Pour (et contre) la weed légale en Californie
Lifestyle - 08.1.2018
L’Etat le plus progressiste des U.S. vient de passer le cap, pour le meilleur? On a pesé le pour et le contre.
Depuis le 1er janvier dernier, c’est officiel, si vous avez plus de 21 ans vous pouvez acheter du cannabis légalement dans le Golden State. En réalité la première étape de légalisation de la weed médicale rendait déjà le produit très facilement accessible: prétendre des maux de têtes persistants ou un peu d’angoisse suffisait à obtenir une ordonnance et les shops avaient déjà pignon sur rue. Après le Colorado en 2014 la légalisation totale était très attendue en Californie où l’on pouvait voir à la fin de l’année d’immenses billboards faisant la promotion de l’évènement.
S’il y a des raisons de se réjouir de cette nouvelle loi il n’en demeure pas moins qu’elle pourrait en laisser certains sur le carreau. On a mis la weed dans la balance du bon sens.
POUR:
-Les sous!
Au Colorado, la légalisation de la vente de cannabis a eu pour principal effet d’enrichir très fortement l’Etat qui a récolté pas moins de 5,4 Mds$ la première année. Aux Pays-Bas, le commerce légal de weed a ramené 2 milliards d’euros, c’est prometteur.
-Le cercle vertueux
L’argent en question, s’il a considérablement enrichi l’Etat, a surtout été réinjecté dans les services publics, l’école ou l’aide aux sans abris. On espère que l’essai se transformera de la même manière en Californie: relever le niveau (rarement fou) des écoles publiques et permettre de prendre en charge le dramatique problème de logement sur la côte changerait le visage d’un Etat qui a pourtant tout pour plaire.
-L’addiction traitée comme un problème de santé et non comme un crime
Envoyer ceux qui consomment en cure, sur le long terme, ça devrait mieux fonctionner que la prison où le traffic va bon train. Le système judiciaire s’en trouvera conséquemment allégé, et les geôles vidées pour de banals faits de fumette.
-La qualité de la consommation
On ne vous apprend rien, interdire un produit n’empêche pas sa consommation -La France est 6ème consommatrice au classement mondial quand les Pays-Bas ne sont que 20ème… En Californie, la législation impose que la weed sur le marché montre patte blanche sur 66 pesticides. Car oui, quand on fume un pétard de marché noir, on fume aussi des pesticides. Allez manger bio après ça…
C’est ce dernier point qui soulève les écueils de la légalisation:
CONTRE:
-Le devenir des petits producteurs
Quid de l’avenir des “weed farms” et surtout de ses farmers? Pour répondre aux nouvelles exigences, il faudra une restructuration totale. Les licenses seront, elles, très faciles à obtenir et la conséquence directe sera une concurrence redoutable pour les petits producteurs comme Chia Rodriques. Ceux-ci commencent déjà à s’organiser et à s’associer pour être plus solide face au monstre capitaliste qui pointe son nez. L’exemple parfait c’est Mike Tyson qui a pour projet de construire un espace de 16 hectares consacré à la weed et d’ainsi faire son trou dans le game de l’herbe légale, au risque d’écraser les plus petits.
-L’inconnue de la consommation
Le Portugal a dépénalisé (TOUTES les drogues) en 2001 et obtient des résultats probant puisque la mortalité due aux drogues est passé de 80% à 16% et le nombre de consommateurs de cannabis a lui aussi chuté. Aux Pays-Bas le constat est moins clair, les chiffres seraient plutôt stables depuis la dépénalisation en 1976. Les chiffres étant aussi des outils politico-médiatiques on ne s’avancera pas davantage sur ce point. On a donc demandé leur avis à une douzaine de personnes résidant en Californie, vieux, jeunes, actifs, consommateurs et non-fumeurs, et leur opinion est sensiblement la même: en réalité, personne n’a attendu la légalisation pour fumer des joints donc ça ne changera rien si ce n’est que la qualité sera meilleure. Leur inquiétude se tourne davantage vers l’avenir des farmers évoqué plus haut.
Si les résultats de la côte Ouest sont aussi probants que ceux du voisin Colorado, que le Portugal ou de l’Espagne, on espère que ça serve d’exemple à la France, une fois de plus à la bourre sur un sujet crucial.
Agathe est sur Instagram @ag_rou