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[POP GREEN] La slow fashion, mode d’emploi


© Myrtille Bourdaud’hui

“Seconde-main is the new cool” ! C’est le mantra de Myrtille Bourdaud’hui, influenceuse aux manettes d’Histoire Seconde. Sur son podcast, blog et compte insta, elle prêche la bonne parole pour un mode de vie durable.

Si la slow fashion est un nouvel argument de vente pour les grandes marques de mode, désireuses de nous faire acheter (toujours plus) de vêtements, fabriqués théoriquement en plus petite quantité et de meilleure qualité, elle devrait être aussi un réflexe pour le consommateur… Pour Myrtille Bourdaud’hui, parisienne de 35 ans : c’est devenu indispensable ! Rencontre

Rédemption d’une ancienne accro à la “fast fashion”
Baignant dans la blogosphère depuis plus d’une dizaine d’année, Myrtille change radicalement de vie il y a un peu plus d’un an. A l’époque elle est responsable e-commerce dans la cosmétique et avoue être complètement “accro à la fast fashion” :

“Un jour, j’ai eu cette remise en question brutale, à me dire : mon taf ne sert pas à grand chose, je suis en train de mobiliser mes neurones pour vendre du rouge à lèvres et je n’en vois pas trop l’intérêt.”

Une prise de conscience…. Et des lectures !
Si les documentaires très populaires comme The True Cost, ou l’affaire du Rana Plaza (2013) ont marqué les esprits, d’autres ouvrages vont accélérer les choses et rendre la démarche de Myrtille plus concrète. De la flippante collapsologie (théorie sur l’effondrement d’une société ou civilisation) à des livres spécialisés sur l’industrie de la mode, tout lui passe entre les mains… Quelques suggestions de lecture au passage : “Une mode éthique est elle possible ?” de Madjouline Sbai, “Déshabillez-moi” de Catherine Joubert et Sarah Stern et “Petit manuel de résistance contemporaine” de Cyril Dion .

Quelques chiffres sur l’impact de la mode
– 140 milliards de vêtements produits dans le monde, soit 4 fois plus qu’en 1980 faisant de la mode la seconde industrie la plus polluante au monde.
– 2700 litres d’eau nécessaires à la production d’un t-shirt, soit l’équivalent de la consommation d’un individu pour 3 ans.
– 70% des eaux de surface en Chine polluées à cause de l’industrie textile.
– et seulement 30% de notre garde-robe portée…
(extraits de différents rapports et tous compilés dans le livre “Une mode éthique est-elle possible”) :

Du passage à l’acte à la naissance d’Histoire Seconde
“D’avoir autant de faits scientifiques devant les yeux, de voir qu’on fonce dans le mur, là je me suis dit, tu vas pas pouvoir continuer à te regarder dans la glace si tu fais rien à ton échelle” : pour mettre en adéquation ses valeurs avec ses actes, l’ancienne reine du shopping et blogueuse mode (et lifestyle) se lance dans Histoire Seconde, un blog et guide personnel de slow fashion, dans lequel elle raconte sa démarche, comment elle en est venue à ne plus acheter aucun vêtement neuf et réduire considérablement la taille de sa garde robe. Dans la foulée, elle quitte son job, une négociation très difficile avec son employeur, mais libératrice !

“Sur Histoire Seconde je raconte ma démarche : comment j’en suis venue à ne plus acheter aucun vêtement neuf et à réduire considérablement la taille de ma garde robe.”

Sa méthode pour vous lancer dans un dressing éthique : TRI, DON & VENTE
Enfilez votre uniforme de Marie Kondo, et commencez par faire le tri dans votre armoire : “Faites le point sur ce que vous avez vraiment besoin. Personnellement j’ai réduit par 3 la taille de mon dressing. Catégorie par catégorie, j’ai trié”. Il existe des méthodes assez pointues pour ça, comme le Projet 333 ou la méthode qui consiste à trier en mettant les cintres à l’envers des vêtements non mis dans le mois écoulé, pour faire un vrai bilan des pièces inutiles et affiner son style. Ce tri sera bien évidemment progressif.

Et tous les fringues en trop, on fait quoi ? On les donne et on les revend pardi ! “j’ai vendu à mes proches et sur VINTED certaines pièces, les marques notamment. Et j’ai donné à des collectes de vêtement.” Il existe aussi l’application GEEV un réflexe anti gaspi qui marche aussi pour les objets et la food.

Pour éviter la surconsommation : acheter moins mais de meilleur qualité
Ayant un passif d’accro au shopping, Myrtille connaît bien ses tailles et ce qui lui va ou non, ce qui lui permet d’acheter en ligne sans trop se tromper. Son fournisseur officiel c’est VINTED : “Sur les pièces vintage, tu fais un paris, on sait jamais comment ça va aller sur soi, mais tu peux les revendre”. Et pour les pièces fétiches, pourquoi ne pas aller faire un tour chez un retoucheur :

“Le couturier de quartier c’est une habitude qu’on a plus du tout ! J’ai fait refaire des robes achetées en ligne pour changer un décolleté. C’était possible, pas si cher et vite fait en plus : pour un col V c’est 10 balles ! Ca te coûte moins cher que la robe Zara !”

Pour éviter les achats compulsif, on fait des listes
Définir ton style, qualifier ce qu’on aime vraiment, en faisant des listes des pièces dont on a envie peut aussi être un vrai garde fou : “J’ai fait un board sur Pinterest et ça m’aide à ne pas faire d’achats impulsifs“.

“Je me suis fixée des règles, si j’achète, je fais sortir un autre article de mon armoire. Et j’essaye de le faire repasser dans une économie circulaire, je le donne ou vends, donc je réfléchis avant d’acheter. Ça m’arrive encore, mais j’essaye de prendre le temps.”.

La Retail Thérapie
Le rapport au vêtement est très psychologique, “ça cache quelque chose, j’ai essayé de comprendre pourquoi j’allais acheter des vêtements, si c’était une récompense, une pulsion, une envie ou pour pallier une déception”. En le conscientisant, on peut alors changer ce réflexe d’acheter, se déshabituer, et à la place : aller à un concert ou partager des moments avec des potes, bref, “redonner sa place normale à un vêtement, tout en continuant à afficher son style.”

De la slow fashion à un mode de vie durable…
Ne plus acheter de vêtement neuf, c’est une chose, mais c’est tout le quotidien de Myrtille qui est désormais remis en question : “Quand j’ai eu cette prise de conscience, je me suis dit, je vais tout changer !” Venant de la cosmétologie, c’est évidemment sa salle de bain par laquelle elle commence : “j’ai fait un énorme tri, gardé l’essentiel, et donné le reste. Je passe au bio quand je dois remplacer. Typiquement j’utilise de l’huile pour me démaquiller et m’hydrater, un savon soluble, un coton qui se lave…”

Côté cuisine, adieu machine Nespresso, et bonjour le café à filtre, idem pour les bouteilles d’eau gazeuses auxquelles on préfère par exemple le Soda Stream : “Pour la bouffe, je privilégie des produits de saison, et j’ai aussi réduit drastiquement ma consommation de viande”.

“Le blocage avec le seconde- main, c’est de se dire qu’on va être déguisé, le dépôt vente c’est une bonne solution, on trouve des marques actuelles.”

Des adresses pour faire son shopping
– En ligne : Vinted / Le Boncoin / Vestiaire Collective
– Dépôts vente de Paris : La Frange à L’envers, 5 août Paris, Mad Vintage, Tilt Vintage, Emmaüs Alternatives, Le vide dressing Violette Sauvage (organisé partout en France), Le corner de La bonne Pioche aux Galeries Lafayette (et leur boutique en ligne)
– Les friperies connectées : alexandrabalzamvintage, La bonne Pioche , Pacaly  et Crush On vintage 

Retrouvez Myrtille sur Histoire Seconde.
Et son podcast Seconde 

Abigail Ainouz