Premier Métro, de l’allure entre les paillettes
- 24.5.2022
Dimitri, Enzo, Seb et Alex sont à eux quatre « Premier Métro », entre nouvelle pop entre new-wave, variété des années 80 re-visitée, ils sont aussi lauréats du tremplin RiffX qu’on pourra retrouver en ouverture du festival We Love Green le 1er juin prochain
De leur choix de chanter en français, à s’inspirer un peu des années 80 mais aussi de The Weekend, et puis de faire le maximum de concerts sans exploser leur budget Paillettes biodégradables, les quatre garçons de Premier Metro donnent leur première interview pour General POP.
Comment vous vous êtes rencontrés tous les quatre ?
Dès le lycée, on (Enzo et Dimitri) avait un groupe de Funk, qui s’appelait Les Cockatooes. Puis on s’est rencontrés à Lyon pendant nos études avec Seb et Alex.
Avec Alex, nous sommes partis en Australie et c’est là où on a commencé à faire de la musique ensemble. On a aussi commencé dans la chambre de Seb, où on faisait nos petits sons après le boulot. Après on a commencé à aller dans les studios, faire des concerts et tout s’est accéléré. Tous les quatre, on chantait en anglais et on a fait pas mal de dates, dans des bars des petites salles à Paris et en Province, notamment une petite tournée en Bretagne il y a deux ans.
C’était quoi la genèse de Premier Metro?
On cherchait de base à faire uniquement des compositions originales, c’est ce qui nous fait kiffer de composer nos propres sons. On s’est dit qu’une reprise ça pouvait être bien, et ça s’est fait sur « Désanchantée » de Mylène Farmer – On en a passé plein en revue avant de choisir !
Et ça nous a trop fait délirer de chanter en français – plus simple, plus à l’aise, on incarnait un peu mieux. C’était sans filtre avec les gens, à assumer émotionnellement aussi. Quand tu chantes en anglais, il y a une barrière entre toi et le public. En français on a plus de barrières et on ne peut plus se cacher. On a dû changer la langue et donc le son, on ne défendait plus la même DA sonore – mais c’est ça la genèse de Premier Metro.
Votre nom de groupe, c’est pour toutes les fois où vous avez pris les premiers métros en rentrant de vos concerts ?
A la base c’est parti un peu d’une blague, mais le thème est plus large -on parle souvent du coucher de soleil, alors que le lever est super intéressant.Ce n’est pas qu’une réf de rentrer tard de nos anciens concerts : le concept c’est un endroit de tension entre deux trucs, on a chacun tous pris le premier métro, chacun pour des raisons différentes.
C’est un endroit où deux mondes s’entrechoquent, les gens qui rentrent explosés et ceux qui vont taffer qui sont dans le même espace, le temps de leur déplacement. On voulait donc décrire la fête, mais très tard, l’état que tu as à 6h quand le soleil se lève.
Alors vous êtes entre mélancolie, joie, ou tristesse ?
Ce qui est mélancolique, c’est la fin de la soirée, même si on a passé une soirée de ouf après 6, 7h du mat, tu es déjà en train de rentrer chez toi dans cet entre-deux, entre l’extatique et la réalité de ta vie. Rien n’est tout noir ou blanc, ce qui nous intéresse c’est la tension entre ces émotions : on cherche un peu à faire des mélodies dramatiques sur des paroles hyper gaies ou inversement.
Quel est le processus d’écriture, vous le faites à quatre ?
C’est assez particulier dans le projet, on n’a pas bougé de formation depuis le début, chacun apporte ses trucs et on le met en commun. Souvent, c’est Dimitri ou Alex qui apporte une idée de base, dont a besoin pour bosser vite, puis on construit ensemble le titre.
Ce qui est assez nouveau, le français a amené ça, on écrit les paroles tous les quatre et c’est comme ça qu’on est le plus efficace – tout le monde est aligné sur le thème de la chanson, on représente ce thème-là. On peut dire qu’on est passés de musiciens individuellement à un groupe où l’on a quelque chose à dire.
Et pour la composition ?
C’est pareil pour les mélodies, où tout le monde est investi : c’est plus long et plus riche. On a aussi intégré des personnes au projet : on travaille avec Fernõ – sur les prods. Même nos collaborateurs sont dans la co-création avec nous, où ils font plus que le mix- ils challengent sur la composition. Le projet vient d’assez loin, avant de sortir les sons qu’on a, on a fait pas mal de trucs. Là on a trouvé le bon mix – ils ont les mêmes références que nous : Daho etc, ils transcendent ce qu’on essaye d’amener.
Comment avez-vous pensé votre univers visuel, très précis et fort ?
On a bossé avec des DA – ce qui n’est pas notre truc de base – on savait qu’on avait besoin d’une représentation de Premier Métro et de ce que l’on est en tant que personnes. On s’est entourés de Raphaël pour retranscrire ce passage d’émotion entre la fête et le ‘je rentre chez moi’– les larmes de paillettes : je me suis maquillé en début de soirée, une fois que j’ai bien sué en boite, les paillettes coulent et c’est la fin. C’est ce qu’on voulait sur des images ou c’est la fête et puis c’est un peu plus sale dans les références et la manière d’amener ça a l’image.
Qu’est ce qui fait le mix original de vos inspirations ?
C’est difficile de s’inspirer des choses des années 80 qu’on ne connait pas : un croisement de ce qu’on a écouté jeune et le reste – on est sur un angle mort très large. En fait, on a plongé dans ce délire new wave, années 80 – on a toujours fait de la musique avec les inspirations de notre génération, qui a grandi entre les Strokes et Tame Impala. Et d’un autre côté, nos parents n’étaient pas dans la new wave, plutôt un peu avant les Clash.
Les trucs de fin années 80 – on a redécouvert ce style musical, qu’on avait jamais vécu, pour la première fois à 25-30 ans – remonter dans le passé comme pour la première fois. On a récemment écouté Depeche Mode où il y a des trucs de ouf, et c’est très inspirant de réécouter ça, de réincarner ce courant là.
Aussi, ce qui était important dans le son et la DA visuelle c’était de ne pas refaire du pastiche 80, on ne veut pas refaire ce qui a déjà été fait mais réinjecter de la modernité : avec les gros synthés de The Weekend, les Kicks électroniques et pas seulement de la batterie, des kicks un peu secs des années 80- grosse pop, en résumée, de la modernité d’aujourd’hui où on se détache aussi des années 80.
C’est voué à évoluer cette esthétique et ces inspirations?
On a quelques principes propres à nous et notre personnalité – Premier Metro est très frontal et direct, mais sur notre prochain EP et album des choses peuvent bien sûr évoluer. Sur les singles que l’on a fait, on était fans d’ajouter des synthés des années 80 style Michael Jackson, et puis on remet maintenant de la guitare pour le style new wave et plus moderne.
C’est ce qu’on voit aussi dans les projets récents français qui nous inspirent: Feu Chatterton et Fishbach – sur leurs deux ou trois albums on voit leur évolution et c’est ce qui nous intéresse pour construire une entité qui nous ressemble.
Et sur scène, vous cherchez à créer quelque chose de plus immersif ?
Notre esthétique sur scène, les lumières, les paillettes sont toujours là, c’est entre du eighties et de la modernité. Même sur scène on a les larmes de paillettes, ce qui nous fait rentrer dans le délire -de se maquiller, on le fait avant de monter sur scène tous les 4 dans la loge, comme un sas pour rentrer dans les personnages, ça nous fait penser à Bowie, pour faire un vrai show- on ne peut pas arriver sur scène par accident.
On bosse pas mal aussi sur de la danse, avec le collectif Secousse qui nous a accompagné sur scène – on fait la chorée avec elles, pour un côté teuf et soirée, les gens sont très réactifs à cette idée-là.
Du côté public, on est très attirés par le côté Happening (c’est le projet secret de Dimitri), que notre public rentre à notre show comme s’il rentrait via un sas – pour créer une vraie expérience, un peu comme Arcade Fire. Et pour faire plus qu’un concert mais un vrai moment, c’est ce qu’on a retenu de tous les lives qu’on a pu faire dans des bars, des petites salles : il faut avoir le public avec nous, ensemble. On pense différemment les sons studio pour le live- on les étire de quelques minutes, ou comme on l’a fait pour notre scène au Bus Palladium, je suis arrivé avec un trombone sur scène pour ajouter un côté organique au son – ce qui est assez inhabituel.
Qu’est ce qui arrive pour la suite ?
Le premier EP sûrement ! Des singles on en a pas mal sous le capot. On a besoin de douze tracks pour faire un live, ce qu’on peut défendre après. Le plus dur est de choisir – ce sont des gros investissements en temps et en termes de moyens financiers, il nous faut aussi de quoi faire le clip. On compose de plus en plus au niveau, mais ce qui finit par être enregistré et publié est plus exigeant. Donc on a nos quatre single et notre nouvel EP à venir avec des nouveaux morceaux.
Après, notre but cet été est de composer, pour la rentrée. On ne s’attendait pas à WLG et on voudrait se positionner à la rentrée sur des premières parties, faire des scènes plus qualitatives.
Le projet est construit sur cette envie là : de partager des moments avec de plus en plus de gens, pour des sons de qualité pour faire des putain de concerts !