Les trublions FAIRE reviennent avec l’EP “La Vie” : punk, pop et jouissif !
Musique - 01.10.2019
Toujours à la recherche de nouvelles sensations, le trio parisien FAIRE nous raconte ses débuts, ses pérégrinations entre Mexico et L.A. et sa Gaule Wave attitude. En concert, ce jeudi 3 octobre à la Boule Noire, la veille de la sortie du nouvel EP “La Vie”.
Si le trio s’est fait plutôt discret cette année, c’est qu’il bossait incognito entre LA, NYC, Paris et Mexico, pour son nouveau disque enregistré en studio (une fois n’est pas coutume). Il y insuffle un univers plus pop, loin de leurs brûlots live mais toujours aussi détonnant… A retrouver en concert ce jeudi 3 octobre à la Boule Noire (Paris).
DES DEBUTS… NO FUTURE
C’est sur les bancs du collège, à seulement 12 piges, que se rencontrent Raphaël, Simon et Romain. Ensemble, ils partagent une vision assez no future : “On était tous les trois en décalage avec les autres. On s’est réunis pour créer notre musique et s’y sentir mieux.” Après un passage en école de jazz, le trio commence ses expérimentations, “juste pour faire des trucs”, d’où le nom évident du groupe. Peu à peu ils s’invitent à jouer dans des fiestas, des expos, se lancent dans des impros, customisent leurs fringues… Saoulés par la morosité ambiante et les cases dans lesquelles on les colle, ils prennent rapidement la tangente pour se confronter à un nouveau public.
“On s’est beaucoup ennuyé à Paris dans notre adolescence, tout est très gris et difficile d’accès si tu as pas trop d’argent. Cette volonté de s’extraire, de voyager, on l’a depuis toujours car on tourne vite en rond ici.”
RENCONTRE AVEC LE PAPE DU CHEVEUX
A l’occasion d’une performance au club SALO (nouvellement le club Sacré, 142 rue Montmartre), FAIRE est invité par le fondateur de la “haute coiffure” pour un live de feu. Leur rencontre “match” toute suite et Charlie Le Mindu – qui a signé des créations pour Mylène Farmer ou encore les perruques de Lady Gaga – les invite aux US, leur ouvrant ainsi les portes de fêtes californiennes et de producteurs déterminants pour leur carrière. C’est aussi Le Mindu qui signe leurs coupes de cheveux iroquoises très colorées pour la pochette de l’ep La Vie.
DIRECTION L’AMERIQUE (en passant par Mexico)
Autre rencontre déterminante… Invités au Psych Festival 2016 à Paris, le trio y rencontre une formation mexicaine, Los headaches : un coup de foudre mutuel qui se solde par un aller simple pour Mexico : “On devait rester quelques semaines, et puis finalement on a trouvé un tourneur, et on est resté 6 mois.” De ce voyage en Amérique latine naît un goût prononcé pour les couleurs vives, et des vêtements qu’ils customisent eux même. “Au Mexique, on avait la possibilité de refaire des futales avec des modèles chinés dans des fripes”. C’est aussi là-bas qu’ils s’immergent dans une culture rock alternative, techno, news wave, voir romantique goth, “on jouait dans des clubs de goth, même le patron est en vampire.”
La tradition mexicaine et son rapport à l’au delà, sont d’ailleurs au centre de leur dernier ep La Vie (sortie vendredi 4 octobre) qui propose 4 titres sur des histoires cycliques (“C’est pour ça que la pochette est comme ça, ce tourbillon”), deux morceaux dédiés à la vie et à l’amour (Oh Martha, Se la pasa bien), et deux autres à la mort (Lucifer et Muertos).
Si il est difficile de suivre les nombreux périples qui ont suivi leur épopée mexicaine, et nourri leur imaginaire pop, on retiendra quand même un concert remarqué lors de l’inauguration de l’exposition du Velvet à NYC, un passage éclair au festival texan SXSW et une tournée bookée à l’arrache à travers les USA. Le trio sillonne ainsi tout le nouveau continent à la recherche de sensations inédites : “On a envoyé plein de mails sur toute la route et on s’est booké des concerts en chemin.”
PUNK MALGRES EUX
Le mouvement punk ou les comparaisons avec les Berurier Noir, FAIRE n’en a que faire.. Musicalement, ces zozos sont d’ailleurs très fan de chanson française, des trucs yéyés, des premiers Polnareff, de Dutronc, Nino Ferrer, mais aussi… de french wave comme les compiles BIPPP de Born Bad rééditant des singularités des années 80.
“On en a juste marre que tout le monde soit trop bridé. Nous on a de la couleur dans les cheveux, on s’en bat les couilles de tout.. Tout le monde est à poil à nos concerts, c’est très free.”
De ce savant mélange entre nihilisme, jemenfoutisme et yéyé, né leur genre propre : la Gaule Wave… “C’est la chanson française, l’énergie du truc, mais aussi la cold wave, la new wave, beaucoup de synthés qui portent beaucoup notre musique, et sur lesquels on pose un truc organique et bien excitant.”
LA VIE, UN NOUVEAU DEPART
Après 3 disques EPs faits mains (versions physiques numérotées et customisées), FAIRE revient avec La Vie beaucoup plus travaillé et signé sur leur propre label. Ils y changent radicalement de méthode de travail, en enregistrant en studio “et non sur l’ordi, un peu à l’arrache” avec l’aide d’Adrien Pallot.
FAIRE réussit ici le pari de proposer des morceaux plus accessibles en mélangeant sonorités organiques et synthétiques (mixant le son de vraies batteries et basses avec des synthés et boîtes à rythmes) : “je pense que c’est ça qui rend beaucoup plus accessible ce disque, beaucoup plus réel.”
“En live, c’est l’émeute, et il y a toujours plein de trucs qui se débranchent. Les concerts sont cool mais après à écouter chez toi c’était l’enfer. Nos premiers EPs, ce n’était pas du tout le reflet de ce qu’on faisait en live au final, on perdait vraiment cette énergie à l’enregistrement”.
Pour les aider à traduire cette frénésie live sur pistes, exit le bricolage sur ordi, le producteur anglais (basé à L.A.) Nick Launay, leur donne à son tour un sacré coup de main. Lui qui a bossé pour des petites sommités comme PIL, Nick Cave, le dernier disque de Iggy Pop ou encore IDLES, sait y faire avec cette bande de zinzins là…
“Nick Launay nous a découvert à Los Angeles, nos shows là-bas c’était un peu n’importe quoi, sur des soundsystems qui éclataient. On faisait juste de la performance et il a trop kiffé. Il nous a enregistré en France l’an passé.”
Bien entourés et plus libres que jamais grâce à leur nouveau label, FAIRE se donne la liberté de travailler à l’avenir sur des BO de films ou pourquoi pas des défilés, ou même des courts ou longs métrages “Où on ne partirait pas du titre pour le clip mais on ferait l’inverse.” Une af-faire à suivre…
Le disque EP La Vie sera disponible dès le 4 octobre sur toutes les plateformes et en vinyle.
Release Party le 3 octobre à la Boule Noire (Paris)