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La superstar nigériane Mr. Eazi compte bien “renvoyer l’ascenseur, pour que les kids d’Afrique réussissent à leur tour”

En créant EmPawa Africa, Mr Eazi souhaite soutenir, produire et distribuer la nouvelle scène musicale africaine.

Co-producteur du tubesque OH MY GAWD avec Major Lazer en feat. avec Nicki Minaj, nous avons rencontré ce business man hyperactif et déterminé à faire rayonner la nouvelle scène africaine à l’international.

Quoi de mieux qu’un bon banger pour commencer la rentrée en beauté ? Le producteur américain Major Lazer et le chanteur Mr.Eazi ont convié la rappeuse anglaise Nicki Minaj et K4MO pour mettre au point cette savante recette qui sent bon les épices et le dance hall. Son refrain risque de vous rester en tête tout septembre : GUESS WHO’S COMING TO DINNER? Rencontre avec un de ses cuisiniers, et pas des moindres, le self-made man nigérian de 29 ans Mr. Eazi.

Tu signes ce banger avec Diplo (tête pensante de Major Lazer), c’est un ami de longue date ?

Pour moi, Diplo c’est un ami et un mentor. D’ailleurs, il est venu en Afrique du Sud l’an passé pour parrainer une dizaine de kids de tout le continent africain, c’est un associé en qui je peux avoir confiance, il a le même état d’esprit et un succès international, et c’est lui qui m’a recommandé le label Because Music, avec qui je bosse aujourd’hui aussi, tout comme son propre label Mad Decent.

Selon toi c’est quoi la recette de OH MY GAWD

Tu sais aux UK, ils ont le carnaval de Notting Hills, et cette chanson elle a l’âme du carnaval, il y a aussi des réminiscences de dance hall old school, avec un truc cool en plus.

Pour reprendre son refrain, qui inviterais-tu à diner pour écouter OH MY GAWD

L’invité idéal pour ce dîner, ça serait un chef qui sache cuisiner du Suya, c’est un mets nigérian, c’est vraiment mon préféré. C’est une grillade de viandes avec un mélange d’épices et d’arachides (une sorte de satay africain, et un plat phare de la street food d’Afrique de l’ouest). Ça s’accompagne de riz, de tomates et d’oignons. C’est très épicé !

 

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Tu es l’ambassadeur de la musique Banku (qui est aussi un plat du Ghana*). Comment tu définis cette musique ?

En cuisine, le Banku c’est un mélange de plusieurs saveurs. L’idée principale c’est donc un mélange, une musique fusion. C’est de la Highlife (littéralement la belle vie) nigériane et ghanéenne, de l’African fusion sound.

Comment expliques-tu le boom de la musique africaine sur la scène internationale ces dernières années ?

Grâce à internet ça a ouvert les portes ! Et maintenant avec Instagram et Tik Tok.. car la musique africaine a toujours était excellente ! Quand j’allais dans les night clubs au début des années 2000, on avait droit à beaucoup de musique étrangère, mais ça a commencé à changer…

“… à partir de 2006, il y a eu une nouvelle génération d’artistes africains, comme Ruggedman, D’Banj, 2face Idibia, et on a laissé tombé les musiques internationales pour se concentrer sur ce qu’on savait faire.”

De l’ingénierie mécanique aux clubs de Londres

Tu es parti étudier au Ghana après le lycée, pourquoi ?

Mes parents ne voulaient pas que je parte trop loin du Nigéria et puis moi je voulais partir à l’étranger pour découvrir une nouvelle culture, de nouvelles choses et de nouvelles personnes. Donc je suis allé au Ghana étudier l’ingénierie mécanique, et j’ai adoré.

Comment s’est passé ton enfance au Nigéria ?

Je viens d’une famille nucléaire, très cool, mon père est pilote et ma mère est entrepreneuse… mais quand je suis devenu ado je suis devenu hyperactif et j’avais besoin de me rebeller pour tout. En allant au Ghana ça m’a permis de me calmer un peu.

“Au Nigeria, on a un rythme assez rapide, alors qu’au Ghana on est plus cool. Donc je suis devenu plus calme, je parle lentement, et en même temps j’ai l’énergie de mes racines nigérianes.”

A tes débuts, la musique c’était donc plutôt un hobby pour toi ?

Après mon master, je suis rentré au Nigeria pour monter mon premier business dans l’industrie mobile et j’ai pu me former au digital marketing. En parallèle, j’ai commencé à mettre ma musique en ligne sur les réseaux sociaux, et en juillet 2016 ça a explosé. Je suis allé à Londres, j’ai fait deux gros concerts là bas. Et je me suis rendu compte qu’il fallait que je choisisse, et que j’avais là une super opportunité avec la musique ! Donc j’ai arrêté ma boite de l’époque. C’était bien plus fun la musique que de vendre des téléphones.

“Au début de ma carrière, j’ai investi dans plusieurs business : l’alimentaire et les boissons, puis les mobiles, et puis la musique a explosé. Je pensais que la musique c’était un hobby, je pariais pas vraiment là-dessus au début.”

De chanteur à business man

Aujourd’hui tu es aussi à la tête de la compagnie emPawa Africa, dédiée aux artistes émergents africains. Quelle est son ambition ?

J’ai toujours été profondément indépendant, en tant que musicien et qu’entrepreneur, et maintenant que j’ai une notoriété mondiale, je peux renvoyer l’ascenseur, pour connecter les kids du pays avec le reste du monde, pour qu’ils réussissent à leur tour. Et puis j’ai réalisé qu’il n’y avait pas une seule entreprise qui se concentrait entièrement sur la promotion et distribution de la musique africaine à l’international.

Comment vous aidez cette nouvelle génération d’artistes africains ?

On a commencé par signer des deals avec une centaine d’artistes de 17 pays différents. Et puis on a lancé notre chaîne Youtube, et c’est la première qui offre la musique d’artiste de toute l’Afrique. Ensuite, on a lancé un service de distribution digitale gratuit pour les artistes africains. Après on fait du cas par cas, à certains, on leur propose des deals de distribution, d’autres d’éditions, ou des contrats d’artistes sur notre label. Ça dépend vraiment ce qu’ils veulent.

“Et en un an d’existence, on a déjà plus de 600 000 abonnés sur notre chaîne Youtube emPawa Africa !”

Récemment, vous avez signé un deal avec l’éditeur KOBALT. Quelles sont vos attentes ? 

KOBALT fait exactement ce que je veux concrétiser mais en Afrique. On avait besoin d’un partenaire qui bénéficie de toute cette technologie pour que notre business soit plus transparent vis à vis de nos artistes. Quand tu signes un deal, difficile de savoir combien d’argent tu gagnes.. Chez Kobalt, quand tu sors un titre, tu peux te connecter à ton compte et voir chaque jour où tu en es, en terme de stream notamment. C’est la principale raison pour laquelle je me suis associé à eux. La seconde, c’est qu’ils sont très à l’écoute, ils ont envie de découvrir la musique africaine et son business. Enfin, ça va nous aider à avoir une vision internationale.

En tant qu’artiste et en tant qu’entrepreneur, quelles sont tes objectifs ? 

En tant qu’artiste, je souhaite partager ma musique avec celle du monde entier, et c’est vraiment ça l’esprit de cette chanson OH MY GAWD. J’ai plusieurs super singles qui vont sortir après celui-là, avec des collaborations internationales, des artistes d’Inde, du Brésil il n’y a plus de frontière musicalement ! Et on peut tous se rassembler grâce à cela.

“En tant qu’entrepreneur, je veux bâtir des fondations solides pour Empawa Africa, pour que cette entité puisse être une entreprise entièrement africaine tant dans sa structure, sa mentalité, que dans son catalogue d’artistes. Il faut savoir qu’aujourd’hui, il n’existe pas un seul label sur le sol africain qui détient 10% du marché, aucun !”

Enfin, c’est quoi ton mantra dans la vie ?

Tous les matins au réveil, je pense à ce que dit JAY Z (dans Mr. Carter) : d’aller plus loin et de repousser ses limites, “va plus loin, toujours plus haut et mets y toutes tes forces. C’est bien pour çà qu’on est là non ? Et sinon, à quoi ça sert vraiment ? “ C’est vraiment le mantra qui me pousse à agir. Donc quand je rêve d’un truc, je veux que ça se réalise (claquement de doigts), je veux continuer à rêver de ça et que ça marche avant que je quitte cette Terre…

“Young Carter, go farther, go further, go harder
Is that not why we came? And if not, then why bother?”

(extrait de Mr. Carter de Lil Wayne – ft. JAY-Z)

Le single OH MY GAWD signé par Mr. Eazi, Major Lazer et en feat. avec Nicki Minaj et K4MO est disponible en ligne.

* Le Banku est un mélange de maïs fermenté et de manioc contenu dans une pâte consistante blanchâtre lisse, cuit à l’eau bouillante (source Wikipédia)

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Abigaïl Aïnouz