Fêter son confanniversaire comme Cyril Mokaiesh : “je trouve de la grandeur aux petites choses”
Musique - 06.5.2020
“La vie met son véto, un voile mondial sur nos caprices, comme un rappel à l’ordre des priorités.” Dans un texte plein d’humilité, le compositeur qui fête aujourd’hui son 35e anniversaire, célèbre les détails du quotidien.
Après nous avoir offert Le jour d’après, single inspiré par la pandémie (et invitant son propre fiston en featuring), le songwriter engagé – qui avait signé la fameuse B.O. du film césarisé La Loi du Marché aux côtés de Bernard Lavilliers – nous offre un journal de bord baptisé LES CHOSES ET LES PERSONNES en un jour un peu particulier, celui de son trente-cinquième anniversaire…
Journal de bord de Cyril Mokaiesh
“Mercredi 6 mai, voilà c’est fait j’ai trente cinq ans et ce matin j’ai réécouté la chanson de Maxime Le Forestier (J’ai eu trente ans) qui soufflait ses trente bougies inquiet :
“C’est le temps de plus d’excuse
Au vieil écolier qui s’amuse
Ce qui n’est pas
Ne sera pas
Plus tard”
J’ai eu trente ans
Moi, des excuses, je m’en trouve encore et l’école qui ne m’a jamais vraiment amusée, aujourd’hui si je pouvais, j’y retournerais.
Je crois que je n’ai jamais cessé de vouloir être ailleurs. Et c’est là l’erreur.
A se dispenser d’être ici et maintenant avec les autres, on est souvent nulle part et tout seul.
En ce printemps où les oiseaux chantent sans nous, je trouve de la grandeur aux petites choses, à ce quotidien dont je n’ai jamais autant pris soin.
– Séparer le blanc des couleurs ( ce qui est une drôle d’idée en-soi ) avant de laver son linge, m’apporte une certaine quiétude.
– L’oignon qui rissole dans la poêle odorante est un nouvel ami.
– Le jasmin sur qui je veille à ce qu’il ne manque de quoi que ce soit, veille aussi sur moi.
– Les draps que je change, le parquet que je cire, la poussière que j’aspire… N’ont-ils pas droit aussi à la considération ?
Oui c’est mon anniversaire ! Et non je n’aurai pas tous ceux que j’aime autour de moi !
La vie met son véto, un voile mondial sur nos caprices, comme un rappel à l’ordre des priorités.
Je crois qu’il est l’heure de regarder les choses et les personnes autrement, savoir qu’on est en elles autant qu’elles sont en nous… Et peut-être un jour, s’empoigner la main, les yeux dans les yeux, avec le courage de notre humilité.
J’ai trente cinq ans
Je suis content
Bonsoir”