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YSEULT : La Nouvelle Star qui n’a “Rien à Prouver”

Après son disque sensuel Rouge, la chanteuse à la voix de velours est de retour avec l’ep Noir, un ouvrage croisant trap, RnB et variété.Yseult s’y livre sans fard sur son corps et son histoire, coupant définitivement le cordon avec ses premiers essais. Rencontre.

Révélée par le télé-crochet Nouvelle Star en 2014, Yseult n’a aujourd’hui plus rien à voir avec la jeune fille timide de la pochette de son tout premier album où elle chantait Californie dans un format pop et sucré. Libérée de tout contrat en label, elle dirige désormais d’une main de fer sa carrière, et se met à nue en nous dévoilant une oeuvre bien plus brute et frontale : Noir – co-produit par Puggy (Corps, Noir), Medeline et Twenty9 (5H en featuring avec le rappeur Jok’air) et Yung G (Rien à Prouver).

Avant de la retrouver en concert au Trianon à Paris le 18 novembre prochain, Yseult nous a accordé une interview.

On t’a découvert dans l’émission Nouvelle Star, en 2014. Puis tu as rapidement signé en major (chez Polydor, Universal) et sorti un premier album dans la foulée. Tu gardes quels souvenirs de cette expérience ?

Yseult : C’est le jour et la nuit ! J’ai fait l’émission, j’avais 17 ou 18 ans. Quand on arrive dans cette machine incontrôlable, il y a des codes : soit tu t’y plies et ça fonctionne, soit tu es un peu insolente comme moi… Pendant 5 ans j’ai cherché à trouver des compromis, faire une musique plus conventionnelle et se faire aimer par tout le monde, et au final je me suis dit mais pourquoi ? Est ce que je serais heureuse ? Et sur le premier album, ce n’était clairement pas le cas !

“Aujourd’hui je me sens tellement bien, j’ai ma société, mon label, je fais ma musique, je bosse que ce que je kiffe, je fais des concerts cool. J’ai 25 ans. Je suis reconnaissante de tout ce qui m’arrive.”

Sur ce premier album, qui est toujours disponible en ligne, quelle Yseult on peut écouter ?

Oui il est encore en ligne. C’est dur de tout effacer… ça fait partie de moi ce disque. Il y a quand même ce morceau Blanche, en piano voix qui me ressemble, co-composé par Da Silva et Fred Fortuny. Mais le pire c’est cet autre titre que j’ai écrit, La Californie alors que je ne suis jamais allée là-bas. Bitch you lieee ! (rires)

Sur le morceau Rien à Prouver, tu règles tes comptes avec ton début de carrière ?

Sur cet EP, il y a des titres extrêmement personnels, mais il ne faut pas le voir comme un règlement de compte, c’est plutôt une meuf qui est dans l’urgence et qui raconte son ressenti sur son métier, sa famille, à un instant t. Maintenant, j’ai du recul pour raconter tout ça et pour m’affirmer.

Tu te confies de manière très directe sur cet EP Noir, ça a été libératoire ?

Ça m’a fait grave du bien. Après je dois l’admettre, très souvent c’est dur de s’assumer pleinement. C’est un métier où on est jugé en permanence et des fois ça pique, tu as mis tout ton coeur et on te rentre dedans.

Noir semble l’oeuvre la plus aboutie, mais aussi la plus sombre et personnelle ?

C’est un EP beaucoup plus intime, introspectif et brut, très frontal. C’est mon disque préféré car c’est là où je me raconte vraiment en musique. C’est mon histoire personnelle, j’assume mon intimité, et je les affronte en musique, il y en a qui vont voir des psy, mais moi ma psy c’est mon piano.

Ce disque tu l’as construit en miroir avec ton ep précédent Rouge, plus amoureux et dansant ?

L’EP Rouge m’a permis de faire une césure entre mes projets d’avant et aujourd’hui, alors qu’avec l’EP Noir c’est vraiment moi, j’y raconte mon histoire.

Si tu pouvais faire 3 reprises d’artistes français de ton choix ?

Dominique A, Le courage des oiseaux
Izia, So Much Trouble
Jacques Brel, Ces gens là

Je ne m’attendais pas à ce que tu proposes autant de chanson française…

Moi ma culture, c’est Alex Beaupain, Izia, Baden Baden, Dominique A… J’ai grandi avec cette scène là à Paris. J’habite seulement à Bruxelles depuis 7 mois. Mon père écoutait lui beaucoup de musique africaine et du jazz, ma mère de la variété, avec Polnareff et Obispo. Mon frère des trucs ricains et du rap français. Mon truc, ce sont les chansons à texte ! Je suis amoureuse de Delerm, en cachette. Pour moi c’est le meilleur avec Mathieu Boogaerts et Babx.

“C’est de la variété l’ep Noir à la base, si tu enlèves la prod trap. On me dit souvent que j’ai un phrasé très variété, que ça se voit que je ne viens pas du RnB.”

Pourquoi tu es partie habiter à Bruxelles ?

J’avais vraiment besoin de faire un reboot. Sincèrement, j’ai un entourage là-bas… Ah ça me touche un peu là… Et ce sont des gens qui te portent vers le haut, tu sens bien et ils acceptent la personne que tu es. Le jugement est bienveillant à Bruxelles, ça me permet de souffler. Mais mon rêve c’est d’habiter à Londres… Je suis partie là bas quand j’ai fait des campagne de mannequinat avec ASOS et j’ai halluciné, tu peux mettre n’importe quoi, et les gens sont cool.

Un message à la Yseult de la pochette de ton premier disque ?

La Yseult d’avant c’est une fille qui ne sait pas s’assumer et qui ne connaît pas son corps, qui fait semblant, qui ne connaît pas l’histoire de sa couleur de sa peau. Je lui dirais bien : tu aurais dû être un peu plus têtue et teigneuse et tu aurais su t’assumer ! J’aurais fait des belles choses mais j’ai aucun regret..car sinon je serai pas là maintenant.

Tu penses que tu peux servir de modèle pour la nouvelle génération ?

Quand j’ai fait le visuel de l’ep Noir, j’ai demandé à deux amies de me photographier nue, sans retouche, et ce shooting m’a fait énormément du mal et de bien, et avant de la poster cette photo j’ai chialé… tellement ! Et quand je l’ai postée et j’ai eu des retours de fou, et je me suis dit si ça peut aider et je peux éduquer le regard des gens avec mon travail bah franchement ça fait du bien.

(Le) Corps c’est une grande partie de toi, intime au final, que tu ne montres pas. Donc soit tu décides de vivre un peu dans le déni, soit tu décides de t’assumer et de le montrer.

Les EPs Rouge et Noir sont disponibles en version digitale.

En concert : le 16 novembre 2019 au Stéréolux de Nantes, le 23 novembre 2019 à l’Antipode de Rennes, le 26 novembre 2019 à l’AB Club de Bruxelles, le 15 décembre 2019 au French Connexion de Lyon et le 18 novembre 2020 au Trianon à Paris. Plus d’infos.

Abigail Ainouz