Vous avez adoré le film Dunkirk ? Foncez visiter Dunkerque !
Lifestyle, Yummy - 30.8.2020
Célèbre pour son carnaval et plus récemment mise en lumière dans le long métrage historique de Christopher Nolan, l’ancienne cité corsaire mérite plus qu’un oscar. Weekenders, on vous y invite pour 24H chrono !
La côte Atlantique et la station chic de Biarritz n’ont plus de mystère pour vous ? La côte Méditerranée est devenue trop polluée et Marseille plus garnie en hipsters que le Marais au mois de mai ? Et si la prochaine station balnéaire en vue était chti’ ? Direction les Hauts-de-France, dans la ville qui a été au premier plan du film trois fois oscarisé de Christopher Nolan, vous l’avez deviné… DUNKIRK, en français DUNKERQUE, moins sexy mais tout aussi spectaculaire vous allez le voir…
Si au début de la seconde guerre mondiale, elle fut le théâtre du retrait des troupes britanniques du territoire français (aka l’opération Dynamo) et sacrément amochée par les combats, le troisième port maritime de l’Hexagone s’est depuis refait une beauté et a même été couronné capitale régionale de la culture au milieu des années 2010.
24H chrono à Dunkerque
Située à une vingtaine de kilomètres de la frontière belge, moins de 3 heures de TGV la séparent de la capitale (via Gare du Nord et pour une trentaine d’euros)… Alors pourquoi ne pas passer 24 heures dans cette ancienne cité corsaire et profiter de “la plus belle plage du Nord” aka de Malo-Les-Bains ? On vous propose ici une immersion chti pour vous revigorer les méninges avant la rentrée.
9H : arrivée à la gare SNCF de Dunkerque en briques rouges (symptomatiques de l’architecture du Nord), refaite après la guerre par Jean Niermans, architecte en chef de la reconstruction de la ville (c’est d’ailleurs lui aussi qui a signé la grande salle de concert de l’actuelle maison de la Radio parisienne). Si vous n’avez pas fini vos devoirs (c’est pas sérieux), on vous drop au sublime espace de coworking Work&Co, installé dans une ancienne filature avec sa cheminée industrielle… et nous, on file (facile) visiter Dunkerque. Zou!
9H30 : Les Bains Dunkerquois et leur façade néo-mauresque vous dépaysent d’un coup de cuillère à pot. Construits en 1897, ces bains publics aujourd’hui complètement délabrés, ont été la gloire de la cité corsaire au début du XXe siècle, s’enivrant des modes d’Orient et offrant un salon de coiffure et d’escrime, des bains à vapeur ainsi qu’un bar-restaurant. Bien amochés après la Grande Guerre (et à nouveau par la WW2), c’est un club de natation et de waterpolo qui s’inviteront dans son nouveau bassin de 25m, avant de définitivement fermer en 1975. La façade aux Lions a été rénovée dans les années 2010, on retrouve des céramiques de couleur d’antan, malheureusement la porte massive et les minarets rappelant l’architecture arabo-andalouse ont eux disparu. Vous pouvez visiter virtuellement le bâtiment ici. Vous avez votre dose de considérations historiques ? Sauter une case et RDV directement au point snack de 10H30 :)
10H : Direction l’église néogothique Sainte-Eloi, gardant encrée en elle des traces de balles de la seconde guerre, et faisant face au Beffroi du même nom (classé au patrimoine mondial de L’UNESCO au passage) qui servait de tour de guet et de repère pour les pêcheurs dès son édifice au XIIIe siècle. Enfin, question repère, ne vous fiez pas trop à l’autre tour octogonale : celle de Leughnauer (“tour des menteurs” en néérlandais), qui a trompé nombre d’embarcations avec des faux signaux pour les envoyer dans les bancs de sable de la rade de Dunkerque et ensuite les piller…
10H30 : Besoin d’un petit remontant, tournez la tête, vous êtes sur la place Jean Bart (célèbre corsaire au service de la France sous Louis XIV et devenu le héros de la ville) et une nouvelle pâtisserie vient tout juste d’ouvrir : la maison Vaucamps. La nièce de Fred Vaucamps, fondateur du Merveilleux de Fred (qui s’exporte maintenant dans le monde entier), a abandonné ses études de droits pour rejoindre le destin familial et pâtissier. Comme dans les boutiques du Merveilleux, on peut contempler la pâtissière préparer les fameuses meringues, derrière la vitrine. Miam.
11H : Croisez l’avenue du Maréchal French et avancez de trois cases jusqu’au Noord Porte, l’hôtel de ville de Dunkerque, de style néo-flamand avec son beffroi de 75m, du haut du quel monsieur le maire et des privilégiés jettent des harengs sur la foule le jour du carnaval. La ville a en effet été nourrie grâce à sa pêche, plus précisément de harengs jusqu’au XVIIIe siècle puis de morue. On dit même que le carnaval est né d’un rituel de marins, qui avant de partir de longs mois en mer, ripaillaient à l’occasion d’un grand banquet pour oublier les conditions difficiles de la pêche… Et pour ce festin, ces gredins de marins empruntaient des robes à leurs femmes et se paraient de fleurs des cimetières pour faire la fête. Normal.
En face du beffroi de l’hôtel de ville, une tour vieillotte domine toute la cité, c’est la tour du Reuze, construite dans les années 70, défigurant un peu la ville, et dont le rooftop avait été initialement prévu pour accueillir un restaurant avec une vue panoramique, qui faute de moyen n’a jamais vu le jour… Ce spot désuet pourrait-il un jour prochain séduire les plus audacieux ?
11H30 : Sur le port, on tente une balade entre les docks et ses araignées de ferrailles, toutes aussi vertigineuses que celles de Louise Bourgeois. On peut aussi se rafraichir les idées au musée portuaire de Dunkerque avec l’expo JE SUIS UN MARIN (jusqu’en janvier 2021) et faire du shopping dans la maison éclusière de Bleu Marine (25 quai du Riban), proposant une panoplie idéale de marinières originales de la marque Berthe aux grands pieds.
12H30 : Il fait grand faim ! A l’abordage ! Aux Waterzooi (82 quai des Hollandais), un bistro cosy et également hôtel qui donne vue sur le port du bassin de Commerce. Au programme, un plat mijoté nééerlandais (signifiant “eau qui bout”) qui réchauffe les esprits et les coeurs : le fameux waterzooi de poisson composé de poisson blanc, de coques, crevettes, saumon, de légumes de saison, de crème, d’épices et légèrement citronné. Et pour se sucrer le bec en dessert, on retombe la langue la première dans le Merveilleux de Fred (ce Fred Vaucamps est aussi dans le coup de cet établissement de charme, il fallait s’en douter).
14H30 : Pour digérer (et piquer une sieste le nez au vent), on vous suggère une balade du port en bateau via Le Texel, idéale pour prendre l’air (mieux vaut réserver) et découvrir en passant dans le bassin du port de Commerce : le Duchesse Anne, plus grand voilier et dernier trois-mâts carré conservé en France… tout comme son voisin : le flamboyant Sandettié, bateau-phare couleur rouge feu (“censé” prévenir les déroutes des embarcations dans les bancs de sable).
15H30 : Direction la pâtisserie Aux Doigts de Jean Bart, pour éviter le petit coup de pompe, faut pas déconner :) La boutique de Mr Jean Vandewalle a mis au point en 1958 une spécialité, le doigt de Jean-Bart, gâteau aux amandes avec une crème de café et enrobé de chocolat équatorial lacté. Un modèle déposé depuis 60 ans, à ne pas manquer.
16H : On suit le quai de la Cunette et ses nouveaux logements design, pour arriver au musée de la FRAC Grand Large, immense bâtiment dédié à l’art contemporain, sur la façade duquel il est écrit en grosses lettres “l’art est simplement la preuve d’une vie pleinement vécue” (Roman Ondak, artiste conceptuel slovaque), une visite incontournable, avec des expositions temporaires sur 5 étages, accessibles via une sublime passerelle… qui donne accès à la plage de Malo-les-Bains.
Si vous avez plus de temps, direction le Fructôse, cette ancienne Halle aux sucres transformée en ateliers d’artistes et lieu de création & diffusion ouvert à tous. Fermé depuis le confinement, cette bulle effervescente des docks de Dunkerque prépare son programme de rentrée.
17H : Retour en 1940 et à cette fameuse opération Dynamo (le rapatriement des troupes britanniques, faut suivre !) en se baladant sur la jetée de Dunkerque, investie désormais par de paisibles pêcheurs. On se refait les plans tournés par Nolan là où les cannes à pêche attrapent aujourd’hui des sardines… Pépouze.
17H30 : La plage, elle se mérite enfin, Malo-les bains, dite la plus belle plage du Nord. Et pour vous faire les mollets, vous pourrez la parcourir sur ses kilomètres de sable fin et vous rendre jusqu’au blockhaus recouvert de miroirs cassés, aka la batterie Leffrinckoucke (signée par un artiste plasticien de Dunkerque, Anonyme – c’est son pseudo).
18H : late snack, on est comme ça nous. A notre retour de la plage, direction la véritable Couque Suisse (rue belle Rade), le passage obligé des Malouins. Cet établissement ouvert depuis 1960 par la famille Ruello offre des viennoiseries fourrées de crème pâtissière, et garnies de raisins ou de chocolat (ça ressemble à notre pain suisse, on vous l’accorde).
20H : le coucher de soleil sur la plage vaut son pesant en cacahuètes, malheureusement les enseignes et bars sur la plage n’ont rien d’incontournable (mais une bonne pression du Nord vaudra toujours mieux qu’une Heineken du TGV). A moins que vous n’ayez pensé à prendre la glacière et fait un détour par LaBierotek (39 rue Poincarré) proposant une quantité de références de micro-brasseries des Hauts-de-France et plus encore…
21H : Quai de la Citadelle, Michel, le taulier du bar Aux Maboules nous fait du gringue, en proposant une carte affriolante de bières pression et de bouteilles. Le webmaster du site internet semble à la hauteur de cette zoukerie houblonnée où il est clairement indiqué “c’est pas une pharmacie ici” en bannière principale :) Fameux ! La promesse d’une soirée réussie est confirmée par un recommandable commentaire Google Map (notez l’oxymore) d’un fidèle client : “ici les bières sont de qualité et leurs migraines matinales aussi”. On signe.
22H : Une petite faim nocturne ? L’estaminet flamand (6 rue des Fusiliers Marins, Dunkerque) vous tend les bras (jusqu’à 23H) et brille dans la nuit de ses lumières électriques bleutées… Un poulet à la bière des Flandres ? Un Potjevleesh (littéralement un “petit pot de viande” : c’est une gelée vinaigrée de lapin, poule, veau et porc… et surtout LA spécialité de Dunkerque) ? ou une Welshtiflette pour les estomacs les plus solides ?
23H30 : Balade digestive sur la plage de Malo-Les-Bains pour rentrer à votre hôtel Merveilleux… Faites de beaux rêves de meringues. Demandez si possible une chambre avec vue sur mer et profitez du petit déjeuner de héros. Extinction des feux sur le poème La nuit de Dunkerque, signé Louis Aragon.
BONUS : RDV à Bergues à 30 min en train (ou 10 min en voiture) si vous voulez prolonger votre weekend dans des auberges beaucoup plus typiques cuisinant au feu de bois (comme à l’estaminet du Bruegel)… et flâner entre les canaux et vieux remparts. Cerise sur la gaufre, la spécialité du coin est à retrouver à la biscuiterie Dunkerquoise. Pss : c’est ici qu’a été tourné le film Bienvenu chez les Ch’tis… A vous de choisir entre Nolan et Dany Boon :)
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Abigaïl Aïnouz.