Brexit Jour 1 : les artistes britanniques s’insurgent (ou pas)
Musique - 01.2.2020
Les artistes écrivent l’Histoire à leur manière. Depuis quelques heures seulement le Brexit tant redouté est arrivé… L’occasion de revenir sur la prise de positions d’artistes anglais profondément engagés contre (voire pour !) cette décision irréversible.
Logique pour certains, ubuesque pour d’autres, le parti de Boris Johnson qui remportait (haut la main) les élections générales du 12 décembre, a atteint son objectif. Le 31 janvier à minuit, le Brexit sera officiel. Pour rappel, une étude de fin juin 2019 menée par la Creative Industries Federation indiquait que 96% des artistes du Royaume-Uni étaient fermement opposés à une sortie de l’Europe. Goodbye my british lover!
Elton John
Sir Elton John a toujours été tranché et sans appel. En mai dernier lors d’un concert à Vérone, l’icône s’est fait on ne peut plus clair : “J’ai honte de mon pays et ce qu’il a fait. Il sépare les gens. Je suis malade de voir ces politiciens, surtout les politiciens britanniques. Le Brexit me rend malade. Je suis un Européen – pas un Anglais stupide et impérialiste“. Dans son album Too Low for Zero”, il chantait “I’m Still Standing” s’adressant à une ex-conquête, toujours debout malgré la rupture. Câlin post-Brexit, Elton.
Damon Albarn (The Good, the Bad & the Queen)
Le Brexit a été un déclencheur pour Damon Albarn, qui a politisé certains de ses textes. “Vous étiez ceux qui travaillent ensemble / Mettez l’argent dans les poches / De quelques-uns et leur fortune / Et nous raillent tous parce qu’ils ne se soucient pas de nous / Ils sont sans grâce et vous ne devriez pas être avec eux“. La déconnexion entre les différentes sphères sociales et la sphère politique est l’une des principales problématiques des débats actuels et Damon Albarn n’hésite pas à prendre parti.
Jarvis Cocker (Pulp)
Figure de la pop british, Jarvis Cocker s’est juré grand pourfendeur de l’Europe devant l’éternel. Auteur d’un recueil de pamphlets anti-Brexit en 2018, il déplore avec toute son énergie l’Europe que nous (dé-)construisons. Dans une lettre ouverte à Theresa May, Cooker s’indignait : “Nous ne faisons que construire des murs qui devraient être des ponts“. On n’ose à peine imaginer son état d’esprit en ce jour si particulier.
Roger Daltrey (The Who)
Le Brexit a divisé les citoyens mais a également révélé des disparités au sein même de groupes. C’est le cas des légendaires The Who. Si le guitariste Pete Townshend a révélé être contre, le chanteur Roger Daltrey s’est dit en faveur de cette décision. Selon lui, les leaders de l’UE ne sont qu’un “tas de putain de branleurs inutiles“, poésie. Les institutions de l’UE seraient “anti-démocratiques” a-t-il déclaré avant de conclure “si ça a l’odeur d’un rat, que ça ressemble à un rat, c’est probablement un rat. Et avouons-le, l’Europe a une odeur” selon des propos rapportés par Libération. Des affirmations acérées, à tel point que l’on préfère se concentrer uniquement sur sa musique. C’est tout ce qu’on lui demande, non ?
Chris Martin (Coldplay)
Dès que le Brexit s’est emparé du débat public en 2016, Chris Martin s’insurgeait au Parisien : “Enregistrez-le officiellement : je suis contre le Brexit ! Je serais vraiment très triste si nous sortions de l’Europe“. Fin novembre 2019, Coldplay dévoilait son huitième album intitulé Everyday Life, comme réponse à la “négativité ambiante”. Le groupe, composé de quatre musiciens tous originaires du Royaume-Uni, n’a jamais cessé de vouloir rassembler : “Nous vivons une époque où beaucoup de choses nous séparent et nous divisent – le Brexit, les murs – nous espérons que nos concerts transmettent l’inverse“, confiait Chris Martin au Guardian. Et le prix de la meilleure analogie sur le Brexit lui revient avec cette citation mémorable : “je pense que JRR Tolkien décrivait l’Angleterre quand il a écrit à propos de la Comté que certains Hobbits veulent s’engager dans le monde, certains veulent enterrer la tête.”
Reuben Attia