[ITW] Rosie Lowe
Musique - 02.5.2016
Minois de chat, voix grave légèrement voilée, beats lancinants, nous découvrions en février dernier “Control”, premier album de la fascinante Rosie Lowe. Elle jouera le 4 Mai prochain au Pop-Up du Label, nous en avons profité pour partager un long moment sur Skype avec elle et tenter d’en savoir un peu plus sur cette artiste singulière :
Qu’est-ce que la Pop Culture pour toi ?
Je ne sais pas exactement ce que ça représente aujourd’hui, maintenant que les réseaux sociaux ont fait de tous des acteurs de cette Pop Culture, tout le monde a quelque chose à montrer et à dire, tout le monde peut-être une popstar. C’est profondément lié à la curiosité des gens, à partir du moment où ne serait-ce qu’une personne s’intéresse à ce que tu fais, cela peut être considéré comme de la Pop Culture. Tu m’aurais posé cette question il y a 10 ans, j’aurais eu une réponse beaucoup plus rapide et sûre, c’était une plateforme mystérieuse où se rencontraient différentes formes d’arts, mais aujourd’hui se prendre en photo quand on attend un avion à l’aéroport peut quasiment être considérer comme de la Pop Culture puisqu’il s’agit de ce que les gens aiment et à quoi ils réagissent.
Ton enfance s’est passée dans le Devon, loin de la télé et d’internet, dans un cadre où tu as pu construire ta propre culture. Comment la technologie a-t-elle influencé ton rapport à la musique ?
Pendant toute mon enfance, la musique était quelque chose d’entièrement auditif, il n’y avait rien de visuel. A part Michael Jackson, dont nous avions un clip en cassette que j’ai regardé mille fois, je n’avais aucune idée d’à quoi ressemblait les artistes que j’écoutais, si c’était des hommes, des femmes, blancs, noirs… J’ai cru pendant des années que Tracy Chapman était un homme. Ça fait environ 5 ans que je me suis mise aux réseaux sociaux, parce qu’il le fallait, quand j’ai décidé de me lancer artistiquement il m’a fallu trouver un univers visuel. Au début je voulais faire un projet sans visage, rester complètement indéfinissable, mais je me suis rendu compte qu’il était presque obligatoire que je choisisse une palette, des visuels qui me correspondaient pour ne pas laisser mon image m’échapper.
Je me souviens plus jeune, quand j’allais chez des potes qui regardaient MTV, la déception quand je découvrais le clip d’une chanson que j’adorais et à laquelle j’avais donné une signification particulière et que l’image lui avait donné une identité complètement différente.
Ton album a quelque chose de très organique, cru, avec toutes ces superpositions de voix, et je trouve presque étonnant que tu l’aies appelé « Control » quand il sonne si spontané. Pourquoi ce titre ?
80% de l’album était écrit quand j’ai commencé à chercher un titre, et je me suis rendu compte que le terme « contrôle » revenait très souvent, sans que j’en sois particulièrement consciente. En rentrant dans le business de la musique, j’ai dû apprendre à lâcher prise sur certaines choses, en tant que femme dans ce business, il faut savoir s’entourer, déléguer, faire confiance aux bonnes personnes. Je suis aussi tombée amoureuse, ce qui est un peu l’ultime perte de contrôle.
Si tu pouvais donner un conseil à celle que tu étais il y a 10 ans, que lui dirais-tu ?
Je ne pensais pas devenir une artiste à cette époque là, j’étais à l’université. En tant que femme je me dirais : sois fidèle à toi même, sois affirmée, ne fais pas de compromis sous le prétexte que tu es une femme et que certains chercheront à te faire passer pour une folle hystérique. Combien de fois me suis-je retrouvée dans une situation où je me suis effacée pour me conformer à l’idée que je pensais qu’on avait de moi. C’est assez paradoxal mais l’une de mes plus grands insécurités est d’être quelqu’un d’affirmé.
Cela fait 2 mois que l’album est sorti, quels ont été les grands changements pour toi depuis ce moment ?
Je l’ai sorti en essayant d’avoir le moins d’attentes possibles, en me disant que sans doute que quelques uns l’aimeraient et d’autres non, et les retours ont été formidables. Ca m’a donné une nouvelle confiance en moi en tant qu’auteur-compositeur-interprète. Il y a aussi la tournée, un exercice que je n’avais jamais pratiqué auparavant et qui est complètement dingue, aller à la rencontre de son public est la meilleure expérience que j’ai eue jusqu’ici. Le challenge a plutôt été de profiter de ce que j’avais sans trop me projeter. Aujourd’hui dans cette industrie le succès est basé sur des chiffres, c’est quelque chose que je trouve dangereux, que ça soit de l’argent ou des fans.
J’ai adoré la collaboration que tu as fait avec Little Simz, qui sont les 3 filles qui t’intéressent le plus musicalement en ce moment ?
Little Simz évidemment, qui fait tout en indépendance complète, elle fait tout ce qu’elle fait par amour de la musique, sans financements.
Nao, une amie, qui est géniale, bosse depuis des années pour d’autres et n’imaginait pas qu’elle pourrait être une artiste à part entière.
Et Erykah Badu, mon idole, qui se fout de tout et suit sa propre route depuis des années, elle est celle qui m’a donné envie d’être une artiste.
Un son par décennie ?
60’s: Otis Reading- Sitting at the dock of the bay
70’s: Aretha Franklin- Bridge over troubled water
80’s: Mickael Jackson – Billie Jean ou Prince – Purple Rain
90’s: Erykah Badu- 4 Leaf Clover
00’s: D’angelo- Feel like making love
10’s: Kendrick Lamar- These Walls ou le Rework par Moss Kena du morceau
Par Joz2p