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[ITW] Columbine, la nouvelle génération du rap français

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A l’occasion de leur performance aux Transmusicales le week-end dernier, Pop a rencontré deux membres du crew de rap Rennais Columbine : entretien avec Lujipeka et Foda C.

Hello les gars ! Ca vous fait quoi de jouer aux Transmusicales ? On a lu quelque part que vous n’étiez pas si attachés que ça à la ville de Rennes ?

Ce n’est pas qu’on est pas attachés, c’est juste qu’on n’est pas vraiment dans la revendication tout le temps. On kiffe cette ville, mais on en parle pas dans nos sons tout le temps en mode 35 rpz [Rires]. On ne parle pas de notre code postale H24. Après les trans c’est une super symbolique. On les avait refusées l’an dernier parce que notre album n’était pas sorti. Ont attendaient de se roder en live pour ce moment-là. Donc c’est quand même un moment important puis c’est cool, tu vois là on est en mode tête d’affiche. Je suis quand même assez ému.

Votre premier album était signé sous le label Columbine2k16, et le deuxième chez Universal. Vous qui revendiquez un côté indépendant, ça n’a rien changé à votre manière de concevoir l’album ?

Foda C : Quand on dit signer, c’est un mot large, c’est réducteur… On est uniquement en édition chez Universal, donc ils n’ont pas touché à la production, on a signé un album déjà fini. L’album a été entièrement fait dans la chambre.

Lujipeka : Il serait sorti pareil avec ou sans Universal. Il n’y a rien à diaboliser. Ça n’a rien à voir avec le fait qu’on fait les choses nous-mêmes. On fait toujours tout.

Foda C : On a uniquement lâché le mastering [à Alex Gopher, ndlr], parce qu’on est pas bons en mix. Tout le reste, ce ne sont pas des choses qu’on a cédé, c’est des choses additionnelles qu’on ne faisait pas avant. Par exemple, on ne faisait pas de tournée, de promo, on n’avait personne pour gérer une vraie distribution. C’est tout. Tout ce qu’on peut faire nous-même, on le fait.

On trouve le deuxième album plus sombre que le premier ; vous pensez que c’est parce que vous avez grandi entre les deux ?

Foda C : C’est drôle, moi dis souvent que le premier album je le trouve bien plus dark et bien plus trash que le deuxième. Dans le premier album, il y avait un aspect bien plus torturé, plus sauvage… Le deuxième est plus dépressif je dirais.

FodaC : C’est notre patte en vrai d’être sombres.

Lujipeka : L’objectif est plus resserré sur le deuxième album, du coup on a pu se permettre des trucs plus personnels que sur le premier. C’est peut-être ça qui a ramené cette patte “mature” et “perso”.

Foda C : En fait, tu parles simplement de ce que tu vis. Dans le premier, on avait 18-19 ans ; là, on en a 21 donc c’est différent. Quand tu parles d’une période de la vie différente, ça évolue forcément.

Lujipeka : C’est vraiment la vibe qui a changé, mais ça s’est fait naturellement tout simplement parce qu’on n’est pas les mêmes d’une année à l’autre. Surtout quand tu vis des choses aussi extrêmes, que ça va vite… Le prochain album n’aura pas la même couleur qu’Enfants Terribles non plus.

Vous êtes plutôt provocateurs dans vos chansons… Comment la provocation peut faire sens ?

Lujipeka : Je ne trouve pas qu’on provoque tant que ça. On a eu la période Vicomte où il y avait quelque chose de plus satirique, qui pouvait un peu troubler, mais quand tu prends notre œuvre dans son intégralité on n’est pas dans la provocation comme peut l’être le personnage de Lorenzo. Tout ce qu’on fait a quand même un message censé derrière.

Foda C : Aujourd’hui, la provocation ça ne fonctionne pas tant que ça en fait. On ne va pas être subversif pour être subversif, ça ne sert strictement à rien. Sur le premier album il y a des phases qui pour moi sont ultra-subversives, pourtant personne n’en a jamais reparlé. Ca veut bien dire que tout le monde s’en fout !

Lujipeka : A la limite, il y a le clip Vicomte… Mais je ne dirais pas qu’on est dans la case provocation, on fait la musique au feeling, comme on veut qu’elle le soit, et selon nos influences. Ce n’est pas quelque chose de prémédité : c’est vraiment le reflet de ce qu’on est et de comment on veut faire la musique.

Et qu’est-ce qu’elles sont, vos inspirations ?

Lujipeka : Nos petites vies et la musique qu’on consomme, beaucoup de rap mais aussi de tout les genres. On est très à l’affût de ce qui sort et on a toujours consommé beaucoup de musique, donc on a une bonne palette musicale. Il y a quelque chose d’assez brut, c’est nos vies.

Foda C : On est un monstre de tout ce qu’on a vécu, qu’on a vu, qu’on a écouté… On a du mal à citer un seul artiste comme une inspiration.

Lujipeka : Parfois, on pense être fortement influencés par un artiste, et quand on en parle au gens ils ne voient absolument pas le rapport. À force de remodeler avec nos propres outils, on finit par créer notre propre patte.

Il y a un troisième album dans les bacs ?

Foda C : Pour l’instant on n’a pas de vision encore précise du truc, mais bien sûr qu’on est dessus. Le travail de réflexion est quotidien. On fait du son un peu tout le temps en vrai, même si on a des périodes plus intenses que d’autres, où on est vraiment en phase de production. Et les autres périodes, on est comme dans un laboratoire, on fait cinq sons qui sont cools mais qu’on ne gardera pas, puis un seul son qui va être formateur du son de l’album.

Mais vous sentez qu’il sera différent du deuxième ?

Lujipeka : On n’a jamais refait deux fois le même son. On a notre style et notre façon de faire de la musique, mais si un son ressemble exactement à quelque chose qu’on a déjà fait, on ne le sortira pas. Je ne peux pas dire que ça sera l’extrême opposé d’Enfants Terribles, mais ce sera un nouveau projet. Notre but, c’est de faire de la musique assez intemporelle, qui apporte quelque chose, pas un album qui sera consommé hyper vite.

Notre média s’appelle BETC Pop. Vous diriez que votre rap a des inspirations pop ou pas ?

Foda C : De plus en plus, je pense. On n’écoute pas particulièrement de pop, mais en réalité on cherche à faire de la musique qu’on n’a jamais écouté. On écoute quasiment que du rap actuel, pourtant on ne cherche pas du tout à faire comme eux.

Lujipeka : Et puis, ça dépend de chaque morceau. Parfois, on peut partir dans des trips expérimentaux qui seront très loin de la pop, et parfois on tient quelque chose qui a vocation à toucher plus de monde. On ne se ferme jamais de porte, c’est pour ça que nos albums sont éclectiques.

Vous n’avez pas peur de tomber dans une recette ?

Foda C : C’est justement ce qu’il faut éviter au maximum.

Lujipeka : On le sentirait. Quand on arrive à faire la recette d’un artiste, c’est qu’il est toujours dans la même vibe ; or, tu ne peux pas faire de recette Columbine. Si tu le faisais, ça ne s’appliquerait qu’à un seul son, on ne peut pas pour l’instant nous tenir à une seule façon de faire.

Columbine sera à l’Olympia les 23 et 24 octobre 2018 – billetterie. D’ici là, leurs deux premiers albums sont disponibles sur toutes les plateformes.