Pour Yan Wagner, le funk est “un excellent guide pour cette période de trop grand sérieux”
Musique - 11.5.2020
La créativité “en temps de guerre” (sic), la routine du quotidien égayée par deux bambins… et une collection de chansons pour “entendre le coeur te battre aux tempes”. Voilà ce que nous offre YAN WAGNER en ce 11 mai tant attendu (et redouté à la fois).
Influencé par la new-wave et les musiques électroniques, Yan Wagner a sorti deux albums : This never Happened (2017) et Forty Eight Hours (2012), et plus récemment le single Daily Dose, résonnant étrangement avec la dose de musique vitale qu’on engloutit chaque jour pour tenir bon en ces temps troubles. Visionnaire ?
Le producteur et compositeur YAN WAGNER vient ainsi clôturer cette série de carnets de bord et de playlists en beauté avec un texte faisant par de ses états d’âme en cette fin de confinement officiel et en nous partageant également une playlist baptisée “entendre le coeur te battre aux tempes” et oh! combien salvatrice et remplie de bijoux funk. Bonne écoute et bonne lecture !
Journal de Bord de Yan Wagner
“En ce second mois de confinement…. Beaucoup de choses ont été dites – voire répétées jusqu’à la nausée – sur cette situation étrange et inédite. J’ai du mal à m’exprimer sur ce que tout cela signifie sûrement parce que je n’en ai pas la moindre idée.
Passée la stupeur des annulations en cascade de tout ce qui devait me permettre de mettre de la nourriture sur la table, passée la consultation frénétique des réseaux sociaux et des news, une nouvelle routine s’est mise en place, rythmée par les rituels de nos deux enfants. C’est surtout eux qu’il faut préserver. C’est peut être là un point positif (sans doute le seul, et encore, cela mérite réflexion) que de remettre en place nos egos, à nous musiciens qui sommes souvent un peu mégalo, à leur juste place.
La musique a été pour moi la grande absente de ces premières semaines. Logement trop petit, trop rempli d’enfants, cervelle trop encombrée, fracture du pied pour couronner le tout. Curieusement j’avais encore plus que d’habitude cette impression d’un trop-plein d’information : trop de sessions à la maison, trop de “mixes du confinement”, trop de chansons “confinées”.
Pour paraphraser Nick Cave, un auteur qui ne parle que de ce qu’il lit dans les journaux n’est il pas un peu sec, un peu mort à l’intérieur ?
La citation serait trop longue à retranscrire, et les mots ne sont pas exactement ceux-là mais vous comprenez l’idée je suppose. Combien d’albums confinés allons nous devoir nous coltiner ? L’originalité sera t elle la grande perdante de cette bataille ?”
Playlist “entendre le coeur te battre aux tempes”
“Assembler cette playlist a été un moyen de réécouter des morceaux que j’aime depuis longtemps et dont j’avais oublié la beauté. Cela fait déjà plusieurs mois / années que je me replonge dans ce qui fut l’un de mes amours de jeunesse et sans doute un tremplin décisif vers ma pratique de la musique.
C’est ce que j’ai souhaité synthétiser dans cette collection de chansons, largement dominée par le funk donc, et ses dérivés ; avec quelques détours vers des territoires plus crooner et bowiesque, on ne se refait pas.”
“Le funk, bien qu’étant une musique qu’on appellerait aujourd’hui de “niche”, laissera son emprunte sur les grands mouvements musicaux des années 80 et donc sur la musique importante de la fin du siècle.
Son écriture irrévérencieuse et sa façon d’aborder l’amour, souvent par derrière, font d’elle une musique très sincère, malgré ses airs frivole.
C’est un guide que je suis pour tenter tant bien que mal de terminer mon prochain disque. Par dessus tout c’est, je suppose, un excellent guide pour cette période de trop grand sérieux.”