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Interview: Jungle By Night, le futur de l’afrobeat

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Jungle By Night est à ne surtout pas confondre avec les anglais soul de Jungle. Eux, sont 9, sont hollandais et sont jeunes, suffisamment pour qu’on ne les prennent pas au sérieux, et pourtant, passer à côté de cette formation atypique pourrait être la plus grosse erreur de votre année.

Pourquoi ? Parce que ces Amstellodamois sont adeptes d’afrobeat, le genre musical le plus groovy qui soit et qu’ils le jouent avec un talent insolent, dans la lignée directe d’un certain Fela Kuti, l’inventeur du genre.

Tony Allen – l’architecte musical de Fela himself – les a couronnés du titre honorifique de « futur de l’afrobeat », pas rien quand on a la vingtaine, 5 ans d’existence et 2 albums dans les bacs.

Après les avoir croisés une 1e fois aux Transmusicales de Rennes, où ces joyeux compères avaient littéralement retourné une salle de 3000 badauds, Jungle By Night revient pour un tour de France et une étape unique à Paris, le 15 avril au Badaboum – vos places à gagner par ici.

Comment on décide de faire de l’afrobeat quand on sort d’Amsterdam et qu’on a la vingtaine ?! Y a-t-il une scène afrobeat en Hollande dont on ignorait l’existence ?

On s’est retrouvé à jouer ensemble alors que la plupart d’entre nous étions adolescents. Il n’y a pas vraiment de scène afrobeat en Hollande, mais grâce aux compilations et à Internet, on a pu écouter beaucoup de musique africaine, d’autres genre aussi, hors Afrique. Comme le funk psychédélique turc par exemple.

Depuis combien de temps jouez-vous ensemble ? Quel background musical ?

Ça fait maintenant 5 ans que nous jouons ensemble. Au début, nous ne faisons que des reprises et au fil du temps, on s’est mis à créer nos propres chansons. Je pense que nous étions trop jeunes pour avoir un quelconque background musical quand on a débuté. C’est la passion de tous ces styles de musique inconnus qui nous a réunis, il y avait énormément d’énergie et de bonnes sensations.

Ça fait quoi de s’entendre dire par Tony Allen qu’on est le « futur de l’afrobeat » ?

C’était vraiment particulier d’entendre ça de la bouche de Tony Allen, qui est un vrai génie. Le titre de « futur » de l’afrobeat fait vraiment plaisir d’autant que nous ne sommes pas un groupe typique d’afrobeat. On aime le mixer avec différents styles et on n’utilise pas les même structures que Fela Kuti par exemple. On aime jouer avec ça, s’en détacher. Parfois, on utilise des tempos en 6/8 ou du 4/5 plutôt qu’en 4/4 qui est plus classique en afrobeat. Sinon, nous ne serions qu’un groupe de reprises sans raison d’être.

Elle est comment la scène afrobeat en ce moment ? Quels sont, à part vous, les projets excitants sur lesquels se pencher ?

Il y a beaucoup de groupes qui restent très traditionnels, je ne suis pas fan car je trouve qu’ils sonnent tous pareil. Ils essayent tellement de faire revivre l’époque Fela Kuti que ça en devient triste. Mais il y a ce groupe qui le fait avec un tel talent dont tu ne peux pas passer à côté, c’est Antibalas, de Brooklyn, NY.

Sinon, un de mes groupes préférés c’est les Meridian Brothers, ils jouent de la cumbia/salsa prychédélique, on les a vu en concert à Utrecht, c’était fou, il faut les avoir vu au moins une fois dans sa vie!

Comment ne pas citer Mulatu Astatke, le parrain du jazz éthiopien, mais il est tellement connu que je ne sais pas si c’est la peine de le mentionner.

Votre avis sur l’état de la musique en 2015 ? Pensez-vous que le streaming soit viable pour les artistes?

Pour être honnête, je n’ai pas la réponse à cette question, j’ai 22 ans donc je n’ai pas de grandes histoires sur le passé et au combien c’était mieux qu’aujourd’hui. Les choses changent et je pense qu’acheter un disque chez un disquaire ou aller à un concert restent les meilleurs moyens de soutenir les artistes et de profiter de la musique.

Des souvenirs des Transmusicales ? Est ce que c’est toujours autant le bordel ? Comment se passent les tournées ?

Les Transmusicales était un concert très spécial en effet ! On venait d’arriver après 9h de route et on a du jouer juste après le diner, c’était fou car le hall était énorme et de l’extérieur, ça avait l’air d’un hangar abandonné où on construit des rockets pour des expéditions secrètes sur Mars !
À l’intérieur, c’était blindé et le public était dingue. On a passé un super concert, on essaye toujours de faire danser les gens sans avoir recours aux artifices habituels des basses et des grosses montées. On aime les faire danser “jungle by night-style“, partant sur de l’afrobeat en 5/6 puis en 6/8, puis sur un morceau dans un style plus turque avec un solo de synthé et finir sur du groove éthiopien pour faire monter l’ambiance. Le public rennais était cool, c’était “super chouette” (en français dans le texte).
C’est intéressant de voir que notre musique ne tient pas compte de l’age ou de la culture d’un pays. C’est la qu’on réalise que la musique est vraiment universelle. On a joué en Russie, au Japon, en Turquie, Italie, Portugal, Angleterre, Allemagne et le public est toujours extrêmement réceptif à notre musique.

En tournée, il faut vous imaginer 9 gars qui font ça depuis 5 ans dans 1 seul tour bus. Chaque année, nous faisons entre 80 et 100 concerts. On a grandi ensemble, ce qui fait de nous presque des frères, certains d’entre nous le sont vraiment d’ailleurs. Parfois, c’est relax et silencieux mais la plupart du temps, c’est chaotique et super fun. Quand on arrive en festival, ou en concert, on se met en mode « machine » parce qu’on veut faire le meilleur show possible. J’adore faire partie de ce groupe, on se connaît si bien, c’est un régal.

Vous avez joué en 1e partie de Mayer Hawthorne, the Roots & John Legend, êtes vous remontés jusqu’à la source ? Avez-vous déjà été bookés en Afrique ?

On a jamais joué en Afrique, c’est assez difficile d’organiser des dates là bas avec un groupe de 9 personnes !

Trois albums pour s’initier à l’afrobeat ?  

Open & Close – Fela Kuti

Zombie – Fela Kuti

Fela Kuti – Zombie from David Balderdash on Vimeo.

Afrodisiac – Fela Kuti