Interview – Yeasayer Pop&Culture
- 01.4.2016
Nous avons discuté Pop Culture avec le groupe Pop Yeasayer à l’occasion de la sortie de leur album “Amen & Goodbye”
Vous êtes de retour avec un album dont la création a été assez chaotique je crois, peux-tu nous en dire un peu plus sur sa genèse ?
Anand : Depuis qu’on a créé le groupe, c’était toujours un peu le même process : faire un album, faire une tournée, faire un album, faire une tournée… Et après notre dernier album on s’est séparé de notre label, avec lequel on n’arrivait pas à trouver de terrain d’entente. Puis on s’est retrouvé un peu flottants, à se demander « mais comment on va faire ? » jusqu’à ce qu’on se réveille en se disant qu’on pouvait très bien le faire nous même.
Mon ami Delicate Steve, qui avait déjà joué avec nous sur plusieurs albums, nous a trouvé ce studio incroyable, dans une vieille ferme à 1h30 de New York , et on y a passé 5 semaines à bosser en indépendants, avant de faire toutes les retouches et le mix de retour à la maison. C’était la première fois que le process nous prenait autant de temps, ce qui était assez frustrant mais nous sommes très heureux du résultat, c’est probablement notre album le plus abouti.
Sortir un quatrième album dans une époque où la musique se consomme façon fast-food relève du tour de force, quels sont d’après vous les éléments qui font votre longévité ?
Je ne crois pas que nous évoluions dans une sphère différente de celle des autres musiciens, mais le timing y est sûrement pour quelque chose. Je ne comprends même pas pourquoi on vendrait ne serait-ce qu’un album quand le streaming existe. J’aime beaucoup acheter des disques, mais c’est toujours une impulsion du moment, si je passe chez un disquaire. Cette industrie fonctionne à l’encontre des intérêts économiques des gens, ils pensent « non mais les gens vont payer même si ils peuvent l’avoir gratis ! » c’est un peu comme l’eau en bouteille, tu peux juste aller au robinet gratuit ou payer pour une bouteille. Et beaucoup de gens le font, je ne sais pas pourquoi.
Ca s’est donc fait naturellement ?
Non, on ne peut pas se la jouer et dire qu’il n’y a pas de stratégie derrière, il y a toujours des stratégies. Du côté du groupe, nous bossons toujours ensemble parce qu’on sait qu’on se nourrit et qu’on se challenge les uns les autres. Sur cet album particulièrement, qui a été super collaboratif, au point qu’on ne sait plus trop qui a fait quoi dans quelle chanson.
Dans la plupart des articles ou communiqués de presse qu’on peut lire sur vous, vous êtes un peu définit comme « le groupe de Brooklyn », que peut-on trouver là bas qui pourrait définir votre son ?
Les autres gars ne vivent même plus à Brooklyn. Mais pour moi, il n’y a pas vraiment de « son de Brooklyn », plutôt une scène dans le sens où les artistes trouveront une quantité d’endroits où se produire, des lieux et des publics super variés, c’est l’une des parties les plus cosmopolites de New York.
Quel est votre meilleur souvenir de concert ?
Coachella en 2010 était incroyable, Jay-Z et Beyoncé se sont pointés à la fin du concert en nous disant « Zut on a raté votre set vous ne voulez pas faire un petit rappel ? » c’était complètement surréaliste ! On ne l’a pas fait d’ailleurs, ils sont puissants mais pas à ce point (rires)
3 groupes à voir en 2016 ?
Conan Mockassin est top, Paul Mc Cartney parce qu’il va bientôt mourir (rires), Big Frida et Delicate Steve
Quelle est ta vision de la Pop Culture ?
C’est une notion tellement globale et individuelle à la fois ! Pour moi c’est tout ce qu’on apprend en autodidacte, ce qu’on découvre soi-même, qu’on n’apprend pas à l’école ou à l’église. Chacun a sa Pop Culture, mais ça trouve souvent ses racines dans une certaine idée d’un élitisme modifié pour être rendu plus accessible à la masse. C’est aussi un peu de l’ordre de la mythologie…
Un son par décennie ?
60’s = Love – Red Telephone
70’s = Brian Eno – Saint Elmo’s Fire
80’s = Cyndi Lauper – All Through The Night
90’s = Beck – Soul Sucking Jerk
00’s = Usher ft Lil’ Jon – Yeah
10’s = Delicate Steve – Butterfly