General POP a désormais rejoint le réseau Prose On Pixels

Avec ses tatouages de taulard et sa griffe de skate, Zombie Tears est l’artiste insta du moment

   

Cette semaine, on vous brosse le portrait d’un tatoueur, fan de skate et directeur artistique : Thomas Tears, qui a signé l’identité graphique de General POP et des collaborations avec Vladimir Cauchemar, Romeo Elvis ou encore l’instagrameur yugnat999.

Avant de devenir Zombie Tears, son pseudo sur Instagram et dans le monde du tatouage, Thomas Tears débute dans son sud natal, au sein de l’agence de graphisme Tous Des K (Stephane Lamalle & Didier Deroin), “ce sont eux qui ont fait les clips d’IAM et Psy 4 de la Rime. C’était la grosse agence marseillaise spécialisée dans le rap dans les 90’s”. Il monte ensuite à Paris pour faire ses armes chez What et Paulette magazine. Il se fait remarquer par ses illustrations et covers pour des artistes pop comme Yuksek et Talisco, et rapidement ses travaux lui ouvrent la voie royale pour devenir créatif à l’agence BETC.

“Chez BETC Etoile Rouge, j’ai appris beaucoup. Artistiquement, ça permet d’avoir pas mal de recul sur son travail de bosser dans des agences comme ça.”

Thomas a également signé le logo de General POP mais aussi les affiches de nos soirées 2018 / 2019 : “J’aime bien faire sur des affiches des trucs plus chargés, tout ce que je ne peux pas faire en tatouage. Et j’aime bien les ambiances assez tropicales, colorées et années 90.”

https://www.instagram.com/p/B3T1i1corVa/

De l’école de comm au dessin

“J’ai toujours voulu dessiner depuis que je suis petit, mais il faut bien gagner sa vie”. Si Thomas a bien les pieds sur terre, c’est qu’il vient d’une famille modeste et qu’il veut trouver rapidement un moyen de gagner sa vie pour en vivre coûte que coûte. Plutôt doué, il sort d’une école de communication à 21 ans seulement, ce qui lui permet de comprendre toute suite l’art de la commande, “Une école de comm comparé aux Beaux Arts, ça te permet d’avoir plus de recul, sur ton travail et ce que veulent les gens. Aujourd’hui je pense qu’on peut pas juste avoir son délire artistique, il faut un peu des deux”.

De la sérigraphie à baca, sa griffe de skate

Thomas façonne son trait et son style artistique de sorte qu’il puisse réutiliser son oeuvre en sérigraphie, pour presser des t-shirts ou des sacs en tissu. Pour introduire ses oeuvres et toiles au public, il débute dans des galeries, et lors de pop up shops :“En sérigraphie, tu mets les couleurs par couche, donc tout est séparé.. Et pour que le visuel rende bien il faut que le trait et le remplissages soient nets.”

Après avoir sérigraphié à la main ses premiers ouvrages, Thomas passe la seconde et monte en 2016 sa propre marque de vêtements de skate baca avec laponey (en vente au Citadium). “Je peux plus skater aujourd’hui, car je me suis pété le dos mais c’est un de mes trucs préférés” A défaut de faire des backflips, le Parisien d’adoption dessine des planches, des fringues et fait fabriquer le tout en circuit court au Portugal.

https://www.instagram.com/p/B1Du7CBo6bh/

Instagram : des filtres et une vitrine en or

Si il débute sa carrière en bossant pour des artistes comme Vladimir Cauchemar (pour qui il signe un de ses premiers visuels), le bouche à oreille fonctionne à plein tubes, et rapidement, Thomas soit céder au chant des sirènes d’instagram “tu peux pas bosser sans insta aujourd’hui”. Et force est de constater que son inscription est payante puisqu’il gagne 11 000 followers en un an, lorsqu’il y présente son travail de tatoueur. Maîtrisant les codes du réseau, Thomas communique avec pas mal d’ironie et d’autodérision, pose régulièrement avec son vieux chat Morris à moitié à poil, bref cultive une vraie direction artistique :)

“Ce qui est important sur insta, c’est de se mettre en scène. A la base j’étais pas fan de cet égo trip, mais j’ai compris que se mettre en scène ça marchait bien.”

Récemment il a signé des filtres instagram pour des artistes comme Romeo Elvis et aussi des projets plus perso, comme son filtre s’inspirant des dessins de Cocteau, où il brosse un profil au crayon en quelques traits… Autre coup d’éclat, un filtre en collabe avec l’hilarant yugnat999 encore, tournant en dérision l’absurdité du statut “certifié” et moquant le statut “shadow ban” (blocage temporaire de la visibilité des contenus d’un utilisateur) dont son ami fait les frais… “L’idée c’était qu’on lui a toujours pas donné la certification alors qu’il y a près de 300 000 abonnés, donc on a sorti ça ironiquement..”

https://www.instagram.com/p/Bl7sZwlj8gh/

“J’adore les tatouages de taulard”

Il y a un peu moins de deux ans, Thomas devient Zombie Tears et apprend en autodidacte l’art du tatouage. Fréquentant pas mal de copains dans ce milieu, ils le forment brièvement avant de lui laisser faire ses armes sur des fruits et légumes… “Ils m’ont montré en une aprem et après j’ai acheté ma machine… Je me suis entraîné avec des bananes et pamplemousses.. Je voulais pas faire de peau de porc ou synthétique, je trouve ça plus agréable les fruits (rires)”

Il se fait la main sur son propre corps et nous montre ses motifs préférés : les barbelés, Omer des Simpsons, des couteaux, une dent chelou qu’il s’est lui même tatoué à ses débuts, et d’autres dessins signés par son copain Bastien de Viande Bleue :“J’adore les tatouages de taulard ou des trucs plus qui tournent à la blague. (…) Quand j’imagine un vieux russe avec ses bras tatoués, ça me fait rire, je me dis que je serai pareil plus tard. “

https://www.instagram.com/p/BxReYPQFjwb/

Pour Zombie Tears, chaque tatouage est unique, dessiné à la main donc sans tablette graphique :“Ça m’est jamais arrivé de refaire le même sur quelqu’un”. En fonction de son humeur, ses dessins oscillent entre des sujets abstraits (silhouettes féminines assez épurées) et des classiques du tatouage s’inspirant des motifs de prisonniers (le serpent, les couteaux) :“Je suis aussi un grand fan des flammes graphiquement”.

Si il s’implique dans des causes telles qu’Octobre Rose (campagne annuelle pour sensibiliser au dépistage du cancer du sein) en proposant des motifs dédiés (et exceptionnellement disponibles à plusieurs exemplaires), il compte aussi comme clients, des artistes comme le jeune prodige de l’électro Kungs ou encore yugnat999 avec qui il collabore fréquemment.

Dans les bails de Zombie Tears, une l’expo et l’ouverture d’un salon de tatouage parisien “avec 4 ou 5 tatoueurs résidents, dont moi, et des guests toutes les deux semaines.” Un artiste à suivre donc !

Abigail Ainouz