[POP LIFE] La dérive du paquebot Vice
Lifestyle - 04.2.2019
… Et de celle des medias devenus gratuits.
En septembre dernier, Florence Willaert, alors directrice des rédactions de Vice France, quitte le navire. Nouvelle équipe, nouveau management, vague de démissions et article au vitriol des cousins de Libé, 2018 a vu le media le plus fun et trash de France devenir le triste serviteur des intérêts de ses dirigeants et de la publicité : l’éditorial et le commercial ne font plus qu’un et les papiers brossent les annonceurs dans le sens du poil. Il faut bien trouver l’argent quelque part me direz-vous. Évidemment. Le problème c’est la clarté : les journalistes bataillent pour expliciter le fait que tel ou tel article est en fait du brand content, un peu comme dans un magazine, quand il est précisé en haut de page « annonce » ou « en collaboration avec x marque », question d’intégrité quant à la nature du métier.
Bref, les pistes sont brouillées, le personnel malheureux et la raison de vivre de Vice -tordre le cou au préconçu, mise à mal.
Il y a 2 jours, le 2 février 2019, Florence Willaert rédige un statut sur Facebook en réaction à l’article du Monde paru le même jour et titré « Vice Media annonce la suppression de 250 postes ». Elle en profite pour expliquer son départ et met le doigt sur l’évidence suivante : un media libre de ne peut pas être gratuit. La question qui se pose est celle de la rémunération des journalistes, devenue précaire, et plus largement celle de la survie de la liberté de ton.
Le virage du papier au digital a été négocié différemment et avec plus ou moins de succès selon les journaux et les magazines, mais le cas Vice est absolument symptomatique de l’état de la presse actuel : faut-il, comme Libé ou Le Monde, proposer un abonnement au site ? Faire du brand content de façon mesurée mais claire ? Inventer de nouveaux formats à la manière de Brut ? Devenir putaclic façon Buzzfeed ou Konbini ?
Et puis, quid du papier, toujours plus valorisé par les marques quand il s’agit de magazines de mode notamment ? Et les réseaux sociaux, qu’est-ce qu’on en fait ?
La question d’un modèle viable dans l’intégralement digital est posée, celle de la guerre des contenus bien réelle et l’avenir du métier de journaliste plus ouvert que jamais.
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