution des personnages, leurs conflits, leurs espoirs anéantis. Le temps a fait son oeuvre. L’incompréhension règne et les esprits s’enflamment. Un duo Bacri/Jaoui inspiré.
Arsenic et Vieilles Dentelles (Arsenic and Old Lace, 1944) réalisé par Frank Capra, 1H58
Cary Grant joue un adorable neveu, rendant visite à ces deux délicieuses tantes. Tout se porte bien, dans le meilleur des mondes, jusqu’à ce que le jeune homme trouve un cadavre dans la cave de ses aïeuls. Il découvre que cette histoire est une affaire de famille et que ses cousins y participent également. Cette oeuvre est un savant mélange d’humour noir, de loufoqueries, de burlesque et de macabre. Intéressant de voir Capra en dehors de sa verve humaniste, grinçant.
Vacances (Holiday, 1938) réalisé par George Cukor, 1H35min
Julia tombe amoureuse de Johnny (Cary Grant) durant ses vacances aux sports d’hiver. Elle le présente à sa famille fortunée mais désunie. Il rencontre le frère alcoolique, la soeur (Katharine Hepburn) rêveuse, excentrique et le père froid, passéiste. D’un côté, Johnny plus enclin à la joie de vivre et de l’autre bord, une neurasthénie ambiante chez les habitants de cette luxueuse demeure. Comme d’habitude, Cukor imbibe ses comédies de pessimisme. Les personnages sont très attachants.
Faisons un rêve (1936) réalisé par Sacha Guitry, 1H26min
Un homme (Sacha Guitry) éperdument amoureux de l’épouse d’une connaissance, s’emploie à la séduire par tous les moyens. Il tente d’éloigner son mari et l’incite à la tromper.
Toutes les répliques sont des gourmandises, par exemple :
–« C’est vrai que nous avons toute la vie ? »
– « Mieux, non avons deux jours. »
L’immoralité y est omniprésente. La distribution composée d’acteurs grandioses, nous rappelle les belles heures du cinéma français : le légendaire Raimu, Sacha Guitry et ses monologues d’anthologie, la distinction de Jacqueline Delubac, le concours de Michel Simon et d’Arletty dans le prologue. Rien de mieux pour appréhender la légèreté de la vie, qu’un Guitry.
Nobody Knows (2003) réalisé par Hirokazu Kore-eda, 2H21 min
Une mère japonaise quitte son appartement tokyoïte. Aussi, elle abandonne ses quatre enfants, ils sont livrés à eux-mêmes. L’aîné de douze ans se positionne comme le chef de famille et prend à sa charge la survie de son frère et de ses soeurs. Sous nos yeux, la difficulté de la vie trouve un contrepoint avec la solidarité, la complicité dont ces enfants sont capables. Une descente aux enfers toute en douceur. La lenteur et la répétition qu’impose le cinéaste, nous ramène à notre propre condition.
Adorina Spenta