Trafic de fleurs et escort-girl, le nouveau clip de Crayon et Duñe envoie du rose !
Musique - 15.1.2020
Cousu main par deux producteurs de la maison Roche Musique, l’album Hundred Fifty Roses (sortie avril 2020) se dévoile en images avec le single Pointless. Une odyssée rose invitant le rappeur Ichon en guest et réalisé par la fabuleuse réalisatrice Alice Kong.
Cela fait quelques années déjà que les autodidactes Duñe et Crayon partagent le même label Roche Musique et tracent leurs routes… Crayon, découvert par la maison Kitsuné puis aguerri aux côtés de Yuksek et Dune, qui a grandi avec le duo Saje avant un EP en solo. Après une première collaboration en 2016 et un EP éponyme, les revoilà pour un deuxième essai !
Pour ce nouveau projet commun, les deux artistes se sont enfermés dans un petit studio du 18e arrondissement pendant près de 2 ans, afin d’aboutir au disque Hundred Fifty Roses (dont la sortie est prévue en avril). Cent cinquante roses, ou un plaidoyer contre la masculinité toxique et les codes enfermant encore et toujours le concept de virilité. Les deux hommes à nu décomplexent l’image du mâle alpha, aujourd’hui sensible voire tendre. Après un premier extrait dévoilé en octobre dernier, les revoilà avec le morceau Pointless.
Découvrez le clip Pointless (feat. Ichon)
Pointless, single phare du projet, est le fruit musical d’un échange intimiste, à mi-chemin entre l’expérience live et l’exercice numérique. Découvrez son clip signé par la talentueuse réalisatrice Alice Kong – avec laquelle nous nous sommes entretenus (ci-dessous). On y retrouve le rappeur Ichon, en homme moderne esseulé et en proie à un frauduleux commerce de roses pour se payer une escort-girl…
Rencontre avec la réalisatrice Alice Kong
Le clip met en scène la solitude, le besoin d’amour et le vice représenté par les roses et leur surabondance. Qu’est-ce qui t’a poussé à illustrer ces thèmes de cette façon ?
A : Le clip raconte l’histoire d’un personnage isolé, incarné par Ichon, qui tombe sur un pop-up d’une escort girl qui va le fasciner. Sur les sites d’escort, la monnaie est exprimée en roses, une manière de dissimuler qu’il s’agit là d’affection tarifée. Cette monnaie en roses m’a tout de suite inspirée à la retranscrire littéralement en racontant l’histoire de ce jeune homme qui décide de faire pousser des roses partout dans son appartement dans le but d’en amasser assez pour rencontrer la fille. La rose apparaît magnifiée, éclatante, hypnotisante, comme tout vice qui attire.
Lors de leur rencontre, ils vivent une expérience mystique où la rose devient drogue. C’est le lendemain qu’est suggéré avec les deux derniers plans qu’Ichon tombe accro à sa plantation, plus qu’à la fille. Dans ce clip, j’ai donc placé la rose, symbole iconique de romantisme, en métaphore des vices : elle se multiplie, obsède et engendre un cercle vicieux.
Le clip est dans la droite lignée de ton travail : onirique, poétique, dans un univers vintage mêlé au présent. Où est-ce que tu as puisé ton inspiration ?
Alice Kong : Je suis toujours effectivement entre passé et présent avec pour nouveauté dans ce film une fin aux accents futuristes où les personnages passent d’un univers réel à complètement virtuel à la manière de Under the Skin. Je consomme énormément d’images au quotidien, je passe beaucoup de temps sur les écrans à rassembler des visuels qui m’inspirent qui peuvent être l’oeuvre d’Harley Weir ou de Cho Gi Seok, mais aussi d’amateurs qui prennent en photos ou vidéos leur quotidien mais dont un détail va attirer mon attention. C’est d’ailleurs plutôt chez eux que je puise principalement mes idées, plutôt que chez les maîtres. Je collectionne tous ces screenshots qui constituent une alimentation permanente d’inspiration. Je ne saurais donc pas réellement attribuer d’inspiration particulière pour ce film, c’est un mélange mouvant de tout ce qui passe sous mes yeux.
Le clip donne une image du couple particulière, avec un écran entre les deux personnages et le fantasme qui se crée autour. Est-ce ta vision de l’amour moderne ?
A : Le clip romance le thème de l’affection monnayée, de l’isolement et des addictions. J’ai toujours été fascinée par les écrans et les sentiments qu’ils pouvaient procurer, comme ici la naissance d’une histoire d’amour à travers une photo vue à travers un écran. Mais c’est ici dans le cadre d’une pure fiction et cela ne reflète pas ma vision de l’amour aujourd’hui, qui est très positive. En réalité, en double lecture je cherche souvent à poétiser les écrans.
Une petite anecdote de tournage ?
A : Pour la scène finale où le rappeur Ichon et Mao (l’actrice) sont recouverts de roses nous avons collés ces pétales un par un avec du miel sur leur peau pendant près de 2 heures … dans une grange où nous avions créé un studio ! Nous étions environ 6 agglutinés autour d’eux pour leur coller les pétales autour d’un chauffage d’appoint haha. Le miel les frigorifiait, mais ils ont été tous deux hyper courageux et patients.