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Le songwriter queer Ezra Furman signe l’album punk de cette rentrée

Aujourd’hui sort Twelve Nudes, ouvrage cathartique aussi engagé politiquement  qu’émotionnellement.

Un an seulement après son album glam-rock Transangelic Exodus – dont est extrait le tubesque Love You So Bad – le chanteur américain et son band, Ezra Furman, est de retour avec un septième album (chez Bella Union), dans un registre beaucoup plus punk mais tout aussi désenchanté.

C’est notre album punk. Nous l’avons fait à Oakland, rapidement. Nous avons bu et fumé. Je me suis fait mal à la voix en hurlant. C’était en 2018 quand les choses allaient mal dans le monde. Les chansons sont brutes, il n’y a rien à cacher”.

Si son ouvrage précédent était déjà bien énervé et hanté par les déviances du monde actuel, ce dernier transpire une forme d’immédiateté inédite, Ezra insistant sur le caractère “animal plus qu’intellectuel” de l’ouvrage bouclé en très peu de temps. Il y décharge sa rage et ses angoisses sur 12 pistes électrisantes, dont un brûlot saturé de 58 secondes (Blown).

“Cet album est politique, mais il offre une réponse émotionnelle et non un engagement partisan“

Au programme des réjouissances : le conflit israélo-palestinien et son identité juive (Rated R Crusaders), les agressions sexuelles commises par de riches magnats (Trauma) ou encore la suprématie de l’homme blanc aux US (In America) et les tensions politiques liées à la gestion catastrophique de la crise avec le Mexique. En introduction, quoi de plus saisissant que Calm Down et ses 2min22 lançant un cri de désespoir : “C’est la matérialisation de mon mécontentement face à la civilisation humaine actuelle, dans laquelle des hommes mauvais nous écrasent et nous obligent à la soumission”.

Cet album mixé par le vénérable producteur John Congleton (Sharon Van Etten, St Vincent ou encore John Grant) est un hommage à peine masqué aux deux héros d’Ezra : le feu dieu punk Jay Reatard et la philosophe Anne Carson, lui inspirant d’ailleurs le nom de l’album  :

“Anne Carson possède ces visions, ou méditations, qui soulagent la douleur intense de sa vie. Elle les a appelées “nudes” et de la même manière, mes chansons sont des méditations sur la douleur, et permettent de comprendre ce qui se cache quand tu fouilles bien derrière ta colère, ta peur et ton anxiété. D’où le nom de mon album :

Un album spirituellement queer

Et si depuis le coming out de son disque Day of the Dog (2013), il s’affiche régulièrement en robes et rouges à lèvres “assumant au dehors ce qu’il ressent à l’intérieur”, ce dernier disque se revendique tout aussi “spirituellement queer”. Ezra s’y exprime librement et en toute franchise, comme sur le doo-wop mielleux I wanna be your girlfriend.

De ce constat sans appel sur notre société moribonde et à la dérive, Ezra choisit finalement un ton sarcastique, concluant son album sur cette divine parole : “What Can We Do But Rock’n Roll”. La messe est dite.

 

En concert le 19 novembre à la Maroquinerie (Paris)
L’album Twelves Nudes (Bella Union / PIAS) est disponible depuis le 30 août. 

 

 

©JESSICA LEHRMAN

Abigail Ainouz