[ITW] Christophe Crenel, octopus de la musique et de l’image !
Arts - 25.10.2017
Homme de média passionné de musique (il a officié chez M6, Oüi FM et Radio France), Christophe Crenel déploie désormais ses talents multiples à l’image et particulièrement comme photographe.
Depuis 2 ans, il réalise des photos d’artistes et de live, des pochettes d’album mais aussi des clichés de la vie New Yorkaise. Retour sur un parcours atypique avec le principal intéressé.
Hello Christophe ! Comment vas-tu ?
Aussi bien que possible dans un monde perturbé. Mais l’époque encourage à justement s’exprimer et créer. Sinon, à titre très personnel, éternel work in progress vers la sérénité. Passionnant chemin.
Tu peux te présenter ? Quels sont les moments charnières de ton parcours ?
Je suis un garçon longiligne plein de contradictions, à la fois bosseur et rêveur. J’ai connu plusieurs vies souvent parallèles qui font cohabiter l’artiste et l’homme de média.
Mon parcours médiatique commence à la fin des années 80. Je suis présentateur des journaux sur France Info le jour et leader d’un groupe de rock la nuit. Mes aventures me mènent ensuite sur M6 où je présente plusieurs émissions musicales (Culture Rock, Fanzine, Plus Vite Que la Musique). J’aime bien jouer avec l’objectif de la caméra et faire partager mes coups de cœur en intégrant un peu de british sense of humor, sans doute un héritage des Monthy Pythons et de mon admiration pour Antoine de Caunes.
Le succès est au rendez vous mais je lâche le petit écran en 1999 pour me consacrer à mon groupe Amok dont l’album ne sortira finalement qu’en 2006. Entre temps, je suis devenu animateur sur Oüi FM. Sur la radio rock, je présente la matinale mais aussi Spoutnik qui accueille toute la nouvelle scène électro pop. Je participe parallèlement à 2 autres projets musicaux : le duo électro pop Popelek qui sort un maxi chez WEA et Juge Fulton, un duo électro punk, dont l’album sort en autoproduction.
Au moment du rachat de Oüi FM par Arthur fin 2008, je file retrouver Radiofrance comme animateur sur Le Mouv’ (qui devient Mouv’). Je présente aussi Le Grand Live d’Inter et je fais mon cheval de Troie en présentant une chronique pop sur la très classique France Musique. Depuis 2 ans, nouveau paysage, je suis devenu photographe (mon autre passion avec la musique). Je couvre plusieurs festivals (Rock en Seine, Printemps de Bourges, Fnac Live) et je file de projets en projets avec artistes et labels, notamment pour des photos de presse ou de la pochette.
Tu as de multiples casquettes ; comment te définirais-tu finalement ?
Une pieuvre ou un couteau suisse ! Je pense que je suis surtout un garçon curieux et sensible, un peu boulimique parfois, qui a quelques facilités pour partager ses émotions.
D’où te vient cette passion pour la photographie ?
C’est une boîte magique un appareil photo ! On appuie sur un bouton et des images apparaissent. J’ai tout de suite aimé ce côté création et prestidigitation. Mon premier appareil photo était un OM 20 Olympus argentique offert par mes parents pendant mes années lycée à Colombes. Je faisais des expériences bizarres, je coupais les négatifs avant de faire mes tirages au Photo Club ou dans ma salle de bains avec un petit labo valise acheté en Croatie. J’avais pour modèle mon frère, ma sœur, mon meilleur ami, le voisin du 5ème et ma girlfriend. En reprenant la photo il y a une dizaine d’années, j’ai retrouvé les mêmes sensations de liberté et de champ des possibles infini pour donner sa propre lecture du réel.
De quoi t’inspires-tu dans ton travail photographique ?
C’est bien là le problème, beaucoup de choses m’inspirent : le mouvement d’une chevelure dans le métro, la mélancolie d’une fête foraine à l’abandon, le climax sur un concert de rock. Pour moi, la photo est l’occasion d’aspirer une émotion. Les occasions sont nombreuses mais la capture réclame beaucoup d’attention.
Quel est le lien entre les différentes facettes de ton travail photographique (New York, les photos d’artistes) ?
Mon imaginaire est nourri de culture pop depuis l’adolescence, en musique comme à l’image, et New York est la ville pop par excellence, le berceau de la Factory de Warhol et des errances géniales de Basquiat, le décor aussi de tous les films de Scorsese. Et la force de New York, c’est que cette énergie est encore palpable, peut être plus qu’à Londres par exemple. A travers mes photos, je reconstitue un peu de mes fantasmes et j’y apporte bien sûr le regard de quelqu’un qui vit en 2017. New York et la musique font partie de mon bestiaire imaginaire depuis longtemps. C’est un bonheur de pouvoir en donner aujourd’hui mon interprétation.
Comment tu lies la musique et la photo ?
Ce qui est génial dans le dyptique Photo & Musique, c’est le mouvement. La musique crée le mouvement et la photo la saisit. Le couple parfait. Le pouvoir d’évocation d’une image arrêtée est pour moi bien supérieur à celui d’une vidéo et la photo de concert peut provoquer une émotion incroyable parce qu’elle permet d’en ressentir le contexte ou de l’imaginer, il y a de l’interaction. Pour le photographe musicien que je suis, c’est d’une intensité folle. Je vis le concert comme spectateur appareil en main mais aussi à travers ce que je ressens de l’artiste qui est sur scène. Double effet Kiss Cool ! Pour les portraits, c’est différent, c’est une histoire de rencontre avec quelqu’un qui a fortement conscience de son image. Ca peut provoquer des clichés étonnants ou être un total bide si l’on arrive pas à sortir de la pose pour saisir l’humain.
C’est quoi pour toi un bon photographe ?
Quelqu’un qui aime suffisamment son sujet pour vouloir en saisir l’âme.
Comment définirais-tu ton style, ton œuvre ?
Pas simple ! L’idée d’être un éternel newcomer me plaît bien. Ça suppose de la fraîcheur et l’envie de se réinventer, donc le mot œuvre c’est un peu fort, ça peut donner l’impression que les choses se figent. J’aime le mouvement et l’humain, quel que soit le contexte : live, portrait ou street photography.
Je me vois comme un chasseur d’émotions, sensible au mystère et au trouble, dans tous les sens du mot. Ça veut dire que j’encourage tout ce qui peut apporter de la poésie, en travaillant sur les reflets ou les doubles expositions par exemple. C’est passionnant de donner une lecture singulière du monde dans une époque qui offre beaucoup de possibilités, mais qui aime aussi toujours plus formater.
Quelle est ta définition de la pop culture ? C’est péjoratif pour toi ?
J’aime bien le mot Pop ! Un palindrome qui pétille, comme une solution chimique instable dont on attend la prochaine métamorphose. Musique, création, érotisme & liberté ! La Pop Culture c’est la définition d’une modernité qui change tous les jours.
Vous pouvez retrouver le travail de Christophe Crenel sur Photobangs.