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Avec “La fièvre Golby”, Botibol signe un délicieux album de chevet

Crédit Florian Duboé

Figure incontournable de l’indie folk français, le bordelais Vincent Bestaven est de retour avec un troisième album intimiste, invitant à la méditation et succédant aux merveilleux Born from a Shore (2011) et Murs blancs (2013).

Issu du feu collectif hyperactif Iceberg, où gravitent les musiciens de Petit Fantôme (Pierre Loustauneau) ou encore le super groupe Crane Angels, Botibol se distingue par son univers singulier et son imaginaire fantastique inspiré des légendes et contes de son enfance. De Jack London en passant par Roald Dahl (à qui il emprunte le nom Mr Botibol, tiré d’une nouvelle L’homme au parapluie), le songwriter puise aussi ses histoires dans ses souvenirs de gosse, grandissant dans un petit village de la brousse en Nouvelle-Calédonie entre 5 et 10 ans (avant de revenir au pays Basque puis de s’installer définitivement à Bordeaux).

“J’ai lu très jeune Légendes des lacs et des rivières et toutes ces histoires sur des créatures mythologiques”

Dans La fièvre Golby (Haïku Records & Usopop), Botibol met en scène un monde post apocalyptique et fantasmé, traitant autant des thèmes comme l’écologie, “le retour à la nature ou des formes de vie communautaire et de tribus vivant dans la montagne”.

Et si la pochette autant que l’instrumentation peuvent laisser planer une filiation nordique (un lien de parenté rêvé avec un magicien comme Erlend Oye), Vincent nous confie son rapport étroit avec la nature et les éléments : “j’ai besoin de cette montagne, de l’eau, si je ne passe pas une semaine sans tout ça, je ne me sens pas bien, même si j’aime aussi la ville, qui peut aussi être assez sauvage et hostile dans son genre.”

Un enregistrement en pleine nature basque

C’est d’ailleurs dans cette même quiétude qu’a enregistré le songwriter, et en compagnie des frères Félix et Johannes Buff (ingénieur son qui sonorisé notamment les tournées de Thurston Moore ou The Internet), dans un studio de famille situé à Bera, dans le pays basque espagnol. Ce cocon entre la montagne et la forêt, très chaleureux, leur offre un cadre idéal pour s’isoler et se concentrer “sans source de distraction” :

“Le studio à est à Bera, un village perdu dans la montagne, habité par beaucoup d’artistes qui ont créé une effervescence assez cool, il y a un petit côté Twin Peaks.”

De cette quiétude né un album dépouillé, tant au niveau des arrangements “très choisis” que dans l’instrumentation sonore : “J’adore ça et j’ai tendance à en mettre des couches, mais là je voulais que ça soit assez nu”. Et si le Mellotron et les guitares sèches apportent cette dimension très intimiste et très organique, c’est que Vincent a une idée très précise de la couleur de l’album dès le départ :

“Je voulais des guitares sèches avec des cordes en nylon, que ça soit la clef de voûte du disque, que chaque chanson soit habitée par ce spectre sonore très chaud et réconfortant, et assez classique.”

La présence de cuivre (de bugle plus précisément) sur plusieurs morceaux contribue aussi à ce son feutré du disque : “ce timbre presque humain, des sons que j’avais entendus chez Neil Young”. Quant à la voix, Vincent abandonne les techniques de doublage (censées épaissir la voix) pour privilégier un enregistrement assez frontal, avec le moins d’effets possibles “que la voix sonne la plus pure possible”.

La Fièvre Golby se découvre ainsi comme un disque de chevet idéal, avec un côté cathartique et presque méditatif, autant pour l’auditeur que son auteur : “J’avais besoin de ce calme là. Et je voulais apporter ça aussi au disque”.

La genèse de La fièvre Golby

Traversant une période de vie assez mouvementée, le multi-instrumentiste part s’isoler dans un lieu calme “à la forêt, à la campagne, et en bord de mer”, se retrouvant en tête-à-tête avec sa guitare et un micro, afin de composer très simplement : “les morceaux me sont venus comme ça.”

“Après ma tournée avec Petit Fantôme, j’étais pris dans une période de ma vie qui était assez tumultueuse, un moment compliqué dans ma vie personnelle. J’ai attendu que ça déborde et je me suis senti presque obligé d’écrire”

Sans essayer de prouver quoi que ce soit, Vincent se met à nu (au sens figuré comme au sens propre, dans son dernier clip Valleys) et sans passer du côté pathos, ce nouveau disque reste lumineux et saura vous accompagner en cet automne grisant…

“J’avais envie que ça soit réconfortant pour la personne qui l’écoute. J’ai l’impression d’écrire vraiment pour mes proches pour les gens que j’aime. C’est assez intimiste au final.”

Crédit : Florian Duboé

Le disque La Fièvre Golby (Haïku Records / Usopop) est disponible en édition physique et digitale.
En concert le 6 février à la Maroquinerie (Paris). Plus de dates de concerts sur botibol.fr