Le documentaire ultime sur la liberté et le cambouis
- 01.6.2015
Clément Beauvais et Arthur de Kersauson sont deux passionnés de motos. Ensemble, ils ont réalisé le plus épique des documentaires de bécanes à deux roues : The Greasy Hands Preachers.
Synopsis:
Seul sur sa moto, roulant dans un paysage désertique, subjugué par la beauté du sable blanc qui l’entoure, l’homme semble libre. Une image édénique, écho d’une illusion qui subsiste depuis trop longtemps. Car les hommes à l’origine de cette puissance mécanique souffrent.
La douleur n’est pas physique, elle est plus profonde. Elle traverse les moeurs, les esprits, sans jamais que le moteur ne lâche prise. Ils sont des prolétaires, des durs à cuire, de ceux qui mettent la main à la pâte. Ici, ils manipulent leurs bijoux de mécanique à travers les écrous et la graisse de leurs moteurs. Des engins la plupart du temps ramenés à la vie par leurs paluches presque divines. Et pourtant, on leur reproche de vivre dans la misère, autant pécuniaire qu’intellectuelle. Un jugement de valeurs tranchant, qui vrombit plus fort qu’une Harley Davidson sur la route 66. Des stéréotypes qui apparaissent au plus bas âge, dénaturant et rabaissant sans pitié la profession. “Travaille à l’école pour ne pas terminer mécano”.
Aujourd’hui il est temps d’en finir avec ces idées toutes faites. Il est temps de resserrer les vis, enfourcher son siège et de clamer à toute allure la justice. Il est temps de faire l’Eloge de la Mécanique.
Intérêt:
Sublime. La simple vue du long plan étiré du trailer nous donne des frissons. Une envie de voyage certain, puisque les auteurs ont parcouru une partie du monde (France, Etats-Unis, Ecosse, Espagne, Indonésie) pour capturer ces moments. Clément et Arthur sont partis à la rencontre de passionnés, de bricoleurs, de mécaniciens aux compétences à la fois distinctes et uniformes. Une manière de dire que si la mécanique répond à une suite logique d’actions pour être manoeuvrée, le coeur et les intentions mises à l’ouvrage sont tout aussi nécessaires.
Partis de rien, les deux garçons se sont financés à l’aide de sponsors (BMW Motorrad, Motul, Belstaff) et d’une opération de financement participatif. Preuve de l’intérêt engendré par le documentaire, l’acteur Orlando Bloom et le photographe Mathieu César ont contribué à l’aventure en tant que producteurs exécutifs. Plus qu’une déclaration d’amour aux engins à deux roues, c’est un véritable hommage à l’égard d’une profession stigmatisée injustement. Optimiste, touchant mais jamais grotesque, cette inquisition dissimulée n’a pour seul but de nous montrer que le bonheur, à défaut d’être permanent, trouve son intérêt dans sa quête. De quoi rendre Epicure jaloux.
The Greasy Hands Preachers résonne comme une odyssée palpitante à travers des contrées épatantes de singularité, jalonnées de rencontres motorisées et empathiques.
Par @Drounix