6 choses à savoir sur SONGØ, prochaine révélation des Transmusicales de Rennes
Musique - 18.11.2019
Invités à rejoindre la tournée et l’affiche des Trans en décembre prochain, nous avons rencontré ce quatuor cosmopolite brassant les cultures burkinabé, sud-africaine et bretonne avec brio.
Réunissant deux anciens musiciens bretons de City Kay (Yoann Minkoff et l’ingénieur du son Mael Danion), une chanteuse sud-africaine Sisandra Myataza et un percussionniste de génie burkinabé dit Petit Piment (et officiant aussi dans la formation Baba Commandant), le quatuor SONGØ s’apprête à dévoiler son tout nouveau live en décembre prochain et des extraits de son premier EP (prévu pour le printemps).
Adoubés par le programmateur historique Jean-Louis Brossard (relire notre interview), SONGØ va ainsi faire son baptême de feu devant le public des Transmusicales (4 au 8 décembre) mais aussi à l’occasion de la tournée des Trans (du 14 au 29 novembre), qui accompagne des jeunes groupes bretons en résidence puis en tournée. Nous les avons rencontré à l’occasion de leur filage à la scène de l’UBU à Rennes, en octobre dernier.
SONGØ, ça veut dire quoi au juste ?
Dans la langue esperanto (langue universelle crée à la fin du 19e siècle), SONGØ signifie “songe”, mais sa signification résonne aussi en Moré (dialecte du Burkina Faso, dont est originaire leur percussionniste Petit Piment) signifiant “tout ce qui fait du bien, du bonheur”, ou encore en Xhosa (dialecte sud-africain, dont est originaire la chanteuse Sisanda Myataza) où l’on y voit un diminutif de “songolo” : le mille-patte. Et en anglais bien sur, “song” ou la chanson… 4 sens différents pour autant de cultures brassées dans ce quatuor atypique.
Le jazz dans le sang
Basée depuis peu à Bristol au Royaume-Uni (où elle rejoint son mari), la sud-africaine Sisandra Myataza est une chanteuse à la voix de velours qui s’exerce aux chants gospel d’église depuis son plus jeune âge : “J’étais une des voix lead de la chorale.“ Peu après elle, elle tombe en amour avec le jazz, et cède aux sirènes d’Erykah Badu, Sarah Vaughan ou encore Sade. Aujourd’hui encore, son chant dans SONGØ garde cette chaleur et force propre au jazz.
“J’ai fait ma première performance à l’âge de 7 ans. J’étais à l’internat et on était assez dissipés donc on a dû organiser un show pour s’excuser auprès du principal. Et voilà comment j’ai fait mon premier concert. Une punition en somme (rires).”
Une rencontre du bout du monde
C’est à Port Elizabeth en Afrique du Sud que Sisandra va croiser la route du guitariste Yoann, venu en tournée puis pour les vacances enregistrer des musiciens du coin sur son laptop. Le coup de foudre musical est immédiat avec la chanteuse, et de retour au Pays, la connexion avec Mael et Petit Piment ne prend pas trop longtemps à se faire…
Une écriture collégiale
Que ce soit à distance via leur groupe Whatsapp, ou IRL quand il arrivent tous à aligner leurs emplois du temps, SONGØ travaille de façon collégial, chacun mettant à la patte pour ce qui est d’écrire et de composer. Et ce n’est donc pas une coïncidence si les paroles sont rédigées dans quatre langues différentes : en Moré (langue du Burkina Faso), en anglais, en français et en Xhosa (langue d’Afrique du Sud) : “On l’a fait inconsciemment, pour que les 4 langues aient un moyen de s’exprimer.”
“Quand Sisandra vient à Rennes c’est très intense, car on se voit pas si souvent. C’est toujours très productif, et on est amis, on se respecte beaucoup. On a aussi un groupe Whatsapp très actif, où on est du genre à se dire “bonne nuit” et puis rappeler tout le monde une demi-heure plus tard pour bosser sur un nouveau morceau”
SONGØ comme Sortir… de sa zone de confort
Si la chanteuse Sisandra vient du jazz, Mael et Yoann du rock et de la trap, et Petit Piment de la musique traditionnelle mandingue, SONGØ est à la croisée de tous ces genres, et pousse chacun de ses membres à sortir de sa zone de confort comme nous le précise Sisandra : “c’est vraiment un challenge pour moi en tant qu’artiste car j’essaye de pousser, et de faire des trucs que je n’aurais jamais osé avant. J’essaye de sortir dans ma zone de confort, qui est le jazz.”
“L’idée c’était de faire un groupe avec des personnes qui sont très différentes au niveau musical. Avec des univers très différents pour essayer de casser nos habitudes.” précise Mael
Une plume sensible et engagée
Dans le répertoire de SONGØ, on trouve des chansons qui parlent du quotidien et des troubles sud-africains, “les changements de gouvernements et les conditions sociales” mais aussi des causes européennes telles que le Brexit “qui divise en ce moment mon nouveau pays d’adoption, aux UK” ou encore des sujets plus personnels comme la maternité. Si certains sont premiers degrés comme Rise Up (qui évoque l’immigration), d’autres plus poétiques passent par des chemins de traverse, comme leur premier single Head on the cloud – non sans rappeler le psychédélisme et le côté éthéré du Floyd et de Strawberry Fields Forever.
“En tant qu’artiste, je crois que notre rôle, c’est de sentir tout ça, ce que les gens ressentent aussi et d’en parler.”
SONGØ en concert le samedi 7 septembre prochain, à l’occasion du festival Transmusicales de Rennes, à partir de 1h45 au Hall 8. Et à l’affiche de la tournée des Trans du 14 au 29 novembre (évènement facebook).
Abigail Ainouz